⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵ

chap'8

✈︎ hôtel preluna
18:16
7 juillet

Quatrième matin sans saluer Yoongi et contempler ses joues rougir faiblement à la simple vue de Taehyung.

D'un soir à l'autre ils redevinrent inconnus.
Des bombes à retardements s'évitant dans chaque couloirs.
Dès que l'ombre de Taehyung apparaissait, Yoongi en tremblait. Il en mourait, presque.

Un soleil encore énorme veillait sur l'île à cette certaine heure où les terrasses, d'en bas, étaient si pleines.
Yoongi, agrippé au rebord de sa fenêtre, observait la carte postale qui s'offrait devant ses yeux plissés.
Et comme son regard, ses souvenirs et son imagination s'aventurèrent dans chaque lignes créant le paysage de Malte.

Il inventait des scénarios à chaque fenêtre grandes ouvertes.
Imaginait les blagues de chaque fou rire qu'il entendait.
Des vies,
tout autour lui.
Des gens qui dansaient en tombant amoureux et qui se disputaient pour une glace.
Des enfants qui apprenaient des nouveaux mots en écorchant leur prononciation.

Des vies
sous le nez de Yoongi.
Mais lui ?
La vague idée de l'abandonner le tourmentait.

Son menton se leva, quelques cheveux caressèrent son front, l'éclat solaire devint son masque et ses yeux entrouverts brillaient faiblement.

Pourtant dans cet environnement tiré d'un rêve, il n'arrivait plus à sourire.

Voué à une absurde solitude qui le torturait, qui aussi l'inspirait.
Idiote envie que sa main soit tenue.

Mais peut-être qu'être seul était mieux que de tomber amoureux d'un meurtrier canon qu'il avait pour voisin.

Voisin, qui l'observait d'en bas.

Taehyung apportait ses lunettes de vue à son nez, gommant sa faible myopie pour mieux contempler Yoongi.
Il voulait tant le délivrer de ses pensées, qui, en constatant son léger tremblement de mains, l'effrayait.

Mais ne voulant pas se comporter en un sale égoïste, passant son besoin de parler au châtain avant sa douleur, Taehyung baissa la tête.
Il continua son chemin vers le salon de coiffure.

Il essayait d'imaginer le jour où il cessera enfin de s'en vouloir, mais peut-être qu'il n'aura même pas le temps d'y penser demain.
Sa mère était en route vers Malte hier, elle semblait en urgence mais son fils n'avait la foi de supporter sa voix trop aiguë à travers son téléphone.
La simple pensée de sa génitrice lui rappelait souvenirs enterrés de mensonges.

En choisissant son prochain blond, Taehyung se demandait encore comment allait Hoseok. S'il avait bien mangé, s'il avait bien dormi, s'il souriait encore un peu, et surtout, s'il pense plus à Yoongi qu'à lui.

Les rayons dorés baignait le salon dans une dernière chaleur solaire, rappelaient à Taehyung son désir de tuer sa solitude nocturne.
Quatre nuits, privé de voir les yeux qui se fermaient derrière le mur de sa chambre.
Souffrance.
Agonie.

Le plafond de la ville et ses cheveux changeaient de couleur, sans même que Yoongi ne s'en doute. Il s'enfermait dans ses textes monotones, écrivant douleurs et regrets avant qu'il n'aille se noyer dans le bar d'en face.

Il lui fallut de nombreux quart d'heures avant de découvrir une nuit dansante au bas de l'hôtel. Un spectacle en feu, une joie commune partagée de tous les habitants avec tous les touristes. Des groupes de gens qui s'aiment, illuminés par des guirlandes et les bougies sur les grandes tables de restaurant.

Yoongi ignora la fête.
Son bob parfaitement enfoncé devant ses yeux, il se perdait dans les venues pavés, puis trouva le temple à alcool caché entre deux lampadaires clignotants.

Un bruit derrière lui, une grosse poubelle qui bouge et une silhouette qui fuit.
Yoongi allait ignorer le mystère, jusqu'à ce qu'un sanglot résonna entre les briques qui sciaient les rues.

Un sanglot d'homme.
Yoongi s'avança.
Un sanglot d'homme blond, qui saigne.