L'Histoire d'une Burkinabé

Partie 36

L'examen du second semestre, Dieu merci, s'était bien passé. J'avais validé toutes les matières avec 13 de moyenne je crois. Maintenant il fallait faire face au rattrapage qui était prévu pour mi-juillet. J'avais 8 modules à compléter. J'ai commencé la session de rattrapage avec le test de l'immersion. Pour moi honnêtement c'était absurde de faire un test sur cela. J'avais demandé des semaines plus tôt à l'un des surveillants comment j'étais censée me préparer pour ce fameux test et il m'a répondu que je devais poser des questions à mes camarades qui avaient été à l'immersion. N'importe quoi !

J'ai quand même posé des questions autour de moi pour être sûre d'avoir quelque chose à écrire le jour de l'examen. Comme je disais, j'ai commencé la session de rattrapage avec le test sur l'immersion. Tout ce que les gens autour de moi m'avaient dit n'avait servis à rien. Il y avait des questions auxquelles je ne m'y attendais pas. Ils demandaient des choses comme par exemple : en 2013, où s'est passée l'immersion ? en quoi consiste réellement l'immersion ? 

J'étais tellement frustrée. Je priais pour avoir juste la moyenne parce que vraiment, je ne m'y attendais pas. Il me restait 7 matières à présent. La comptabilité était abordable, par contre je ne pouvais pas en dire autant pour le comportement du consommateur. Une fois de plus je priais pour avoir la moyenne. C'était horrible, deux matières m'avaient déjà mise K.O. Je gardais quand même espoir. Pour les autres matières, c'était plus des questions de cours et de réflexion donc ça allait. 

C'était maintenant mon dernier jour de composition. Après avoir terminé, j'ai pris les escaliers et je me dirigeais vers le portail pour attendre que l'on vienne me chercher. Moi je marchais vers la sortie et un gars, grand de taille venait juste d'entrer. Il est passé à côté de moi. J'étais au niveau du portail et le gentil vigile me donna une chaise pour m'asseoir. A ce moment, le gars fit demi-tour et vint jusqu'à moi pour me parler.

Lui : Bonjour, tu es nouvelle ? Je ne t'ai jamais vu ici !

Moi : Je suis arrivée en Janvier.

Lui : Ah d'accord ! On t'as déjà dit que tu étais belle ? C'est quoi ton prénom ? 

Moi : Merci c'est gentil. Je m'appelle Djamila. 

( Mon prénom c'est Djamilatou mais après mon Brevet d'études, lorsque j'ai crée mon tout premier compte Facebook, j'avais mis Djamila Anta. Du coup les gens m'appelaient parfois Anta, c'est comme ça que c'est devenu une sorte de surnom. Anta, en réalité venait de ma mère. Elle me disait qu'un oncle sénégalais lui avait proposé de m'appeler Anta. En parlant du Sénégal, je ne sais pas pourquoi mais à chaque fois on me demande si je suis sénégalaise. Certains même ont cru que j'étais "mauritanienne" à l'IAM. Il me plaisait bien ce prénom, à un moment je voulais même l'ajouter sur mon acte de naissance, ça paraissait possible en tout cas. Au Lycée, je m'amusais à faire croire à mes camarades que j'étais la petite fille de Cheick Anta Diop et ils me croyaient. Mes petites sœurs ont chacune 2 prénoms et je suis la seule à avoir un "tou" à la fin du mien.)

Lui : Tu vois ? C'est un signe, ma maman aussi s'appelle Djamila. Cela veut dire que toi et moi nous allons nous marier.

Moi : Hein ?

Lui : Oui, on est fait pour être ensemble. Je peux avoir ton numéro s'il te plaît ? Comme ça on pourra discuter de temps en temps.

( Dès qu'il a dit qu'on était fait pour se marier j'ai commencé à voir rouge. Pour moi, c'était pas quelqu'un de normal. Il me faisait peur, j'ai cru qu'il était fou ou quelque chose dans ce genre du coup, je ne voulais pas lui donner mon numéro de téléphone mais, je ne voulais pas le vexer non plus. J'ai alors décidé de lui donner mon ancien numéro, je ne l'utilisais plus depuis très longtemps. ) 

Moi : Euh, d'accord mais je n'ai pas mon téléphone sur moi pour prendre le tien (c'était un mensonge).

Lui : Pas de problème, je vais t'envoyer un texto comme ça tu sauras que c'est moi.

Moi : Ok, ça marche !

Ouf ! Il était enfin parti. A présent je ne pouvais plus faire sortir mon téléphone pour écouter la musique, de peur qu'il me surprennes. Je voulais qu'on viennes me chercher vite. 

Lorsque maman arriva, je lui fis part de ce qui venait de m'arriver. Elle se moquait de moi. J'aimais l'appeler "pogsada"(en langue mooré) ça veut dire "mademoiselle". Mes amis la prenaient à chaque fois pour ma grande sœur. Comme moi, elle fait plus jeune que son âge. Quand elle porte une belle tenue, elle taquine papa en lui disant que si elle sort elle aura un "bonjour/bonsoir mademoiselle". Je crois que de nous trois, je suis celle qui est plus proche de maman. Je lui raconte tout, elle me conseille souvent et négocie avec moi pour que je fasses la cuisine quand elle est trop fatiguée ou qu'elle doit se rendre quelque part. 

Donc voilà, la session de rattrapage était terminée. Sur mon kairos (mon espace étudiant), ils avaient marqué zéro en face des matières que je n'avais pas pu composer au premier semestre. C'était normal car mes notes n'étaient pas encore disponibles, du coup je me suis dit qu'ils corrigeraient plus tard, à la sortie des résultats. Je devais attendre jusqu'en début août pour avoir toutes mes notes. 

La session de rattrapage était terminée mais je n'étais pas pour autant en vacances. Il fallait à présent me préparer pour le TOEFL. Comme j'avais eu à passer le TFI (Test de Français International) à l'ISIG lors de ma demande d'admission dans une université canadienne, je savais qu'ils proposaient aussi des cours de préparation pour le TOEFL ITP (sur papier). Je me suis donc rendue sur place pour prendre des renseignements par rapport aux dates et aux tarifs mais malheureusement, les dates de ne m'arrangeaient pas, c'était trop tard pour moi. A part l'ISIG, je ne savais pas où me rendre pour le test, jusqu'à ce que l'on me parle de l'ISO (International School of Ouagadougou). En effet, c'était une école dans laquelle les cours étaient enseignés en anglais. Mes cousins qui ne parlaient que l'anglais y étaient inscrits. Maman ne connaissait pas l'endroit du coup elle demanda au chauffeur de mes cousins de m'y emmener à moto. Le jour où nous y sommes allés, l'école était fermée, il n'y avait que le gardien et celui-ci ne savait pas de quoi on parlait. C'était délicat.

Durant cette période de stress, je discutais avec mon ami de terminale, Oumar. Lui aussi devait passer le TOEFL pour compléter son dossier. Il me parla du TOEFL iBT (sur ordinateur). Moi je n'en avait jamais entendu parler, je croyais que le TOEFL était juste écrit mais en fait non. Il me donna les instructions à suivre pour m'inscrire directement en ligne sur le site ETS.TOEFL. à l'aide d'une carte bancaire. Il me sauvait la vie.