chap'12

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✈︎ hotel preluna
19:32
11 juillet

"Yoongi, ça fait cinq heures qu'on se cache ici, ma mère va finir par nous trouver." Me plaignais-je m'allongeant sur le lit de sa chambre.

A l'autre bout du fil, il me répétait qu'il ne trouvait pas de pharmacies dans cette "putain de ville" et ses "putains de rues".
Je soupirai, perdant lentement foi à notre escapade.

Yoongi pouvait me faire avaler n'importe quel compte de fée.
Même quand la vie qu'on mène n'a rien de tel.
Surtout quand la vie qu'on mène n'a rien de tel.
Uniquement un prince charmant et une génitrice détestable.

Mes mollets caressés par les fins draps blancs étaient encore maquillées de bleus, s'effaçant trop lentement de ma peau. Le soleil éclairait mon grand pansement, dont le rouge disparaissait au fur et à mesure qu'on me le changeait.
Mon physique allait mieux, certes, mais mes pensées étaient toujours aussi bleues.

Non pas bleu azur, indigo voir électrique.
Elles demeuraient d'un bleu sombre, comme les fonds d'un océan qui cachaient trop bien des secrets rouge sang.
Un bleu comme l'ombre d'une baleine solitaire.
Les veines d'un malade.
Le jean d'un homme dans la rue, sur le trottoir, les yeux rouges. Un homme qui riait contre ma poitrine, joint entre les doigts dont l'annulaire était nu.
Un homme dont le cœur battait aussi fort pour moi, caché derrière les bâtiments gris, me soufflant sa fumée toxique dans ma bouche prête à l'attaquer des siennes.
Les baisers interdits et les rires étouffés.
Ça me manquait comme ça me dégoûtait.

Je me surpris en caressant ma main, ici à Malte. La nostalgie m'étouffant tendrement. Les rideaux se soulevaient doucement mais à part ça, rien ne bougeait.
Je ressentais, si longtemps, les minutes couler comme des larmes chaude.

Yoongi arriva enfin, transpirant, les joues rougies. Il était à mon chevet et chacun de ses gestes me déclaraient qu'il allait y rester.
Nous étions si assoiffés d'attention et d'amour que nos bouches étaient constamment entrouvertes, aussi patientes que capricieuses, elles attendaient.
Mes lèvres en tout cas, asséchées par le sable du temps, ne recherchaient que refuge dans celles que je contemplais.

Yoongi me prit en flagrant délit. Je me léchais les lèvres pendant qu'il me soignait. Il agissait comme s'il n'avait rien vu, ignorant mon acte pervers et continua de nettoyer mes cicatrices écarlates.
Je fermai les yeux, échappant aux picotements mes surtout, en me sentant parfaitement idiot.

"J-J'ai fini." Dit-il en essayant de quitter mon corps malade.

J'ouvris mes yeux et vit ses doigts se rapprocher du petit pansement sur mon nez.
Il ne l'avait pas changé.
Je le décollai en grimaçant, attendant d'en avoir un nouveau.
Il sortit du sachet de la pharmacie, une boîte rose. Des pansements Hello Kitty.

"J'étais pressé." Expliqua t'il, cachant un sourire avant de se lever et se jeter sur les valises.

Je m'assis au bord du lit, retenant des grognements.
C'était un silence réconfortant qui nous berçait, comme un câlin fantôme. Et ne sachant pourquoi, en déposant le pansement coloré sur mon arête du nez, je sentais que tout allait bien se passer.
Que tant que était Yoongi avec moi, le monde ne pouvait me faire du mal.
Et que tant que je le surveillais, il ne sauterait pas de repas, ou n'exprimerait pas l'entièreté de ses sentiments en métal dans mille beaux textes.

Je voulais colorer ses paroles.
Arroser son bouquet de vie dont il avait oublié les couleurs.
Remplacer ses lunettes grises par d'autres qui, lui feront voir les paysages dont il rêvait, peut-être, petit. Mais, faudrait-il d'abord que je me procure ses lunettes.
Et dans l'idéal, trouver deux paires.

Je me levais enfin, respirant profondément tout en observant Yoongi. Il était accroupi face aux valises, les remplissant aléatoirement.

"Où est-ce qu'on va ? Demandai je au bord de la fenêtre grande ouverte.

Je n'entendais plus les tissus se froisser. Je tournai la tête et rencontra celle de Yoongi à quelques centimètres.
Il regardait mes lèvres comme un oasis en prononçant :

"Là où plus personne ne te fera du mal."

Mes yeux papillonnèrent.

"Lol," son regard glisse dans le mien, il souriait. "Je sais pas mais bouge ton cul si tu veux partir.

Je fermai la fenêtre, me retournai, puis rougît.

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant