L'Histoire d'une Burkinabé

Partie 26

Je savais bien au fond de moi que les choses changeraient avec la distance mais j'y croyais tellement et je tenais tellement à lui que j'ai voulu faire des efforts pour que les choses se passent bien. On s'écrivait rarement mais pour moi, ça n'était pas un problème car je savais qu'il serait occupé la plupart du temps, donc je comprenais parfaitement. Cependant, quelque part je sentais un énorme vide. Je crois que c'était parce que j'étais 7j/7 à la maison à faire la cuisine pour tout le monde et je m'ennuyais à mort car chaque jour c'était le même scénario donc cette situation me faisait ressentir son absence. C'était horrible, je détestais me sentir comme ça. J'avais besoin de quelqu'un à qui parler mais je gardais tout pour moi parce que je ne voulais pas le déranger avec mes soucis. C'était toujours ce que je me disais. 

Parfois il se plaignait car il était toujours celui qui m'écrivait en premier. Pour lui, je ne m'intéressais pas à lui, à comment les choses se passaient mais en réalité, tout cela m'intéressait beaucoup. Je n'osais juste pas lui écrire en premier parce que je me disais que je ne voulais pas le déranger et donc je préférais que ce soit lui qui m'écrive quand il avait un moment, là j'étais sûre de ne pas tomber au mauvais moment. Je sais, ça peut sembler ridicule ma façon de voir les choses. 

J'avais opté pour le Canada, alors je devais commencer avec les démarches administratives. Comme il s'agissait du Québec, je devais d'abord faire une demande pour obtenir ce qu'on appelle le CAQ - Certificat d'Acceptation du Québec avant de faire une demande de permis d'études. J'ai donc fait ma demande en ligne et quelques semaines plus tard, j'ai reçu un avis favorable. Je pouvais à présent me rendre au CRDV de Ouagadougou afin de me renseigner sur les documents dont j'aurai besoin pour ma demande de permis d'études.

Mes parents n'avaient pas vraiment le temps pour m'aider. Ils pouvaient juste me fournir les documents nécessaires. Je me retrouvais seule face à tout ce stress jusqu'à ce que Claudia me parle de son beau frère, Monsieur Kouso qui lui aussi avait eu à passer par là. Il m'a été d'une grande aide. Il était toujours à la maison en train de m'aider à remplir correctement les formulaires, à courir à gauche et à droite pour faire des impressions etc...

Mon père avait chaud à ce moment-là car j'étais toujours sur son dos à lui rappeler ce qu'il devait faire et comment il devait le faire. Comme c'est un papa extraordinaire, il a joué le jeu. Mon dossier était enfin complet et Monsieur Kouso m'accompagna avec sa moto au CRDV pour le dépôt. Il ne restait plus qu'à attendre tout en croisant les doigts. Au fond de moi, j'étais confiante. Le délai de traitement des dossiers était de 4 semaines et ma rentrée était prévue pour mi-Janvier donc c'était un peu trop juste, mais je suis restée positive malgré tout. 

Ghislain était parti en Août et il est revenu en Décembre pour les fêtes de fin d'année. J'étais trop contente de savoir qu'il était là et je n'avais qu'une envie : le revoir et le serrer très fort. Durant cette période, avec tout ce que j'avais à faire avant mon départ, je n'étais pas souvent à la maison. A cela s'est ajouté mes maux de dents. J'avais souvent rendez-vous chez le dentiste pour un contrôle. Malgré toutes ces contraintes, j'ai fini par trouver un moment pour voir mon copain. 

Le jour où il est venu me rendre visite, j'étais un peu étonnée car il avait changé. Physiquement il avait changé mais moralement non. Sa personnalité était restée intacte. Et comme j'étais surprise du changement, j'agissais bizarrement, chose qu'il a remarqué bien évidemment. J'étais un peu, comment dire, froide sur le coup. Nous avons passé un moment à discuter puis il est rentré chez lui. Quelques instants après, je lui ai envoyé un texto pour savoir s'il était bien rentré, il m'a dit oui, nous avons discuté un moment et ensuite boum, plus de nouvelles.

Une semaine s'est écoulée sans aucune nouvelle de Ghislain. Aucun appel, aucun texto, rien du tout. J'ai cru qu'après avoir serré les dents pour faire en sorte que la relation fonctionne même avec la distance, lorsqu'il reviendrai je pourrais profiter de sa présence au maximum mais les choses ne se sont pas passées comme je l'espérais.