The Walking Dead : Never alone again [Tome 2]

Chapitre 12 : Le vent tourne

« L'aiguille tourne. Le temps s'écoule. L'aiguille tourne. Le temps s'écoule. Le temps est bientôt écoulé. ».

Nathan n'arrête pas de dire ça. Sa voix est transformée ; comme si ce n'était pas la sienne. Je ne la reconnais pas.

Je retourne à mon trou en essayant de ne pas faire de bruit. Je me baisse devant. J'entends alors des pas lourds s'approcher. Je n'ai pas le temps de cacher le trou que Nathan est déjà là. Il a son couteau en main.

- Le temps est écoulé.

C'est le signal d'alarme. Je me précipite vers le lit et prends Erwan au moment où le bourreau court vers moi, l'arme blanche en l'air. Il hurle de rage quand je lui échappe. Je sors, le petit dans les bras. En pleurs. J'ai à peine le temps de faire un pas que Nathan est déjà derrière moi, le regard haineux.

- Je vais t'écrabouiller ta cervelle !

J'échappe de nouveau à son attaque, mais une deuxième vient. Une douleur telle que je n'ai jamais ressenti me fait hurler. Oui, hurler. Sur le coup, je ne fais pas attention. Du sang s'écoule de mon épaule droite. Je cours vers la salle de bain, ferme la porte et dépose Erwan dans la baignoire. Je ferme la porte à clé, sachant très bien que ça ne retiendra pas longtemps Nathan. Je m'empare de mon couteau et j'attends qu'il vienne. Il frappe, encore et encore en hurlant toutes les injures possibles.

- OUVRE CETTE PORTE !

Il est devenu complètement fou ! Je resserre ma poigne sur le manche de mon couteau. La porte s'ouvre et claque contre le mur. Nathan se rue sur moi, hurlant comme un démon. J'ai à peine le temps de le retenir que je suis à terre. Sa force est phénoménale ! Je le repousse autant que je peux alors que la lame de son couteau s'approche dangereusement de mon œil. Mon bras tremble par l'effort. Erwan hurle à la mort. Avec un ultime effort, je dévie la lame, mais elle me coupe la joue. Avec l'adrénaline, je sens à peine la douleur. Mais il reste sur moi, fulminant de rage. Je me libère une jambe et la lui balance dans ses bijoux de famille. Il hurle. Je me relève, prends mon couteau et me rue vers lui. Je réussis à le toucher au bras. Il me repousse et m'envoie valser dans des étagères qui s'effondrent sur moi. J'ai de plus en plus de mal à respirer et mon épaule me fait atrocement mal. Les cris d'Erwan me donnent pourtant encore la force de me battre. Je n'ai pas le temps de me relever. Nathan s'accroupit sur moi et entoure mon cou. Il essaye de m'étrangler. Je le repousse autant que je peux. Mes poumons me brûlent. Je fouille de ma main libre les décombres autour de moi. Mes doigts se referment sur un morceau de verre, qui me coupe la main. Je n'y fais pas attention. Je n'ai quasiment plus de souffle. Ma vue se brouille. Dans un ultime effort, je lui plante le morceau de verre dans le cou. Sa prise se relâche immédiatement. Je tousse, tente de reprendre mon souffle. Il recule, sa main posé sur son cou. Le sang coule à flot. Je hurle de rage et lui pante le verre dans la tête. Il s'effondre. Je continue, hurlant, pleurant.

- MEURS ! MEURS !

Quand je reprends enfin mes esprits, sa tête n'est plus qu'une bouillie de cervelle. Je prends conscience de ce que je viens de faire et me lève d'un bond. Je balance le morceau de verre et regarde mes mains, comme si je les voyais pour la première fois. Elles sont couvertes de sang. Des goûtes coulent sur le sol désormais rouge. Je lève la tête et remarque avec effroi que les murs sont couverts de giclures de sang.

Les cris d'Erwan me reconnectent à la réalité. Je m'essuie les mains sur mes vêtements déjà souillés. J'enjambe le corps qui ne ressemble plus à rien en m'empresse de prendre Erwan dans les bras.

- C'est fini... C'est fini...

Et c'est là que je me rends compte.

Ma voix. J'ai retrouvé ma voix.