Partie 15

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Hop ! Mes sœurs et moi dans la voiture, prêtes à décoller. C'était en effet, une Toyota Prado avec une boîte automatique donc plus facile à manier. Mon père nous suivait avec sa voiture pour avoir un aperçu de mes compétences en conduite. Arrivés devant l'école, le gardien nous ouvrit le portail afin que nous puissions nous garer. Papa lui, était descendu de son véhicule pour expliquer au gardien que voilà ma mère avait voyagé du coup c'est moi qui emmènerait mes sœurs en cours, et aussi il voulait qu'il nous indique l'endroit auquel je pourrai me garer vu que l'espace était réservé aux professeurs qui avaient un véhicule. 

Après ça, il nous dit aurevoir et surtout de rester prudente en route. Ah, ce jour-là je m'en souviendrai toute ma vie. Je me sentais enfin grande car pour moi c'était une assez lourde responsabilité en temps que lycéenne. Les gens ils étaient stupéfaits, en train de me regarder comme s'ils avaient vu un fantôme. Je me dis que peut-être ils étaient surpris de voir une "petite fille" conduire une si grosse voiture. Peut-être qu'ils se disaient qu'elle était dure à conduire. Je n'en sais rien. 

J'étais trop, trop mais trop contente. Je n'avais plus à attendre pendant des heures, sous le chaud soleil, que l'on vienne me chercher. Mes camarades de classe étaient aussi surpris. A un moment on me surnommait "Mme Prado". Les midis, mes sœurs et moi on se retrouvait à l'endroit où se trouvait le véhicule pour faciliter les choses. De cette manière je n'avais pas à courir à gauche et à droite pour les retrouver.

Un matin, nous étions prête pour l'école et papa a voulu faire sortir la voiture pour nous mais je lui ai répondu : I got this (je peux le faire). Il a dit OK. Je ne sais vraiment pas ce qui m'a prit ce jour-là. C'est comme si j'étais à moitié endormie. Sans rien comprendre, en faisant sortir la voiture, j'ai accidentellement brisé le fare droit arrière. Notre gardien qui tenait le portail avait bien vu que j'allais dans une mauvaise direction mais il était juste là, à regarder. Oh my God, c'était chaud. 

Je me suis débrouillée pour faire sortir la voiture et prendre le chemin de l'école. Je ne voulais surtout pas éveiller les soupçons. En allant en cours, je me suis arrêtée sur le côté de la route pour voir l'ampleur des dégâts. Le fare arrière était cassé et il pendouillait. Ah là, c'était chaud. Je ne voulais pas que cette journée prenne fin car j'allais devoir rentrer chez moi et j'avais trop peur de la réaction de mon père. Il m'avait fait confiance et moi j'ai déconné.

Le soir, de retour à la maison, j'étais mal. J'attendais que mon père rentre du travail pour lui montrer ce que j'avais fait. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée le voir. Après le lui avoir dit, il s'est précipité vers la voiture pour voir de ses propres yeux et là, silence absolu.

Papa : Non c'est pas vrai Anta, ce n'est pas en faisant sortir la voiture que tu as fait ça. Non c'est pas vrai !

Moi : Mais si, c'est vrai. C'était ce matin quand on partait à l'école.

Papa : Non n'essaie pas de mentir, tu as dû cogner quelqu'un en circulation.

Moi : Non je n'ai cogné personne, demandé au gardien, il était là quand ça s'est passé.

(C'est ce qu'il a fait et le gardien lui a confirmé que cela s'est bien passé lorsque j'essayais de faire sortir le véhicule).

J'étais quand même mal pour avoir endommagé la voiture mais aussi parce qu'il ne m'avait pas cru au départ. Mais bon ! Je savais qu'il ne me donnerai plus les clés de la Prado et que ça allait être un "retour à la case départ"...

L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant