⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵ

chap'29

✈︎ Seoul, Corée du Sud
18:30
1er août

J'appliquais de la crème solaire sur mon nez, mais l'été paraissait être la saison dernière.

Ces moments chauds et précieux à l'autre bout du monde semblaient s'être évaporés sans que je ne le remarque, tels des poèmes tracés sur une fine vitre embuée.
Parfois, les vagues et les rues pavées paraissaient être des fragments de rêves impossible à mémoriser plus d'une heure. D'autre fois, le goût du vin que je buvais en tenant sa main se glisse sur ma langue, comme si j'y étais encore.

Et lorsque j'oubliais sa voix ou pleurais ses yeux, j'écoutais l'enregistrement vocal de la mélodie qu'il avait humé avant de sauter dans l'eau. La tête la première. Je riais de cet absurde souvenir qui m'avait donné des sueurs froides, comme je riais de notre baiser dans la piscine.

Mais lorsque mon regard se posait sur ma valise, j'arrêtais de rire.
Je n'avais pas osé l'ouvrir depuis, car à vrai dire, je ne m'habillais plus. Simplement car je ne sortais plus.

Les membres du groupe de musique pour qui je composais faisaient leur service, donc je travaillais depuis mon nid et envoyait des chansons à qui m'en demandait. Être créatif étant compliqué, je mettais du temps à répondre à leurs attentes toutes si similaires, mais éventuellement, ce jour-là, le 1er août, je devais sortir rencontrer quelqu'un pour un contrat à longue durée.
Je devais sortir, et m'en sortir.

La valise à l'entrée de l'appartement poussiéreux me hurlait de l'ouvrir. Et Hope, mon unique meilleur ami, poussait sa tête contre l'arrière de ma cheville. J'obéis en râlant, comme s'il ne me laissait pas le choix.

En me baissant, mon estomac se noua.
Ma main sur la fermeture éclair, tremblait.
Je voulu me relever, mais Hope se mit devant moi. Il me fixait. Il m'ordonnait de le faire avec une telle sévérité que j'en étais surpris. Lui qui était si doux d'habitude.

"Ok pas la peine de me regarder comme ça hein." Soufflais-je.

Je croisai le visage souriant de Hoseok sur une impression Polaroïd accrochée au mur.

"Vas-y." Sembla t'il me dire.

Mon bras entoura la valise et celle-ci était entrouverte.
Et là, si près du but, s'écrasèrent sur mon dos un tas d'excuses pour ne pas l'ouvrir entièrement. Je croisai mes bras sur la valise et respirai fort, sentant que ma poitrine pouvait m'abandonner si je ne fermais pas mes yeux ne serait-ce que quelques instants.

Ce n'était qu'une simple valise de toute manière.
Qu'une simple valise.
Qu'une simple coïncidence.
Qu'un simple homme.
Qu'un simple souvenir.

Ce n'était rien du tout.

J'ouvris ce rien du tout, et tombai nez à nez avec un post-it jaune.

Un post-it jaune collé sur un pull Gucci.