Partie 11

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Le proviseur s'est approché avec son véhicule pour prendre l'élève blessé et le conduire à la clinique Les Genêts qui était juste à côté. C'était la fin de la séance de sport et bientôt la récréation. J'aimais bien manger en classe pendant la récréation, à l'abris des regards. La cours de l'école et les couloirs étaient occupés. 

J'étais donc là tranquillement en train de manger pendant que les autres filles de la classe pleuraient et refusaient même de manger. C'est vrai que j'étais aussi mal pour ce qui s'était passé mais je trouvais que leur comportement était exagéré. Ce n'était pas comme si quelqu'un venait de mourir enfin. Après la récré on avait cours d'anglais. Nous n'avons pas eu besoin de dire au professeur que quelque chose s'était passé, il l'a senti tout de suite vu que nous étions comme abattu. Nous lui avons expliqué ce qui s'était passé et il a décidé de nous laisser partir plus tôt afin que nous puissions aller rendre visite à Ghislain à la clinique.

Arrivés à la clinque, chacun à son tour partait dans la chambre de Ghislain pour le voir. A mon tour, je suis allée avec Shabane, un élève de ma classe. Quand je suis entrée dans la pièce et que je l'ai vu allongé sur le lit avec sa jambe tendue, j'ai ressenti quelque chose d'étrange. J'avais envie de le protéger, de l'aider, de rester à son chevet, je ne saurai comment vous l'expliquer. A ce moment, j'ai développé une sorte d'affection pour lui. Il faut dire que nous n'avions pas l'habitude de vraiment discuter tous les deux. Surtout en classe de seconde, je ne lui parlais carrément pas. C'est seulement en classe de première que j'ai commencé à lui adresser la parole, tout doucement jusqu'en terminale. 

Je n'ai pas pu durer à la clinique car il était midi et maman allait bientôt venir nous chercher mes sœurs et moi mais, je me suis dis que ça serait bien que je reviennes avec des fruits pour lui ainsi que des biscuits Saint Michel au chocolat dont il raffolait.

De retour à la maison, j'ai demandé à maman si elle pouvait me prêter sa voiture pour que j'ailles rendre visite à un camarade blessé et elle a accepté vu qu'elle n'avait rien de prévu. A 17h, j'ai pris la route avec des fruits et des biscuits comme convenu. J'ai eu la chance de rencontrer sa famille à mon arrivée, ils étaient à son chevet. Je lui ai donc remis ce que je lui avais apporté et je lui ai aussi fait le point sur ce qu'on avait fait en classe en son absence.

Quelques jours après, il est revenu à l'école. Il se faisait déposer dans la cours de l'école et ses amis l'aidait à monter les escaliers. Il était devenu le chouchou de tout le monde. Tout le monde voulait parler avec lui, l'aider et tout. Il faisait aussi partie du groupe des dispensés. A un moment, moi ça me gênait un peu sans vraiment savoir pourquoi. C'est là que j'ai commencé à être désagréable avec lui.


L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant