chap'28

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✈︎ France, Provence
01:56
18 juillet

J'entrais enfin dans l'avion, et après une heure à tenter de dompter mes réflexions en vrac, je demeurais toujours aussi incertain qu'a la minute où j'ai demandé à ce que l'on me conduise ici, ce portail qui mettrait fin à tout.
Entre temps, j'avais changé de vol, je voulais aller plus loin que la Méditerranée. Je m'apprêtais à rentrer à la maison, enfin.
Je m'apprêtais à tout arranger.
Chaque pas me rapprochant de mon siège alourdissaient chacun de mes doutes, chacune de mes peurs, et aucuns de mes soucis ne semblaient vouloir me libérer de leur poids. J'étouffais de ces pensées même, espérant naïvement qu'être parmi les nuages me permettra de respire un peu mieux. Juste un peu.

J'allais éteindre mon téléphone lorsque je reçu un message de Jimin.
Sa vieille tête là.
Il me demandait, à presque deux heures du matin, où j'étais, où j'allais, si j'avais mangé et d'autres idioties. Faussait-il cette soudaine inquiétude a mon égard ? Je ne savais d'où venait cette étrange méfiance non plus. Je lui répondis la vérité, suivi de points, comme lors d'un interrogatoire. Puis je n'attendis pas sa réponse et éteignit immédiatement mon mobile, pensant aussi éteindre ces milles questions cérébrales qui m'envahirent la seconde d'après.

Était-il avec Yoongi ? Avait-il écrit ce message ? Avaient-ils mangés ? Pourquoi m'envoyer un message maintenant ? Etait-il en danger ? Étaient-ils en danger ? Avaient-ils besoin de moi ? Comment allait Yoongi ? Me détestait-t-il encore ? Bien sûr que oui. Ils devaient s'assurer que j'étais le plus loin possible de lui, ici, entre les murs courbés de l'avion, là où il m'est incapable de le blesser une nouvelle fois.

J'augmentai le son de la musique qui sortait de mes écouteurs en espérant qu'elle étouffe ces pensées, ou même qu'elle les embellissent. Mais elle ne faisait que donner un rythme à mes tourments, ne faisant qu'intensifier ma folie.
Un bébé criait et pleurait dans les bras d'une très jeune fille aux cheveux rouges. Plus loin, une femme pleurait dans les bras d'une autre qui devait avoir l'âge de mes parents. Et mon voisin était un simple garçon dont la personnalité était imperceptible. Un simple gars dans la vingtaine ou dans la trentaine dont les traits ne reflétaient ni sympathie, ni antipathie. J'en étais ravi, il n'allait pas m'embêter.

N'étant même pas assis à côté du hublot, incapable de regarder les villes, les nuages et les mers dans toute leur infinité défilé sous mes pieds, je constatais que l'ennui allait être mon seul copain de voyage.
L'attente du décollage me semblait déjà assez pénible.
Trop pénible pour être normale.

Je me levai de mon siège, convaincu que l'expression faciale des hôtesse de l'air était encore plus faussement confiantes que d'habitude. Elles me demandaient de rejoindre mon siège, tout sourire, une veine craignant de quitter leur front.
J'étais comme attiré par la porte de sortie, par ces « Monsieur, s'il vous plaît », et par cette voix que je n'arrivais pas à distinguer.
Et puis quand je vis le cœur de ce malentendu.
Ces visages inconnus.
Je me sentis blessé.
Et déçu, de moi-même.

« Je vais rejoindre mon siège. » dis-je en me courbant face à l'hôtesse.

Mon voisin ne prêta pas attention à mon lourd retour au siège. Je mis un masque noir, dissimulant mon sourire inversé, et attendis patiemment le dénouement de cette histoire, pour en recommencer une en Corée.
Cet avion mettait tant de temps à décoller, que je me demandais si une quelconque divinité ne me disait pas de le quitter lorsque je le pouvais encore.
Si c'était pour me prévenir d'un crash, j'étais loin d'en être gêné.
Et si c'était pour me retenir ici...
Sans façon. Tout le monde souhaitait mon départ. Moi y compris.

Je voulais m'endormir pour ne plus bouger de ce siège, rester compressé entre ces accoudoirs, rester prisonnier de mon impulsion.

Je voulais m'endormir et me réveiller chez moi, entendre des gens parler ma langue, manger la nourriture de mon enfance, puis tout recommencer. Oui, c'était vraiment ce que je voulais, et ne pas être rattrapé par le passé d'il y a que les heures.

C'est bon, je dormais.

« Taehyung ! »

Yoongi était devant moi, retenu par des hommes habillés en noir.

Je rêvais ?

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant