Chapitre 15 : Carnage

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Point de vue de Daryl :

Une flaque de sang est à mes pieds. Son sang. Il n'est pas encore sec. Mes yeux ne quittent mes mains. Pleines de sang. De son sang. Qu'est-ce qui n'a pas marché ? Pourquoi c'est arrivé ? Je repense à ce qui s'est passé encore et encore. Mais je ne comprends pas. J'y comprends que dalle. Et pendant que je pense, elle, elle est là, à côté de moi.

On avait pourtant réussi à prendre de l'avance. On avait réussi à les semer. Enfin une partie. Une bonne partie. Je n'ai pas fait gaffe à un truc, mais à quoi ? Je n'en sais rien et ça me rend encore plus dingue. Si j'avais fait gaffe, j'entendrai encore sa voix, son rire. Je verrai son sourire éclairer son visage. Je l'entendrais me donner des leçons pour me dire qu'il reste des gens bien. Non, il n'y en a plus. C'est fini ce temps. Les gens bien, ils sont tous morts. Il n'y a que les tordus qui survivent. Il faut toujours qui gâchent la vie, même quand c'est la merde partout.

Je tourne la tête et la regarde pour la première fois depuis des heures. Je n'ai pas trouvé le courage de la bouger. Je n'arrive pas à me dire qu'elle est morte.

Putain Beth, comment ça a pu arriver ? J'ai une boule dans la gorge en la voyant étendu là, une auréole de sang autour de sa tête. Il a fallu d'une seconde pour tout faire basculer. Je n'ai pas réussi à la protéger alors que je le devais pour son père. Pour la mémoire d'Herschel. Mais j'ai échoué ; comme j'ai échoué à protéger les gens de la prison. Comme j'ai échoué à protéger Ariane et Erwan.

Mes yeux s'humidifient. Je les essuie d'un geste brusque. Il faut que j'enterre Beth. Elle n'aura même pas droit à une sépulture décente. Elle sera juste là, sous terre, au milieu des bois. Comme quelque chose qu'on aurait oublié.

Je me lève et fouille dans la cette foutue cabane dans un boucan sans nom. Mais j'm'en fous. Je trouve une pelle. Je sors dehors et commence à creuser. Encore une fois. La ferme n'avait pas suffi. La prison non plus. Faut que ça recommence. Encore et toujours. Merle, Sophia, Dale et tous les autres. J'en ai marre de perdre des gens autour de moi.

Quand j'ai enfin terminé de creuser, je balance la pelle à côté et pars chercher Beth. Je lui caresse la joue. Sa peau est glacée. Je l'embrasse sur le front puis la prends délicatement. Je la dépose dans ce foutu trou, la regarde une dernière fois et commence à reboucher. Quand j'ai fini, je vais chercher des petites fleurs et je les dépose sur le tas de terre. Je m'assois en tailleur devant la tombe et la regarde. Comme si j'attendais que Beth jaillisse comme par miracle. Sauf que les miracles, ça n'existe pas. Ils n'ont jamais existé, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.

Je repense à notre conversion d'il y a deux jours. Elle m'a dit qu'elle aurait aimé changer. C'est ce qu'elle a fait. Peu à peu, elle est devenue une survivante. Elle m'a dit que je serai le dernier survivant. Elle m'a dit avec son petit rire bien à elle qu'elle me manquerait quand elle ne serait plus là. Je l'ai directement envoyé bouler. Je ne voulais que ce moment arrive ; je ne voulais pas la perdre. Après tout, je la considérais comme une petite sœur. Son rire était une sorte de rayon de soleil dans cette merde infernale.

Je me lève et me racle la gorge pour tenter de faire partir cette boule que j'ai dans la gorge depuis des heures. Je vais retrouver les enfoirés qui ont fait ça et je vais les buter. Un par un.

Je regarde une dernière fois la tombe puis m'éloigne sans me retourner. 

Pardonne-moi Beth.



Je suis sur une piste depuis bientôt deux heures. Une piste sérieuse. Je vais enfin les trouver. J'entends alors des éclats de voix sur ma gauche. Les types sont éloignés. Je vais pouvoir les prendre pas surprise. Parfait. 

J'avance encore un peu et me cache derrière un arbre, arbalète en main. Je ferme les yeux et j'écoute. Je jette rapidement un coup d'œil. J'en vois un entrain de pisser je crois. En silence, je le vise et tire. Ma flèche se plante en pleine tête. Le type s'effondre comme une grosse merde. Je récupère mon carreau et ses armes et je continue à suivre la piste.

Je rattrape les deux types que j'ai entendus. Je vise. Celui de droite s'effondre. Je m'empresse de prendre mon couteau et avant que l'autre réalise ce qu'il se passe, je le plante. Je reprends ma flèche, enjambe les corps et continue. Mon instinct de chasseur est de retour. Je l'ai laissé dormir pendant trop longtemps.

Je trouve enfin leur planque. C'est une petite maison plein pied paumée pas loin d'une route. Je regarde le périmètre. J'aperçois un type monter la garde. Je me cache dans un buisson, le vise et tire. Il s'effondre. Puis j'attends. Je ne sais pas combien ils sont là-dedans, alors je ne vais pas foncer tête baissée. Je reste à genoux et j'observe entre les branches.

J'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée quand plusieurs gars sortent de la maison. Ils sont trois. Ils se dirigent vers le cadavre. J'entends alors des cris de terreur. L'un des trois se fait bouffer par le mort. Heureusement que j'ai pas visé la tête de cet enfoiré. Je vise et tue l'un des deux qui reste. Je charge mon arme en quatrième vitesse et tue le troisième avant qu'il sonne l'alarme. Et j'attends. Soit les types là-dedans sont sourds, soit ils dorment profondément.

Peut-être dix minutes s'écoulent quand tous les types que j'ai tué se relèvent. Comme prévu, ils entrent dans la prison. Je sors de ma cachette en restant prudent et me cache derrière une de leur bagnole. Et c'est là que je les entends hurler à leur tour. Des coups de feu résonnent. Je sors et cours dans la maison, profitant du désordre. Je fais attention à ne pas buter les rôdeurs. Un type se bagarre contre l'un d'eux, mais je le bute avant qu'il puisse appeler à l'aide.

Je sors, mais me cache derrière un mur quand des types tirent. Je prends mon revolver, attends que les rafales se calment et tire dans le tas. L'un des types s'effondre. Il n'en reste que deux. Je me cache de nouveau et j'attends. Je ne dois pas gaspiller mes balles. Un rôdeur se rue soudain sur moi. Je perds l'équilibre et le macchabée tombe sur moi. Je mets mon bras contre sa gorge pour ne pas me faire mordre et attrape mon couteau. Je le plante. Je me relève, m'empare d'une barre de fer, lui plante dans le corps et me cache derrière. J'avance vers les types qui tirent toujours comme des cons. Arrivé devant eux, je tue le premier d'une balle dans la tête. Je vise le second et lâche le rôdeur, mais le type lâche son arme et lève les mains en l'air.

- Pitié ! J'ai rien fais !

Je le fouille et lui prends son couteau. J'éloigne son revolver d'un coup de pied.

- A genoux.

- Par pitié !

Putain, il pleure comme un gosse. Il croit vraiment que je vais l'épargner ? Ils ont buté Beth sans aucune hésitation. Alors je n'aurai aucun remord. Voyant qu'il n'obéit pas, je le force à s'agenouiller et je lui plaque mon arme contre sa tempe.

- Je n'ai rien fais, balbutie-t-il.

- Ah ouais ? Et tuer une gamine t'appelles ça comment hein ? Je crie.

- C'n'est pas moi qui l'ai tué, c'est Bryan ! C'est lui !

Il me montre le brun que je viens de tuer.

- Je jure que j'y suis pour rien. Je n'étais même pas avec eux quand ils étaient sortis. Je le jure !

Il pleurniche encore plus. Ca me fait carrément péter les plombs ! Il me supplie encore une fois en se balançant comme un gamin. Je tire. Il s'effondre. Je me retourne. Tous les hommes qui se planquaient ici sont morts. Je ne pouvais pas les laisser vivre. Ils ont abattu Beth de sang-froid, alors je n'ai aucun remord. Qu'ils aillent tous se faire foutre.

Ces gens-là ne méritent pas le pardon. Ils méritent juste de crever sans aucun état d'âme. Beth est morte parce que je n'ai pas réussi à la protéger, mais je l'ai au moins vengée. C'est un maigre réconfort. Mais c'est déjà ça. 

The Walking Dead : Never alone again [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant