Chapitre 14 : Un esprit tourmenté

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Je n'arrive plus à dormir. Dès que je ferme les yeux, mes tourments reviennent me hanter. Nathan revient me hanter. Et ce cauchemar qui ne cesse de se frayer un chemin dans mon subconscient. Ca fait maintenant un mois que je vagabonde avec Mathilde. Chaque nuit, je me réveille, trempée de sueur, tremblante de terreur, choquée par les visions d'horreur que me renvoie mon esprit. Au début, je hurlais, pleurant toutes les larmes de mon corps. Mathilde venait me voir en courant, n'arrêtant de me dire que ce n'était qu'un cauchemar, qu'il passerait tôt ou tard. Mais il est toujours là. Mathilde m'incite à lui parler, mais la seule personne à qui je voudrai me confier n'est pas là. Alors, je fais avec. Je préfère ne presque plus dormir que de faire face encore et encore à mes songes plus que morbides.

Ce cauchemar se répète inlassablement, comme si mon subconscient me punissait, me montrait que j'étais devenue un montre. Je revis encore et encore cette journée où j'ai dû tuer Nathan pour me protéger et sauver Erwan. Ma raison me dit que j'ai agi comme il fallait, mais une partie de moi me traite de monstre. Je ne cesse de culpabiliser. Je n'avais encore jamais tué personne et j'espérais ne devoir jamais franchir ce cap. Malheureusement, j'ai désormais du sang sur les mains et je me dégoûte pour ça. Nathan était malade psychologiquement, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais moi, je suis devenue une meurtrière.

Ce qui me rend encore plus mal, c'est que ce soit la mort de Nathan qui m'ait permis de retrouver ma voix. Je l'ai perdu après un choc et je la retrouve avec un nouveau traumatisme. Je pensais que je la retrouverais à la prison, avec toute ma famille. Mais je me suis voilée la face. Dans ce monde, il n'y a plus d'espoir, plus de rêve. Il n'y a que de la rancœur, de la culpabilité, du désespoir.

Mais je ne dois pas m'arrêter à ça sinon ce monde hostile qu'est devenu notre lieu de vie me tuera tôt ou tard. Il faut que je dépasse mes limites, comme je l'ai toujours fait avant de rencontrer Rick et Daryl dans ces bois. Je dois redevenir la survivante que j'étais avant. Je n'ai pas le choix.

Je vois bien que Mathilde s'inquiète pour moi. Je ne comprends pas pourquoi elle prend ça tant à cœur alors qu'on ne se connait que depuis un mois. Elle veut m'aider, mais je ne lui fais pas assez confiance pour m'ouvrir à elle. Jusque-là, elle ne m'a jamais fait de coup bas, mais je dois rester sur mes gardes, quoi qu'il arrive.



Il fait nuit. On s'est installé un petit camp dans la forêt, mais je peux facilement distinguer la route. Tout à l'heure, j'ai croisé un écureuil qui se pavanait sur un tronc d'arbre et je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que si Daryl était là, on l'aurait sans doute déjà engouffré. Mon alliée a réussi à pêcher des petits poissons dans une rivière en fin d'après-midi. Ça nous fera un faible repas, mais nous aurons au moins quelque chose dans l'estomac.

Je mange sans vraiment réfléchir à ce que je fais. J'ai le regard dans le vague.

- J'ai remarqué que tu jouais beaucoup avec ton collier.

Mathilde me sort de mes pensées. C'est vrai que sans m'en rendre compte, je jouais distraitement avec. C'est une habitude que j'ai prise. Le toucher me rassure en quelque sorte, me fait penser qu'une partie de Daryl est avec moi.

- C'est un castor ?

- Non, une marmotte.

- Ça représente quelque chose pour toi ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me demande ça. Je ne sais pas si je peux lui en parler. Une partie de moi me dit de ne rien dévoiler tandis qu'une autre n'arrête pas de me dire que je peux lui faire confiance. C'est vrai qu'en y réfléchissant, on s'entend bien elle et moi. Mais ce n'est pas suffisant. Je préfère rester vague dans ma réponse.

- C'est un surnom que m'a donné quelqu'un.

- Quelqu'un de proche je suppose.

Je la fixe et fronce les sourcils. J'ai l'impression d'être dans un interrogatoire et ça me déplaît fortement. Je replie mes jambes contre ma poitrine pour lui montrer que la discussion est close. Je ne lui ai jamais rien demandé sur sa vie privée, alors je ne vois pas pourquoi elle voudrait connaître la mienne.

- Désolée, je suis parfois trop curieuse.

Je hoche la tête pour toute réponse. Je soupire et regarde le ciel à travers les branches d'arbre. Les étoiles sont cachées par quelques nuages. La nuit va être fraîche.

- Je vais monter la garde.

- Non, tu devrais te reposer. Tu dors peu, me dit-elle.

- Non, je ne veux pas dormir. Profites-en.

Elleme regarde pendant quelques secondes puis finit par capituler. Elle me demandede la réveiller pour le second tour de garde, mais je ne le ferai pas. Je n'aipas envie de dormir. Je veux rester loin de mes songes le plus souventpossible.     

The Walking Dead : Never alone again [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant