Chapitre 16 : "Sanctuaire pour tous. Ceux qui arrivent survivent"

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Point de vue d'Ariane :

- Je peux te poser une question ?

Mathilde et moi marchons depuis plusieurs heures. Nous sommes toujours sur la même route entourée par des arbres à perte de vue.

- Si tu veux.

Je la regarde et j'attends sa question. J'ai un peu peur car elle est trop curieuse des fois. Je n'ai jamais vraiment aimé les gens comme ça, qui posaient des questions pour un rien, juste pour raconter de nouveaux ragots.

- Tu ne m'as pas beaucoup parlé de ton groupe. Comment tu as rencontré ces gens ?

Je soupire. Je savais qu'elle me demandera ça un jour ou l'autre et c'est normal. Je suis restée très évasive sur Rick et les autres. Et puis, quand Rick l'acceptera parmi nous, il faudra bien qu'elle les connaisse un minimum.

- Je les ai rencontrés il y a deux ans. Le leader Rick et son bras droit Daryl m'ont trouvé dans une forêt alors que j'étais seule. Ils m'ont proposé de les rejoindre et j'ai accepté. A ce moment-là, ils cherchaient Sophia, la fille d'une amie très proche. Elle s'appelle Carol. Mais quand on l'a retrouvé dans une ferme, elle était en état de rôdeur. Puis l'endroit a été envahi et on a dû fuir. Quand l'hiver est arrivé, j'ai été séparé d'eux et j'ai trouvé Erwan. Je suis arrivée dans une ville nommée Woodbury qui était dirigée par un type qui se faisait appelé le gouverneur. C'était un malade. Mes amis ont réussi à me retrouver et je les ai rejoints à la prison qu'ils avaient trouvée durant l'hiver.

- Vous êtes nombreux dans le groupe.

- Plutôt oui ! Rick est le leader, Daryl est son bras droit. Il y a Beth et sa sœur Maggie. Il y a Glenn, Carol, Michonne, Carl, Judith. Ils sont ma famille. Rick met un point d'honneur là-dessus.

- J'ai hâte de les rencontrer !

Nous continuons à marcher en silence. Je pense qu'ils apprécieront Mathilde. Je regarde les alentours et j'aperçois au loin quelque chose qui ressemble à des rails.

- T'as vu ça ?

Mathilde regarde dans la même direction que moi et hausse les sourcils. Je peux comprendre qu'elle ne comprenne pas où je veux en venir. Je cours vers celles-ci, regarde de tous les côtés. L'espoir qui me quittait peu à peu revient au grand galop. Une pancarte est accrochée à un poteau bancal. C'est la première fois que je la vois.

- C'est quoi ? Me demande Mathilde quand elle arrive à ma hauteur.

- « Sanctuaire pour tous. Ceux qui arrivent survivent ». Regarde le plan ! Tous les rails mènent à un même endroit ! Il faut y aller !

- Mais pourquoi ?

- Si les autres ont vu ce message, ils iront tous là-bas, j'en suis certaine. Tu dois me faire confiance sur ce coup Mathilde. C'est la seule piste qu'on a depuis plus d'un mois.

Je vois à son visage que la survivante n'est pas très enjouée par mon plan. Elle regarde le plan et suit les rails du doigt.

- Et s'ils ne sont pas là-bas ?

- Ils seront là-bas.

Je ne peux pas me tromper sur ce coup. Je sais au plus profond de moi qu'ils auront la même intuition.

- C'est loin, mais on y arrivera. Je le sais.

Je suis remontée à bloc ! C'est bien la première fois que je souris depuis des semaines. Sans attendre, je me remets en route, plus joyeuse que jamais. Je vais enfin revoir ma famille même s'il faudra que j'attende des jours interminables. Mais on est près du but, je le sens.

Evidemment, la question qui me turlupine aussi est l'existence réelle ou non de ce sanctuaire. Après tout, c'est peut-être un piège, mais je suis prête à courir le risque.


La nuit est tombée. Nous avons installé un feu près des rails. J'ai hâte de reprendre la route. J'espère que toute ma famille va bien ; qu'ils ont réussi à survivre à l'attaque de la prison et qu'ils réussissent à vivre dehors.

J'ai installé Erwan sur une vieille veste que j'avais dans mon sac. Il dort paisiblement et je profite de ce temps de repos. Je sors mon album photos de mon sac et observe la couverture en souriant. Herschel est sur la première photo et mon cœur se serre. J'aurai tant voulu l'aider... J'ouvre le livre et commence à le feuilleter, me remémorant chaque souvenir.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un album photo que m'ont offert mes amis à mon anniversaire. Il ne me quitte jamais. Toute ma famille est là-dedans.

- Je peux ?

- Si tu veux.

Mathilde s'approche de moi et regarde les photos avec moi. Je lui présente chaque personne. Nous rigolons devant certaines illustrations.

- Elle, c'est Maggie. C'est elle qui a pris toutes les photos. C'est une vraie pile électrique quand elle s'y met, je rigole.

- Et lui, c'est qui ?

Elle me montre une photo où mon chasseur tient Erwan dans ses bras. Mon cœur se serre... Il me manque tellement...

- C'est Daryl.

Je souris sans vraiment m'en rendre compte.

- Vous êtes proches tous les deux ?

Je lève la tête de l'album et fronce les sourcils.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Il suffit de te regarder pour le voir. Dès que t'as dit son nom, t'as souri. C'est lui qui t'a offert le collier ?

Voilà que son côté curieux refait surface. Je n'aurai peut-être pas dû lui montrer le livre. Mais maintenant, il est trop tard.

- Oui, à Noël.

Je tourne les pages, observe chaque image. Je tombe sur la photo des frères Dixon, lorsque l'aîné ébouriffe les cheveux de Daryl. Merle... Quand j'y pense, il me manque. Il me faisait rire avec ses commentaires déplacés, sa façon de mettre son petit frère mal à l'aise.

J'arrive finalement plus vite que ce que je pensais à la fin du livre. Je le ferme précipitamment pour éviter que Mathilde voit les mots de mes amis. Après tout, c'est privé.

- Ils ont l'air gentils, finit-elle par dire, comme si elle n'avait pas fait attention à mon geste.

Elle s'éloigne finalement de moi pour reprendre sa place initiale.

- Je monte la garde cette nuit. Et je ne te demande pas ton avis, ajoute-t-elle alors que j'allais répliquer. Tu dors quasiment pas. On dirait un zombie tellement t'es pâle. Alors tu dors.

Sa réplique est sans appel. Je capitule, comprenant très bien qu'elle ne changerait pas d'avis. Je m'allonge près d'Erwan et ferme les yeux. Mon estomac se noue.


Il me balance dans les étagères. Elles s'effondrent sur moi dans un fracas assourdissant. Erwan pleure de terreur. Il tente de m'étrangler, mais je lui plante un morceau de verre dans le cou. Il se relève, recule en perdant l'équilibre. Je prends mon couteau et le plante dans sa tête, encore et encore, sans jamais m'arrêter. Jusqu'au moment où ses traits du visage changent. Ce n'est plus Nathan qui gît au sol. Mais Daryl.


Je me réveille en sursaut, couverte de sueur. Ma respiration est saccadée et l'image finale de mon cauchemar ne quitte pas mon esprit. C'est toujours le même. Daryl finit toujours par mourir à cause de moi. Je passe ma main dans les cheveux.

Je sursaute quand Mathilde pose sa main sur mon épaule.

- Calmes-toi. C'est toujours le même cauchemar ?

Je hoche la tête et déglutis. Ma respiration a retrouvé un rythme normal, mais mes yeux s'humidifient de plus en plus. L'image de la tête de Daryl écrabouillée me hante.

- Tu ne veux pas m'en parler ?

- Non. C'est rien, ne t'inquiètes pas.

Je me recouche, mais ne retrouve pas le sommeil de toute la nuit. 

The Walking Dead : Never alone again [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant