chap'27

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✈︎ France, Provence
00:56
18 juillet

Nous avions atterri dans un bar local bondés d'hommes, très certainement, en plein divorce nous accueillant de  "Ni Hao".
Nous étions sortis aussi vite que nous sommes rentrés.
Leur ignorance m'empêchait de noyer mes tripes dans du poison consolateur, c'était désolant.

"Autant retourner chez les Kim, je connais le code de leur cave, proposa Jimin en me jetant son casque de moto d'une main, une bouteille d'alcool fort volée dans l'autre.

- Non, répondis-je.

- Il y a ta valise là-bas, on y retournera forcément.

- N-ne me parle pas de valise. Juste conduis.

- Vers où-

- Conduis."

Son regard semblait plein de jugement mais éventuellement, il céda devant mon cœur brisé et mon désir de jeter mes pensées dans le ciel d'été. Peut-être même qu'il le désirait aussi.
Comme il y avait peu de lampadaires longeant ce semblant de route, toutes les étoiles de la Voie lactée et tous les avions qui pouvaient exister, semblaient danser sous les cheveux de Jimin.
Je m'étais accroché à sa taille, ma joue sur son dos, les yeux clos, l'âme apaisée, car je m'oubliais.
Le vrombissement contre la brise me berçait, mes mains s'abandonnaient sur les cuisses de Jimin, je ne ressentais que l'air souffler sur mes chevilles nues, et parfois, des insectes voulaient s'y agripper.

Ce même vrombissement, s'éteignit.
Des crépitements de bois le remplaça.
Il y avait une chenille sur mon doigt.
J'étais sur le sol, les chevilles salies.
J'étais sur le sol.

Je me relevai, me libérai du casque et aperçu des lumières.
Elles grandissaient, semblaient avoir ma taille et elles avaient une odeur.
J'eus vite réalisé, mais je n'eus aucune réaction.
Je ne voulais pas réagir.

J'étais resté au sol, le dos contre cette terre inconnue, si loin de chez moi.
Il n'y avait que les constellations, les flammes, et moi.
J'attendais, dans cette fausse ambiance de feu de camp, de partir en cendres moi aussi. D'être aussi démembrée que la moto. Puis que l'on choisisse mon destin : être réparé, avec soin et par amour, ou être jeté à la casse, comme je le méritais sûrement, car il n'y avait plus d'espoir.
Il n'y avait que les constellations, les flammes, moi et Jimin.
En le voyant à peu près debout, je regrettai amèrement de ne pas avoir pensé à lui en premier. Il m'avait aidé à me relever malgré le fait qu'il titubait et tentait immédiatement d'appeler les secours. Il fallait vraiment qu'il n'y ai pas de réseau dans ce milieu de nature.
Tout semblait si loin du chemin que l'on avait emprunté, de chez Taehyung et de lui-même. Je désespérais devant ces grandes flammes qui me narguaient, dansant toutes ensemble sur la moto de Jimin, qui lui, essayait de la sauver avec sa veste en cuir.
Une fois son combat terminé, il s'appuya contre le même tronc d'arbre que moi pour me proposer son épaule en guise d'oreiller.

« Dit moi ce que tu ressens jusqu'à ce que le soleil se lève si il le faut. Ne garde pas pas tout pour toi éternellement. »

Je me contentai de rire en acceptant son épaule, mais sûrement pas son invitation à devenir son patient d'un soir.

Devant mon silence, il prit une grande expiration, puis dit :
« Je parlerai alors. »

Et il parla. De l'histoire de sa moto, de lui, de sa peur du rejet, de son envie d'être une meilleure personne, des étoiles, des océans, des chansons qu'il aimait le plus, de sa famille qu'il aimait de tout son être, presque de Taehyung, puis il avait remarqué que je ne m'étais pas encore endormi, alors il parla d'un garçon dont il ne connaissait pas le nom, mais qu'il pense sincèrement aimer. Juste comme ça. Il était anormalement convaincu qu'il était fait pour lui. Et lorsqu'il parla de cet étrange amour qu'il ressentait pour une personne, je commençais à m'endormir, en imaginant que Taehyung pensait de moi, exactement comme Jimin pensait de cet inconnu.

« Je sais que Taehyung ne faisait que son travail, commençais je en regrettant déjà mes prochains mots, mais ça serait insensé de l'aimer après ça non? Après m'avoir menti, enlevé Hose-

- A mon avis, personne ne t'a enlevé Hoseok. Il est parti de lui-même et regarde toi... Tu l'aimes encore mais le plus grand menteur de l'histoire, n'est-ce pas... lui ? Dit il en me montrant la bague autour de mon annulaire.

- Pff... T'as tellement tort. »

Il avait tellement raison.

Étonnement, tout cela n'avait pas dépassé une heure.
Peut-être nous restait-il encore du temps.
On ne pouvait pas rester là, à s'enfoncer sur nos peurs, quand il nous suffisait de mettre un nom dessus, puis de le crier.

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant