Partie 31

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J'ai vraiment fait de belles rencontres dans cette école, pour une personne timide ce n'est pas toujours évident. Il y avait Oumar, un nigérien avec qui j'étais tous les jours. Nous étions TOUJOURS ensemble à tel point que les gens pensaient que nous étions en couple alors que non, c'était "mon pote sûr". Il m'apportait souvent du kilichi (la viande de boeuf séchée, spécialité nigérienne) ainsi que du woussoulan (l'encens) pour ma mère. 

Même à l'université, je devais attendre que ma mère vienne me chercher. Oumar restait souvent avec moi jusqu'à ce qu'elle arrive. Elle le connaissait et disait toujours du bien de lui. C'est vrai qu'il était vraiment gentil. 

La seule personne que je connaissais bien avant d'arriver à l'IAM, c'était Christelle. Nous étions toutes les deux ensemble au Creuset. Elle était en logistique du coup nos programmes étaient différents. C'est d'ailleurs elle qui m'a fait savoir qu'en réalité, il fallait "badger" aussi avant de rentrer chez soi. Moi je le faisais juste quand je venais en cours.

Dans ma classe, il y avait la climatisation. Le surveillant venait la mettre en marche lorsque nous étions en cours. Parfois il oubliait, alors quelqu'un devait aller le lui rappeler. 

J'aimais bien les cours que j'avais, surtout celui des mathématiques générales. C'était un peu une révision de terminale avec les intégrales et les équations. J'étais souvent volontaire pour aller au tableau. Les gens me prenaient sûrement pour une geek. C'est vrai qu'avec mes lunettes, j'ai un air sérieux. Au fait je ne vous ai pas parlé de mes lunettes. En classe de terminale, presque tout le monde portait des lunettes et je trouvais ça beau. J'avais envie d'en avoir aussi mais je n'avais pas de problème d'yeux ou du moins, c'est ce que je croyais. Au cours de mon année scolaire, je faisais des contrôles chez une monsieur, un vieil homme tellement beau et gentil. Bref, après les analyses, il m'a fait savoir que j'avais le "glaucome", une maladie qui provoque la diminution du champ de vision et qui scie le nerf optique. Elle peut très bien rendre aveugle.

Lorsque j'ai appris la nouvelle, j'avais les larmes aux yeux. Je n'arrivais pas à comprendre comment j'ai pu vivre avec ça sans jamais savoir. Dans ma famille, tout le monde porte des lunettes. Papa en a porté depuis toujours, je suis née en le voyant porter des lunettes. Maman par contre, elle a toujours eu des problèmes d'yeux mais refusait de porter des lunettes jusqu'à ce qu'elle prenne conscience qu'elle en avait besoin. Concernant mes soeurs, Rashidah fut la première à porter des lunettes et ensuite ce fut Shariifah. Du coup, je me ventais toujours d'avoir pu échapper aux lunettes mais en terminal, en voyant les gens avec des verres correcteurs, j'ai voulu en avoir aussi mais juste pour le fun, bien sûr je ne souhaitais pas avoir des problèmes d'yeux. Pour mon permis de conduire j'avais eu à passer un examen pour voir si je n'avais pas de problèmes d'yeux mais rien, tout était normal. 

L'opthtalmologue m'a alors prescrit un produit, je devais mettre une goutte dans chaque oeil à 8h et à 20h précise. Il fallait respecter ces horaires là. Lorsque je fis part de la nouvelle à mes parents, eux aussi étaient étonné. Maman essayait de provoquer papa en lui disant que ça venait de lui et qu'elle-même avait été contaminée par lui car avant elle n'avait pas de problèmes d'yeux. Ces deux là sont terribles. 

Donc j'allais à l'école avec mes gouttes. Comme j'avais cours, lorsque 8h sonnait, je demandais la permission pour que ma voisine Sandra m'aide à les mettre correctement dans chaque oeil car je n'y arrivais pas toute seule. C'était pénible !

Au départ la tension de mes yeux était élevée mais avec les gouttes elle s'est stabilisée. Après le bac, lors de mon contrôle, l'opthtalmologue me fit savoir que j'avais besoin de porter des lunettes. Il me donna alors l'ordonnance et me parla des lunettes qu'il fabriquait, c'était une façon de me dire : commande tes lunettes chez moi !

C'est vrai qu'au départ je voulais des lunettes mais pas avec des verres correcteurs. Là j'allais devoir m'habituer à les avoir sur le nez. Un samedi, nous sommes sorti en famille pour aller chez l'opticien de mon père. Ceux qui avaient des lunettes allaient les faire nettoyer et les nouveaux dans le club allaient choisir une monture. Papa tournait un peu avec moi dans les rayons pour m'aider à faire mon choix. Il avait des goût spéciaux, totalement différents des miens. Moi je voulais des lunettes un peu comme des Ray Bans avec des verres carrés. Papa trouvait que c'était beaucoup trop gros, mais ça me plaisait à moi.

Parmis les montures proposées, j'ai fini par trouver mon bonheur. Exactement ce que je voulais, avec des bordures violet foncé. Papa finit par accepter, j'allais devoir les porter tous les jours donc il fallait au moins qu'elles me plaisent non ? 

L'opticien n'avait pas les verres qu'il me fallait en stock, du coup il me demanda de choisir une monture supplémentaire que j'utiliserai en attendant qu'il recoive mes verres. C'était un peu comme des "lunettes de secours". Je choisis un modèle simple marron, un peu comme les verres correcteurs des personnes agées. Il alla vite de l'autre côté du magasin pour installer des verres sur le modèle que j'avais choisis. En fin de compte, elles m'allaient bien. Papa était content, c'est exactement ça qu'il voulait que je prennes comme lunettes fixes, mais bon. Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à porter des verres correcteurs. 

Alors retournons à l'IAM. J'avais commencé les cours en fin janvier et on se rapprochait à grand pas de l'examen du premier semestre. Je ne savais pas comment les choses allaient se passer pour moi vu que mes camarades avaient dejà complété certains modules, le surveillant stagiaire m'a fait savoir qu'il y avait une session de rattrapage à la fin de l'année, par conséquent je pourrais passer l'examen du premier semestre. Cela me semblait correcte. Il y avait en tout dix modules, plus l'immersion ça fait onze. Eh oui ! Je n'y suis pas allée mais je n'allais pas pour autant y échapper. 

 Lorsque je suis arrivée, certains modules tendaient vers leur fin comme Business English, Jeu de commerce et les mathématiques générales. J'ai voulu passer l'examen mais juste pour composer ses trois matières, de cette manière je n'aurai que sept modules à préparer pour la session de rattrapage. C'est ce que j'ai fait. Le jour de l'examen, les autres étaient surpris de me voir vu que je n'étais pas présente au tout début des cours donc incapable de composer. Je partais à l'école seulement quand je devais composer. C'était plus relax.


L'Histoire d'une BurkinabéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant