Partie 48

59 5 0
                                    

Je me suis réveillée quelques heures plus tard. Nous avions encore environ 4h de vol devant nous. Je n'en pouvais plus, j'avais mal au bas ventre à force de rester assise et en plus j'avais une ceinture autour de la taille. 

Aux environs de 3h du matin (heure de France) les hôtesses passèrent à nouveau pour nous servir le petit déjeuner puis elle repassèrent pour débarrasser comme d'habitude. Il était bientôt 6h alors j'ai décidé de me divertir avec un film jusqu'à ce que l'on atterrisse. 


-------------- Lundi 2 Octobre 2017, Paris Charles De Gaulle, 6h du matin --------------


Nous venions tout juste d'atterrir. Ma voisine m'aida à détacher ma ceinture. C'est à partir de ce moment qu'elle a commencé à me parler. Elle m'a demandé si je voyageais seule et je lui ai répondu par l'affirmative. Je lui ai aussi dit que c'était ma toute première fois de prendre l'avion et que je venais à Paris pour mes études. Elle m'a aussi parlé des motifs de son voyage. En effet, elle venait pour des raisons professionnelles donc elle serait de retour à Ouaga très bientôt. 

Comme elle savait que j'étais toute seule et qu'en plus c'était mon premier voyage, elle décida de me prendre avec elle. Elle savait bien que l'aéroport était gigantesque et que sans aide, j'aurai très bien pu me perdre. Elle fut tellement gentille cette dame alors qu'elle ne me connaissait même pas. C'était une réelle chance d'avoir fait sa connaissance. Si la dame claire à côté de laquelle j'étais assise au départ ne m'avait pas demandé de changer de place, je n'aurai jamais rencontré cette dame qui m'avait été d'une grande aide.

Après l'atterrissage, nous avons patienté une quinzaine de minutes dans l'avion avant d'ouvrir les portes. A la sortie, il y avait un bus qui nous attendait. Il allait nous conduire jusqu'à l'aéroport Roissy Charles De Gaulle. Waouh, la distance était impressionnante, nous avons passé environ 20 min dans le bus.

Une fois arrivés, nous nous sommes dirigés vers la longue queue. Cette étape était inévitable. Il fallait présenter à l'agent de sécurité mon passeport dans lequel il y avait mon visa d'étudiant. Le monsieur vérifia mon identité, déposa un tampon indiquant la date d'entrée sur le territoire français et me laissa passer. Ma voisine était juste devant moi donc quand elle a passé la porte, elle m'a attendu pour qu'on aille toutes les deux récupérer nos bagages. 

Il était presque 7h, nous étions en train de chercher l'écran sur lequel s'affichait le numéro du tapis roulant auquel les voyageurs venus du Burkina devaient se rendre pour prendre leurs bagages . Quand je vous dis que l'aéroport est immense, je vous assure que je n'exagère pas. On a marché pendant longtemps avant de trouver le bon tapis. Oh mon Dieu, j'étais tellement reconnaissante, sans cette bonne dame je ne sais pas comment j'aurai fait. C'est comme si elle avait été envoyée par Dieu pour m'accompagner. 

Voilà, on avait trouvé nos valises et nous avions chacune un chariot sur lequel les placer. Agathe m'avait envoyé un texto pour me dire qu'elle était déjà là et qu'elle m'attendait à la sortie. J'imagine qu'elle a du se lever très tôt pour arriver à temps à l'aéroport. 

La dame et moi on devait à présent se séparer mais, je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. Elle avait été tellement, mais tellement gentille avec moi, c'est incroyable. Maman m'a toujours dit que dans la vie, si tu rencontre de belles personnes, essaie vraiment de rester en contact avec elles. Je lui ai donc demandé son numéro de téléphone pour pouvoir la joindre sur WhatsApp et elle me le donna. Elle voulait aussi le mien mais, ça ne servait pas à grand chose vu que j'allais par la suite changer de carte SIM. Après avoir échangé, je l'ai remercié et je lui ai dit aurevoir. 

A la sortie, il y avait une foule incroyable. Certains avaient en main des pancartes sur lesquelles il y avait le nom des personnes qu'ils étaient venues chercher. Tout en cherchant Agathe, j'échangeais avec elle par texto. Heureusement pour moi, j'avais pu voir sa photo sur WhatsApp donc je n'allais pas avoir du mal à la reconnaître. Le seul bémol c'est qu'il y avait beaucoup trop de monde. 

Finalement, je l'ai trouvé. Elle avait en main une pancarte avec mon prénom. Je me suis approchée d'elle pour lui faire savoir que j'étais là. Elle me fit la bise et prit une de mes valises. Nous nous sommes dirigés vers une machine, je ne savais pas pourquoi. En réalité, elle voulait acheter des tickets pour avoir accès au train. Maintenant que j'y penses, je ne sais pas ce que j'avais en tête. Mon père m'avait donné de l'argent pour que l'on prenne un taxi jusqu'à chez Mme Aulen mais moi je n'ai rien dit. C'était peut-être l'émotion, j'avais l'impression d'être dans un rêve.

Nous avions chacune un ticket en main. Il fallait le faire passer dans une machine et s'il était bon, les portes s'ouvraient pour te laisser passer. J'ai vraiment eu du mal avec ça mais elle m'a aidé. Ma bête noire c'était les escaliers roulants. Oh Mon Dieu, c'était horrible. En plus j'avais mon énorme valise avec moi donc c'était assez pénible. 

Malgré toutes ces contraintes, nous avons fini par accéder au train. L'intérieur était assez propre et les sièges très voyants à cause de leurs couleurs. Nous étions assises face à face et avons commencé à parler.

Elle : Alors Djamila ça va, t'es pas trop fatiguée par le voyage ?

Moi : Non pas du tout ça va et toi ?

Elle : Oui ça va merci. T'as pas eu trop de mal à trouver la sortie j'espère ? C'est vrai que l'aéroport est très grand

Moi : Si, quand même mais il y avait une dame avec laquelle j'ai voyagé, c'est elle qui m'a aidé sinon je crois que je n'aurai pas pu toute seule

Elle : Ah je vois, donc c'est la première fois que tu viens sur Paris ? Tu verras, tu vas adorer

Moi : Oui c'est exact. C'est la première fois que je prends l'avion

Elle : Ah d'accord ! Et tu viens faire quoi comme études ?

Moi : Je me suis inscrite en BBA dans une école de commerce. J'ai commencé ma première année dans mon pays alors je viens poursuivre 

Elle : C'est quoi le BBA ?

Moi : Bachelor in Business Administration 

Elle : Ah d'accord, du coup tes cours sont en anglais c'est ça ?

Moi : Oui ils sont exclusivement en anglais

Elle : Tu dois vraiment être bien en anglais !

Moi : Oui disons que je me débrouille. Et toi tu fais quoi comme études ?

Elle : Oh pour moi les études c'est fini. J'ai étudié dans l'agro-alimentaire puis j'ai travaillé un moment dans un supermarché bio mais en ce moment je suis à la recherche d'un emploi

Moi : Ah d'accord je vois, je te souhaite beaucoup de courage 

Nous sommes restées là à papoter jusqu'à ce qu'arrive le moment de descendre et de changer de train pour aller à Vincennes. Là encore le décor était différent. Je pensais qu'on trouvait les escaliers roulants seulement à l'aéroport mais en fait non. Il y en avait devant nous lorsque nous sommes sortis du train et là, j'ai eu la honte de ma vie.



L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant