Partie 5

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Je ne sais pas si ce terme est courant mais, dans mon pays on utilise le mot "arrosage" pour désigner "une fête". Lorsqu'une personne réussis et obtiens son diplôme, eh bien on arrose cette réussite là. 

A cette période de l'année (à la sortie des résultats aux examens), les boîtes de nuit organisent des fêtes. Tout le monde y va, sauf moi. J'étais toujours clouée chez moi à la maison mais cette année-là, les choses allaient un peu changer. Maman voyait ma fête en grand. Avec un DJ et tout le tralala. Nous avons mis du temps à convaincre mon père car lui il voulait plutôt un petit truc en famille. Les mois sont passés et mon arrosage était prévu pour le mois d'août car la rentrée approchait. Ma mère avait invité beaucoup de personnes dont les oncles et les tantines. Moi, je n'avait invité aucun des mes amis du coup le jour de la fête, je me retrouvais en quelques sortes toute seule. Il y avait au moins mes cousins. J'ai une famille très nombreuses, tellement d'oncles et de tantes que je ne connais pas, des cousins dont je ne connais même pas l'existence. Ah vraiment ! Ma fête m'a donc permis de faire la connaissance de quelques uns d'entre eux. J'avais une tante que j'adorais comme pas possible. Tante Katia, toute belle et gentil. A ma fête, elle m'avait prise de côté pour me féliciter et profiter me demander des nouvelles de mon copain. Je n'en avais aucun, elle ne m'a pas cru. C'est super de discuter avec elle, c'est la meilleure. 

Il y avait de l'ambiance, la nourriture, la boisson et tout. Les gens m'avaient même donné des cadeaux et de l'argent. J'allais faire les comptes plus tard. Puis, vint le moment de danser. Il fallait "salir les carreaux". Ma mère et tante Marthe avaient ouvert le bal. Déhanchement, glissement, amusement. Après, mes sœurs et moi, Catherine (une fille qui travaillait à la maison qu'on adorait tellement elle était drôle), nous nous sommes joints à elles. Et j'étais là, en train de danser tout en faisant connaissance avec mes cousins. Ah c'était le show, comme on le dit. 

Quand tu t'amuse vraiment, tu ne sens même pas le temps passer. Il était déjà minuit, il commençait à y avoir moins de monde. Les gens rentraient chez eux et comme pour mon père il se faisait tard, il demanda d'arrêter la musique pour éviter de déranger les voisins. La fête était déjà finie, c'était bientôt l'heure d'aller dormir. 

Le lendemain, il y avait beaucoup à faire. Ranger, le bazar qu'on avait fait hier. Nous avions vraiment sali les carreaux. J'aidais à tout ranger, Catherine était toujours là (elle avait dormi à la maison). Mes sœurs et moi on l'adorait. Elle était trop cool et elle adorait regarder des films avec nous. C'était trop bien, on ne s'ennuyait jamais avec elle dans les parages. Cette année fut belle parce que j'avais obtenu mon premier diplôme. Le Certificat d'Etudes Primaire n'était pas un diplôme en soit. A ce moment, une personne avec le BEPC pouvait être embauchée comme gardien mais rien d'autre. La base c'est le baccalauréat.

Je me suis toujours demandée comment ma vie aurait été si j'avais eu un grand frère. Honnêtement, j'aurai trop aimé en avoir un. Je lui aurait certainement rendu la vie impossible, le déranger à longueur de journée, et peut-être que mes parents auraient été plus relax à l'idée de nous laisser sortir plus souvent. Nous étions autorisées à sortir mais il fallait demander à l'avance et c'était plus pour les fêtes d'anniversaire et les kermesses. C'était aussi difficile pour mes sœurs et moi de sortir car il n'y avait personne pour nous déposer. Il fallait toujours que soit papa ou maman nous y emmène. Aussi, nous avions des "couvre-feu". On s'entendait d'abord avec mon père avant d'y aller. 

La plupart des jeunes brevetés ont comme récompense une moto offerte par leur parents. Moi, je ne sais pas pourquoi mais, je m'attendais aussi à en avoir une. Je faisais tout le temps des remarque sur les publicités de motos qui passaient à la télé. Du genre : "Papa, tu vois cette moto ? Elle est belle n'est-ce pas ? J'aimerai trop l'avoir". Lui aussi me faisait croire qu'il y avait des probabilités qu'il m'en achète une en me répondant toujours "humm j'ai compris" mais en fait non. Il me voyait entrer de plus en plus dans mon délire donc un jour, il m'a fait comprendre que les motos étaient dangereuse car plusieurs personnes perdaient la vie à travers les accidents de la circulation. Il faut quand même admettre que la circulation au Burkina c'est la catastrophe. Les gens ne respectent rien du tout. Sur le coup, quand mon père m'a dit cela, j'ai tout de suite compris qu'en fait il ne comptait pas m'acheter une moto, je l'ai donc très mal pris. Tout ce que je voulais moi c'était une moto.

L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant