Partie 29

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Je passais mon temps à faire la cuisine comme d'habitude, attendre mes soeurs les midis et quelques rares fois, sortir en voiture pour des courses. Faire la même chose à chaque fois, ça commençait à me rendre désagréble. Comme je ne faisais rien, je réflechissais beaucoup et c'est là seulement que je me suis rendue compte que j'avais fait une grosse erreur. J'ai réalisé que je n'aurai pas dû laisser tomber Ghislain sur un coup de tête et qu'au lieu de ça j'aurai dû discuter tranquillement avec lui pour essayer de comprendre pourquoi il était devenu silencieux. Je regrettais vraiment et ça me rongeait. 

A un moment, papa ne voulait plus que je reste à la maison à ne rien faire donc il me proposa de prendre des cours d'anglais ou de m'inscrire dans une université en attendant la rentrée d'automne. Ensuite c'était au tour de maman, elle voulait que j'ailles prendre des renseignements à l'IAM (Institut Africain de Management), une université qui était à deux pas de la maison. Moi je ne voulais pas mais après reflexion je me suis dis que je ne voulais pas perdre une année donc j'ai accepté à contre coeur parce qu'à la base, je ne voulais surtout pas étudier au Burkina, mais bon. 

Vous voyez, c'est toujours comme ça avec mes parents. Au début papa à son idée et maman en a une autre. Ensuite je ne sais pas comment mais, papa fini toujours par faire part de son idée et de ses inquiétudes à maman qui elle à son tour, partage la même idée. Puis, maman utilise ses talents oratoire pour me convaincre (si c'est moi la principale concernée bien sûr) et moi je fini par partager leur point de vue. C'est toujours comme ça. Il faut avour qu'ils sont qu'en même forts mes parents.

Donc le jour même où je me suis laissée convaincre, je me suis rendue à pieds (vu que c'etait juste à côté) à l'IAM. Le monsieur a été très accueillant, il m'a fait asseoir et m'a parlé des programmes qu'ils offraient. Heureusement pour moi, ils proposaient un BBA, c'était le programme qui m'intéressait à la base. Je pensais que les cours étaient dispensés là-bas mais, il me fit savoir qu'en réalité, il y avait un nouveau campus à la Zad (un autre quartier de Ouagadougou) et que c'était à cet endroit que je devais me rendre pour mon inscription. On était en plein milieu de l'année scolaire mais ils acceptaient toujours de nouveaux étudiants. Il me donna la brochure et me remercia pour ma visite.

De retour à la maison, Claudia et maman étaient là. Je me suis mise à partager les informations que j'avais recueilli. Le bon côté des choses c'est qu'ils proposaient le programme d'études pour le lequel j'avais une préférence. Je devais à présent attendre le retour de mon père pour lui en parler et m'inscrire au plus vite.

Le lendemain matin, maman me réveilla et me remis le chèque que papa avait laissé pour mon inscription. Elle avait déjà contacté Claudia pour qu'elle m'y emmène. Waouw c'était rapide. Il faut avouer que mon père ne rigole pas avec l'éducation de ses enfants. 

A 11h, Claudia était là pour m'emmener à l'IAM Zad. L'école n'était pas très loin de la maison, disons 20-25min. A notre arrivée, il y avait quelques étudiants à l'extérieur. Pantalon ou jupe verte avec une chemise blanche et une cravate verte portant le logo de l'école, telle était le code vestimentaire.

Au portail il y avait un vigile, assez âgé. Je le salua et lui demanda où se trouvait l'accueil et il m'indiqua l'endroit. Claudia avait décidé de m'attendre à l'extérieur donc je suis rentrée seule. Effectivement, ils acceptaient toujours les nouveaux étudiants. La dame à l'accueil me demanda de m'asseoir et elle apporta des formulaires que je devais remplir. J'avais aussi avec moi des documents comme la copie de ma pièce d'identité, celle de mon bac et mon relevé de notes.

J'avais fini de remplir les formulaires, je devais à présent aller voir une dame : Madame Nina. Je crois qu'elle était en charge de la partie financière de l'école. Je me suis rendue dans son bureau pour lui remettre un chèque pour les droits d'inscription. Elle me donna alors ma cravate verte, le tissu que je devais faire coudre et mon reçu. Ce jour-là, j'ai tout fait en même temps. 

Après avoir payé, je devais me rendre dans un bureau pour faire ma carte d'étudiant. A peine entrée dans le bureau, le monsieur me demanda de m'asseoir pour la photo. Moi j'ignorais que j'aurai à faire une photo ce jour-là, je n'étais pas du tout préparée. Résultat : ma carte était horrible, honnêtement. Ce monsieur en réalité, s'occupait de tout ce qui touchait l'informatique. Il fit aussi l'enregistrement de mes empreintes digitales, c'était un moyen pour l'administration de vérifier les présences, pour voir si les étudiants venaient ou pas en cours. Pour moi c'était nouveau. Je ne savais pas qu'il y avait un tel appareil dans cette école. 

Avant de me laisser partir, un stagiaire de la direction me fit visiter les lieux. Il me montra la classe dans laquelle les étudiants en BBA avaient souvent cours, le mur sur lequel était affiché le programme de chaque semaine pour chaque filière, le bureau des surveillants et la bibliothèque. Tout s'est fait rapidement. J'avais un cours d'anglais pour l'après-midi du coup je devais revenir. 

A la sortie, je ne voyais plus Claudia. Le vigile me fit savoir qu'elle était partie mais qu'elle reviendrai bientôt. En même temps c'est vrai que j'avais un peu duré à l'intérieur. J'ignorais qu'ils allaient m'accepter le même jour. Nous étions en fin janvier, la rentrée était en octobre donc j'avais manqué beaucoup de cours et en plus, l'examen du premier semestre approchait à grand pas. Je n'avais plus de temps à perdre.

Claudia apparut quelques instants après et me ramena à la maison. Je devais manger et m'apprêter pour mon cours d'anglais. Mon sac à dos de terminal était toujours intact. Je l'ai donc pris et j'y ai rangé un cahier ainsi que ma trousse avec tous mes stylos. Ce jour-là, je me suis maquillée pour la première fois : fond de teint liquide + poudre. J'étais on fleek !

Maman était déjà rentrée du travail. Elle était au salon avec Claudia et lorsqu'elles m'ont vu elles étaient sans voix. Claudia m'a dit que je devrais me maquiller plus souvent parce que ça rendait bien. C'était un maquillage léger mais comme elles me voyaient tous les jours, elles savaient que j'avais mis quelque chose sur mon visage. J'étais enfin prête pour mon tout premier cours à l'université. 

L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant