⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵ

chap'21

✈︎ Valletta, malta
09:09
13 juillet

"Bonjour p'tit bout, j'espère que tu as bien dormi même si je sais exactement où tu as mal en ce moment même :)
Je t'attends au petit déjeuner là, je t'ai sûrement fait un plateau avec des trucs que tu aimes avant que les autres gens de l'hôtel (moi inclus) gobent tout.
Pour je ne sais quelle raison, je préfère t'écrire plutôt que de te faire un monologue qui t'endormira très sûrement enfin bref.

Je veux que ces vacances,
bien qu'éphémères,
soient les meilleures de toute notre vie.

Que dans tes souvenirs elles aient l'air d'une grande toile beige et bleue, dont tu es fier d'avoir peint avec moi. Une toile qui resterait dans un grenier, à des océans de nous, mais quand les temps seront aussi durs qu'avant Malte, on pourra y revenir et la contempler ensemble en silence.
Une peinture qui pourrait faire partie d'une série aussi, qui sait si lorsque nos avions décolleront vers la Corée, nous serons incapables de vivre une minute de plus séparés.

Quand nous aurons fini de gober nos pancakes là, je t'emmènerai dans un salon de coiffure pour qu'on puisse se colorer les cheveux, puis on frimera dans la rue telles des rockstar en direction d'un salon de tattoo. Tu seras terrifié à l'idée d'avoir la trace douloureuse d'un inconnu sur ta peau pour toujours, mais ma main sera là pour que tu puisse la serrer aussi fort que tu le voudras.
On pourra aussi s'arrêter à plusieurs pubs pour comparer leurs boissons en se prenant pour des critiques (bon je sais que tu fais déjà ça tout seul mais je veux rejoindre la fête.)
En parlant de fête, il y en a une dans une paillote ce soir. J'espère qu'on y ira, qu'on y dansera comme des démons, heureux et au bord d'une overdose de notre amour.
C'est un plan bancal et tiré d'un teen drama j'avoue, mais j'ai aussi hâte de nos péripéties, de nos déceptions et de nos larmes ensemble.
Qu'on aille se baigner nus ou tout habillés, sauter en parachute ou faire de la plongée sous-marine. Qu'importe, cet endroit sera notre paradis et tu es l'unique ange dont j'ai besoin pour tout oublier.

En espérant être le tien aussi,
Je t'aime.

-Taehyung.

PS : te peindre en tenue d'Adam est dans mes plans."

Tout ce que j'ai pu pensé à ce moment, c'est que je le détestais d'avoir gâché deux pages entières de mon carnet.
Enfoncé dans les épaisseurs des couvertures blanches, je ne su faire l'aparté entre rêve et réalité. Je retenais des larmes souriantes, constatant que j'en lâchait beaucoup trop ces temps-ci.
Je me contentai alors de sourire devant l'écriture chaotique de Taehyung, me relevant lentement.
Face à la fenêtre, je ne vis qu'opportunités d'euphories, sans plus jamais penser à m'en servir de plongeoir.

Devant le large miroir de l'ascenseur, je ne faisais qu'observer pour la dernière fois ma chevelure sombre.
Je sortais de la boîte en sautillant presque, cherchant la table où il déjeunait.
Je le trouvai au téléphone, de dos.
Ses épaules ne m'avaient jamais paru aussi large.

"Je vous l'enverrai ce soir." prononça Taehyung avant de raccrocher.

Il se retourna en faisant glisser ses doigts le long de sa chevelure, exposant son front que j'embrassai furtivement.
Je m'assis sur la chaise devant lui, satisfait d'être ici. Presque parfaitement heureux.
Ôter mon petit sourire ne ferais que raviver mon chagrin, mais la simple vue de Taehyung gommait toutes cicatrices.

"Tes joues sont toujours creuses, mange." Dit il en mettant des œufs pochés sur mon assiette.

Je hochai ma tête doucement tout en faisant gonfler mes joues de bonnes choses. Taehyung pris une vidéo derrière son écran, tout sourire.
C'était absolument insensé comme ses grands yeux brillaient, alors qu'il y a quelques heures il m'étranglait sans aucune pitié.
Y repenser me raidissait faiblement.

"On fait quoi en premier ? Demandai je en virant les miettes logeant au coin de ma bouche.

-J'me sens encore un peu sale depuis hier... Sauna ?

-Hein ? Sauna ? Alors qu'il fait une chaleur pareil ?

-Comment je t'explique que je veux être dans une pièce humide, nu avec toi alors ?

-Putain pas si fort...

-C'était pas ce que tu disais..." Il s'approcha puis chuchota : "Hier soir."

Je le menaçai de lui renverser de l'eau à la figure, il rit, s'assit, puis se lança dans une contemplation qui fit de moi l'être le plus rouge.
Les étoiles dans ses yeux m'affirmaient qu'il était fou maintenant. En pleine passion pour moi.
Le reste de mes doutes s'évaporèrent ainsi, ma main glissant sur la sienne, acceptant toute la chaleur qu'il offrait à ma paume.

A la rupture de notre contact, il vit sur le haut de son poignet un bout de papier blanc, aux bords déchirés.
Il le déplia, la joie s'appliqua à son beau visage, et lorsqu'il leva les yeux, il ramena mon visage à quelques centimètres du sien.
Au dessus de la table de déjeuner, il déposa un baiser sur le bout de mon nez.

"Je n'utiliserais plus de page de ton carnet, promis."