L'Histoire d'une Burkinabé

Partie 7

Mes camarades de l'année passée étaient maintenant en classe de première D. Je ne parlais pratiquement plus avec eux. Peut-être parce que j'avais honte, aucune idée.

Pour cette année, j'étais motivée à fond. Il fallait que je réussisses. Le professeur de maison que j'avais l'année dernière avait été renvoyé. Mon père s'était renseigné auprès d'une entreprise qui recrutait des répétiteurs certifiés. J'ai alors eu un nouveau professeur. Les mathématiques et la physique-chimie étaient encore là, au début ça n'a pas été facile mais je me débrouillais plutôt bien.

Les autres élèves eux, ils étaient toujours excités car ils venaient tous de nouveaux brevetés mais pour moi c'était différent. Ils organisaient souvent de petits évènements pour s'amuser, préparer, manger et fumer de la chicha. Même s'ils m'invitaient à venir, je n'y allais jamais. Peut-être parce que je ne me sentais pas du tout à ma place ou alors parce que dans ma tête tout cela ne me disait rien. En plus, mes parents n'auraient jamais acceptés je crois.

J'étais toujours dans mon coin, toute sage. Là encore j'étais dispensée donc les heures de sport étaient en fait des heures de repos pour moi. Enfin, c'était juste deux heures par semaine.

Alida aussi était dispensée donc on discutait de notre avenir, ce que nous aimerions faire plus tard. Elle voulait devenir architecte et moi aussi. Puis, avec le temps les gens ont commencé à m'approcher et je me suis fait de nouveaux amis.

Avec Alida on avait un groupe, en tout nous étions quatre et pendant les cours (bien sûr on choisissait les cours des professeurs moins strictes/sévères) on trouvait des techniques pour manger sans se faire prendre. Nous étions situé un peu vers le fond de la classe, notre dessert préféré c'était des fraises avec du nutella et de la crème chantilly. Du coup, chaque membre du groupe devait apporter quelque chose. Moi je m'occupais des gobelets et cuillères en plastique, Alida s'occupait des fraises et de la crème chantilly, Liliane devait apporter la grosse bouteille de nutella et Oumar, des biscuits pour le grignotage. Alida et moi nous avions l'habitude d'apporter de la nourriture en classe, c'était notre truc. 

Ce dessert était très calorique mais vraiment délicieux. Notre groupe il était top. Les autres nous regardaient manger comme des sauvages, ils auraient bien aimé faire partie de notre "team". 

Puis, un jour tout a basculé. Mr Dambré, le surveillant venait pour le changement de place. J'allais être séparée de Alida. Il y avait deux rangées entre elle et moi mais cela n'a rien changé à nos habitudes en classe.

Cette classe de seconde a été pour moi l'occasion de me remettre en question et aussi d'arranger les choses. Quand j'avais appris que j'allais redoubler, j'étais mal mais au final les choses se sont bien passées et je pouvais enfin aller en première D. Si comme moi vous devez reprendre une classe, ce n'est pas la fin du monde. Parfois on s'en veut, on se déteste et on ne veut plus faire aucun effort mais non, il ne faut pas. Prenez cela comme une seconde chance, une chance de prouver à vos parents et à vous même que vous en êtes capable, que vous pouvez donner le meilleur de vous même. Aussi ne soyez pas dur avec les autres pour autant, moi c'est ce que je faisais au début mais par la suite je me suis adoucis et j'ai fini par me faire de nouveaux amis.

Pendant les vacances, Alida et moi on se voyait rarement comme je n'avais aucun moyen de déplacement. Je saute les vacances parce que je ne fais jamais rien d'intéressant, je trouves toujours quelque chose à faire pour m'occuper.

A la rentrée, en 2015, c'était le grand retour. Alida et moi nous étions de nouveau ensemble. Avec papa, nous avions opté pour la série D, série scientifique car la C était beaucoup plus centrée sur les maths et la physique-chimie, chose qui ne m'enchante pas; alors que le D elle est plus vaste car en plus de ces deux matières, il y avait la biologie qu'on appelait "science de la vie et de la terre (SVT)".