Et comme Fatimata était partie, c'était à Claudia (ma sœur qui est en réalité ma cousine) de nous faire à manger. Je vous assure que c'était la catastrophe, surtout que depuis toute petite, mes sœurs et moi nous avons toujours été compliquées du côté "nourriture". On aimait le riz cuit mais sec, les omelettes rondes et fines, imaginez un peu. C'était la fin des vacances et la rentrée approchait à grand pas. Je devais aller en classe de CM2, j'étais toujours avec Kadidia. Là, nous étions en classe d'examen, prêtes à obtenir notre tout premier diplôme si on peut appeler ça comme ça. A ce stade-là, moi je détestais les problèmes, oh lala je détestais ça. Souvent, l'après-midi à 17h quand la cloche sonnait pour annoncer la fin des cours, notre maître Mr Kombari sortait des problèmes à résoudre et moi je n'y connaissais rien, ça n'était pas ma tasse de thé. Papa quand il venait me chercher et qu'il voyait qu'on avait un devoir, il entrait dans la classe car oui les parents y étaient autorisés, puis il venait à côté de moi pour voir ce que j'écrivais. Mon cœur battait tellement fort, j'avais la pression et je galérais vraiment, ça ne m'aidait pas du tout qu'il soit aussi près et attentif.
Le temps est passé vite, des mois de dur labeur s'étaient écoulés et nous étions dans l'attente des résultats de l'examen. Dans mon pays ils appellent ça le CEP (Certificat d'Etudes Primaires). Nous étions tous stressés, quoi de plus normal. Un jour, mon père a reçu un coup de fil du proviseur de mon école, ce dernier lui demanda de me féliciter car je venais d'obtenir mon diplôme. Hehe la joie dans mon cœur, mes vacances étaient garanties, à moi la classe de sixième. Sur le coup, bien sûr que j'étais heureuse mais vous savez, lorsque vous voulez vraiment quelque chose de tout votre cœur, lorsque vous travaillez pour l'obtenir et que vous finissez par l'obtenir, à un moment cette chose a un peu moins de valeur à vos yeux, en fait ce que je veux dire c'est que cette chose ne vous rend plus autant joyeux, mais après ça dépend des cas et des personnes aussi. Vous imaginez bien qu'une personne ayant eu du mal à se débrouiller financièrement dans le passé et finit par réussir dans sa vie, bien sûr qu'il sera toujours fier de son parcours, n'est-ce pas ? Bref, pour la première fois, une classe de CM2 avait fait 100% à l'examen du CEP. Nous étions prêts pour la sixième.
Dans cette classe de sixième, il y a eu des hauts et des bas. Des hauts dans le sens où j'avais de bons résultats, j'écrivais des livres pour enfants avec quelques petits dessins à l'appuie et j'étais la meilleure élève en français, il faut dire que j'avais un très bon professeur Mr Togo. Et, des bas dans le sens où, il y avait des gens que je n'aimais pas qui s'amusaient à me tirer vers le bas. J'étais amoureuse d'un garçon avec qui j'ai fais la classe de CM2 mais cette année-là il traînais avec une autre fille qui prenait du plaisir à vouloir me faire du mal. J'ai très vite ouvert les yeux et décidé de me concentrer uniquement sur mes cahiers. C'est à cela que se résume ma classe de sixième. Là encore j'étais avec Kadidia. Pendant les vacances, j'ai eu un accident à la maison. Je ne sais pas du tout d'où m'est venue l'idée mais j'ai toujours voulu apprendre à faire du vélo. Il n'y avait personne pour m'apprendre, du coup, j'ai décidé d'apprendre toute seule. Je suis quelqu'un qui essaie toujours de faire les choses par moi-même car je ne veux dépendre de personne. Alors, étant motivée, je suis allée dans notre magasin qui se trouvait juste derrière la maison. On appelait "magasin" l'endroit dans lequel on gardait toutes nos vieilles affaires pour éviter d'encombrer la maison donc c'était un peu notre grenier. J'y suis donc allée, et j'y ai trouvé les deux vélos de course de mon père. Ils étaient toujours en bon état mais papa ne les avait plus utilisé depuis des lustres. J'en ai donc pris un et je suis allée sur la terrasse pour commencer l'apprentissage. A ce moment, la maison était toujours en construction donc il n'y avait pas de carreaux sur la terrasse, c'était juste du béton. J'étais donc là, à essayer encore et encore jusqu'au soir. Tout autour de la terrasse, il y avait des arbustes avec des épines. A chaque fois, je me dirigeais tout droit vers ces arbustes là et je me blessais (quelques égratignures au niveau du genoux). Donc, pour cacher ça, j'attachais un long pagne pour éviter que mon père les remarque. Les jours passaient, je ne cessais pas de me cogner l'entre jambe à la barre du vélo comme il s'agissait d'un vélo de course.
J'avais tout le temps mal mais je n'arrêtais pas pour autant, puis, en persévérant, j'ai fini par avoir le truc. J'arrivais à pédaler sans soucis et à garder l'équilibre. Un soir, mon oncle Seydou est venu pour voir mon père mais il n'était pas encore rentré du travail, ni lui ni ma mère. Il est donc resté avec mes sœurs et moi pour l'attendre. Claudia était sortie aussi. Du coup, pour faire passer le temps, j'ai voulu lui montrer ce que savait faire avec le vélo. Je suis vite allée chercher le vélo et je lui ai montré comment je faisais. Il était content, il m'a applaudit. Et comme je suis têtue, j'ai voulu lui montrer que je pouvais faire encore mieux, alors, j'ai pris mas sœur Rashidah au dos et je suis montée sur le vélo. Là, je n'ai même pas eu le temps d'avancer un peu et voilà ma sœur et moi nous étions à terre. C'était comme si j'avais été inconscience pendant un moment et quand j'ai ouvert les yeux, j'ai vu que j'étais sur ma sœur. Quand j'ai voulu vérifier si tout allait bien, je me suis rendue compte que ma sœur elle n'avait rien mais moi par contre, je ne pouvait plus lever le bras, mon bras droit. C'était horrible. Mon bras était cassé. Ce soir-là j'ai crié tellement fort, tout le quartier pouvait m'entendre. Je m'en voulais tellement d'avoir été aussi bête. Rapidement, mon oncle a appelé mes parents. Ma mère était déjà en chemin et, quand elle est arrivée elle s'est occupée de moi, elle essayait de m'aider à garder mon bras dans une position fixe, sans bouger. Je n'arrêtais pas de pleurer. Aujourd'hui, ça me fait bizarre de raconter ça car j'ai l'impression que c'est arrivé hier. Quelques instants après, mon père est arrivé. Il était aussi triste de me voir dans cet état. On m'a aidé à entrer dans le véhicule de papa et j'étais là en train de l'attendre pour aller me soigner. En réalité, il a pris du temps pour se calmer afin d'éviter que je le vois avec des larmes aux yeux. J'avais tellement mal, c'était horrible.
Je me souviens que cette nuit-là, il pleuvait fort et je n'arrivais pas à dormir. Maman venait tout le temps pour voir comment j'allais. Je ne pouvais plus rien faire toute seule, ma mère me lavait et me nourrissait. Le lendemain, les voisins sont venus se renseigner car ils m'avaient entendu crier la veille. A partir de ce moment, j'ai pris une dispense. Je ne voulais plus faire le sport car j'avais trop peur de me faire mal à nouveau. J'ai pris du temps pour guérir et à la rentrée j'étais au top, en pleine forme.
Je suis allée en classe de cinquième (Rien à signaler), quatrième (Rien à signaler), troisième (Beaucoup à dire). Dans cette classe de troisième, j'en ai vu de toutes les couleurs. Je peux même dire que c'était la classe que j'ai le plus détesté. Les élèves de ma classe ont tout fait pour me rendre la vie dure. Vous savez, quand on est enfant, on est la plupart du temps dur entre nous, on se fait la guerre, on est méchant et ça nous donne satisfaction. Bien sûr, ce n'est pas toujours comme ça. Aussi, les parents ne savent jamais quand on passe à travers tout cela car nous n'en parlons jamais soit parce qu'on en éprouve pas le besoin dans le sens où ça ne nous affecte en aucun cas ou soit parce qu'on ne veut simplement pas en parler.
Pour ma part, je suis passée par là sans que ma famille ne le sache mais je penses que c'est parce que je n'avais juste pas envie d'en parler mais ça m'affectait un peu quand même. Donc, en classe de troisième, j'ai voulu postuler pour être déléguée de ma classe c'est-à-dire "chef de classe". Et comme les gens ils avaient l'examen en tête, ils ne voulaient pas vraiment s'engager alors j'ai voulu tenter ma chance. C'était l'année du BEPC (Brevet d'Etudes du Premier Cycle). Un garçon, Isaac, a été élu chef de classe et j'étais son adjointe. Mais, très vite les choses ont mal tourné. En tant que chef de classe, il était chargé de maintenir l'ordre et le calme dans la classe lorsqu'un professeur était absent, apporter le matériel de travail c'est-à-dire la craie, le cahier d'absence, règles et équerres etc...
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L'Histoire d'une Burkinabé
AventuraCette histoire parle de ce par quoi je suis passée depuis mon plus jeune âge jusqu'à présent. Être l'aînée n'a pas toujours été facile et dans la vie il y a toujours des surprises. Je parle de mes études, de ma relation avec ma famille et de bien d'...