Partie 49

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En prenant les escalators j'ai trébuché. Je passais d'une marche à une autre avec ma valise tout en criant fort. A un moment je me suis ressaisis et je suis restée sur une marche pour enfin atteindre le haut. Agathe me regardait la bouche ouverte. Je voyais bien qu'elle voulait rire mais elle n'osait pas car elle ne savait pas si j'étais blessée ou pas. Il y avait aussi beaucoup de monde je suis sûre que certains se sont moqués. Moi j'étais bouleversée par les évènements.

Avant de sortir du bâtiment dans lequel nous étions, Agathe me demanda si je voulais prendre une carte Navigo que je payerai par mois en attendant d'avoir tous les documents nécessaires et un logement fixe pour déposer un dossier en ligne afin d'obtenir la carte Navigo pour étudiants. Après tout, c'était mieux de prendre une carte plutôt que d'acheter plusieurs tickets par jour. J'ai donc répondu oui. Nous nous sommes alors dirigées vers l'agent de la SNCF (Société Nationale des Chemins de fer Français) pour obtenir la carte Navigo. J'ai payé en liquide car je ne savais pas si ma carte allait passer.

Ensuite, nous nous sommes dirigées vers une machine pour charger la carte Navigo. Là, Agathe me proposa de payer avec ma carte bancaire vu qu'il n'y avait apparemment aucune autre option sur cette machine. En plus, c'était l'occasion de voir si elle marchait. Et Dieu merci, ça a marché. On pouvait à présent aller chez Mme Aulen.

Après être sorties du bâtiment, nous avons marché quelques minutes avant d'arriver à la bonne adresse. Agathe elle-même ne connaissait pas l'endroit, elle utilisait son téléphone pour s'orienter. D'ailleurs, lorsque nous étions dans le train, elle me parla de l'application qu'elle utilisait. Elle me donna le nom afin que je puisses à mon tour la télécharger car elle était vraiment efficace : RATP, c'était son nom.

Nous étions en face d'un immeuble de 5 étages si je me souviens bien et, il y avait 2 portes. Mme Baron m'avait envoyé par sms le code pour ouvrir la porte d'entrée c'est-à-dire la première. Par contre, pour ouvrir la deuxième porte, il fallait appeler Mme Aulen en appuyant sur le bouton qui était juste à côté de son nom. Pour moi tout ça c'était vraiment nouveau. On pouvait communiquer avec elle à travers cet appareil. Elle pouvait même nous ouvrir la porte tout en étant dans son appartement. 

Lorsqu'elle nous ouvrit la porte, elle précisa qu'il fallait aller au 4eme. Sans tarder, Agathe et moi on prit l'ascenseur. J'avais l'impression que presque partout, ils avaient des ascenseurs parce qu'il y avait pas mal d'immeubles dans la ville. Je savais que j'allais devoir m'y habituer. Moi, la seule fois que je suis entrée dans un ascenseur c'était la fois où je suis allée à l'ONEA à Ouaga (Pissy). Je me souviens que j'avais des fourmis dans les jambes et j'étais très jeune donc je ne savais pas comment ces trucs là fonctionnaient.

Nous sommes arrivées au 4eme, et là Mme Aulen nous attendait devant sa porte. Une dame âgée aux cheveux blonds et bouclés. Elle portait des lunettes et avait le sourire aux lèvres en nous voyant. Elle nous fit la bise puis nous invita à entrer et à s'installer. Elle avait dressé sa table à manger juste pour nous. Elle nous demanda si on voulait prendre quelque chose de chaud vu que dehors, il faisait légèrement froid. Agathe répondit qu'elle aimerait bien un café et moi j'ai demandé à avoir un chocolat chaud. Elle alla dans sa cuisine pour préparer tout ça.

Elle sortit avec un plateau contenant nos boissons chaudes et des cookies qu'elle avait fait. Nous étions assis à table en train de discuter. Elle voulait apprendre à me connaître et savoir si je n'était pas trop triste de m'être séparé de ma famille pour venir vivre toute seule en France. Ce fut un moment très agréable, je n'y croyais toujours pas. J'avais mis mes pieds dans un pays autre que le Burkina. J'avais trop l'impression d'être dans un rêve. 

Elle alla chercher les clés du studio dans lequel j'allais vivre ou devrais-je dire "séjourner". C'était la porte d'à côté. Nous sommes sorties de son appartement et elle nous fit visiter. Pour moi, un studio c'était un peu comme un "entrer-coucher" mais en fait non, c'était grand. Je n'arrivais pas à croire que j'allais passer environ un mois dans cet endroit. 

Il y avait une cuisine, une salle de bain, une penderie, et un mini salon qui servait aussi de chambre. Il y'avait absolument TOUT. Un grand réfrigérateur, un grille-pain, un four, un micro-onde, une machine à laver, de la vaisselle, une télé écran plat, un séchoir et un lisseur à cheveux. Elle avait même pris le soin d'acheter des provisions pour moi. Je me voyais très bien vivre dans cet endroit.

Elle nous a fait faire le tour très rapidement, elle nous a aussi montré où le local à poubelles se trouvait et comment ça fonctionnait vu qu'il fallait séparer les papiers et cartons des bouteilles plastiques, il fallait trier en fait. Ensuite, avant qu'elle s'en ailles, j'ai voulu lui donner l'argent pour la semaine mais elle m'a répondu qu'il fallait attendre en fin de semaine. Du coup, je devais lui remettre l'argent seulement à la fin de chaque semaine. 

Il ne restait plus qu'Agathe et moi. Elle me demanda mon ordinateur pour faire des recherches de logements. Moi j'en profitais pour défaire mes valises et ranger un peu. Je savais bien que la journée allait être longue. Il fallait qu'on ailles chez PSB, qu'on m'achète une carte SIM, qu'on crée mon compte bancaire etc. Mais avant, Agathe me proposa d'aller manger. 

Nous sommes descendues et nous nous sommes mis à marcher un peu, à la recherche d'un coin pour manger. Quand on partait chez Mme Aulen, j'avais aperçu un McDonald et c'est là que je voulais manger. On alla alors chez McDonald, il y avait des machines à partir desquelles on pouvait passer nos commandes. Seulement, il n'y avait pas d'option "payer en espèces" donc Agathe proposa de payer avec sa carte et elle m'a dit qu'elle m'offrait mon premier repas en France. C'était vraiment gentil de sa part.

On monta à l'étage pour se trouver des places en attendant que nos commandes arrivent. J'ai toujours vu les pubs de McDonald à la télé et j'avais toujours l'eau à la bouche en voyant leurs burgers mais là, je m'apprêtais à y manger pour de vrai, pour la toute première fois. 

L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant