Chapitre 5

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Louis:

Mardi 4 Septembre 2018:

Je cours à travers les rues de la ville sans vraiment savoir où je vais. J'ai juste besoin que ma douleur à la poitrine soit dû à autre chose. Et pour le moment cela fonctionne presque. Je n'ai jamais été sportif alors courir depuis une heure, me coupe le souffle. J'ai un point de côté que j'ignore et la gorge en feu. J'ai besoin de ressentir quelque chose. Une autre douleur.

Je n'arrivais pas à dormir, comme toutes les nuits. Alors j'ai enfilé un survêtement et un pull et je suis sorti. Je n'ai pas de destination particulière. Je veux juste m'évader. Le trou béant à la place de mon coeur, reprend vie sous l'effort.

C'est complètement inconscient de courir à une heure du matin dans Londres mais je n'ai rien trouvé d'autre. Alors je déambule dans la capital. Les gens que je croisent ne sont absolument pas fréquentable.

J'imagine Hugo me fait la moral. Me dire que c'est complètement stupide de partir seul à une heure aussi avancée de la nuit. Je le visualise m'engueuler, un doigts accusateur pointé dans ma direction. Ses yeux marrons m'accuser de mon insouciance. Son visage déformé par l'inquiétude.

Ses pensées déclenchent des larmes et je rebrousse chemin. Qu'est-ce qu'il pense de moi là ? Que je suis égoïste parce que je me mets en danger ? Que ce n'est pas ce que nous avions prévu tous les deux ? Mais aujourd'hui, toutes ces promesses étaient plus facile à dire qu'à faire.

Parfois une colère immense s'empare de moi. Il n'avait pas le droit de m'abandonner. Lui, mon grand-frère, celui qui m'a assuré qu'il serait toujours là pour moi, pour me protéger. Il a menti. Parfois je lui en veux de ne pas s'être battu. Pour lui, pour moi, pour sa vie tout simplement.

Et après ça, c'est une tristesse sans nom qui me submerge. Ce n'est pas de sa faute, c'est à ce foutu cancer que j'en veux. Il m'a pris mon frère. Il n'avait pas le droit. Il est apparu comme ça, du jour au lendemain. Chamboulant nos vie à jamais. Nous n'avons rien vu venir.

Quand Hugo a été diagnostiqué, le cancer était tellement avancé que les médecins ne pouvaient rien faire. Je leur en veux à eux aussi. Ils m'ont pas cherché à sauver Hugo. Ils l'ont tout simplement laissé mourir. Ils ont juste essayé la chimiothérapie mais comme elle ne faisait rien, ils ont arrêté. Ça affaiblissait Hugo plus que ça ne l'aidait.

Huit mois, c'est ce que nous avons eu pour nous préparer. Il a fallu 34 semaines pour que la maladie me prenne mon frère. C'est si peu. Injuste. Putain de vie de merde !

J'ai envie de hurler toute ma peine et ma haine mais je ne peux pas. Je sais que si je les laisse sortir, j'en deviendrais fou. J'accélère ma course, si je m'arrête, je frapperais  dans tout ce que je trouve.

La psy qui s'est occupé d'Hugo, est venue me voir un jour. Elle m'a parlé des étapes du deuil. Clairement à cette époque j'étais dans le déni. Toujours d'après elle, je navigue entre la colère et la dépression.

Normal que je sois en colère bordel ! Mon frère est mort, d'une putain de maladie de merde ! Alors oui je suis en colère contre la Terre entière. Contre mes parents qui n'ont pas vu que leur fils était malade. Contre les médecins qui n'ont rien pu faire. Contre Hugo qui s'est laissé partir. Et contre moi pour avoir été aussi impuissant.

L'autre face, la dépression. Oui je déprime, oui je suis malheureux. Oui je pleure tous les jours. Oui je n'arrive pas à avancer. Je ne suis plus rien.

Sans m'en rendre compte, mes pas m'ont conduit jusqu'au cimetière. Devant la tombe de Hugo. Je reste figé devant cette pierre en marbre. Je m'écroule par terre sur les genoux. J'agrippe l'herbe entre mes doigts et explose en sanglots. Je pleures et cris en même temps.

Je serai là   {BxB}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant