chap'24

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✈︎ Dans les airs
20:00
17 juillet

Après avoir longuement ré observé les paysages qui défilaient sous nos pieds à des centaines de mètres, il replongeait entre des pages marquées par des souvenirs auxquels il offrait des rimes. Et quant il eut écris une dizaine de phrase, ses yeux se posaient sur mon corps entier. Il m'observait, il absorbait de ma chair une inspiration qu'il exploitait aussitôt, puis, prit par la fatigue d'esprit, il balançait sa tête contre la vitre et se perdit dans chaque nuage.
Ses yeux firent cette trajectoire pendant tout le trajet, tandis que les miens ne le quittaient que quelques fois.

Le jet privé qu'il m'était forcé d'utiliser rejoignait le sol français. Une fumée de nostalgie sucrée aurait rempli les poumons, si l'idée de revoir mes géniteurs n'assombrissaient pas mon esprit tout entier. Le souvenir de leurs voix alourdissaient mon cœur, et mes pas lents sur la piste d'atterrissage. Le son des roues glissant contre le goudron brûlant grondait en solo.

Dès que nous entrions dans le van, une vague de fraîcheur calma les gouttes de sueur qui menaçaient de perler sous ma frange. Yoongi commentait un peu tous les arbres qu'il voyait, je ne prêtais pas vraiment attention à lui car un stress, des menottes en coton, me bouffaient.
Bien que la climatisation était allumée, je ne pu m'empêcher de baisser la vitre.
Il fallait que je respire.

Ce trajet m'avait paru atrocement bref, le temps de penser et de repenser m'avait été volé. On dit que l'on est jamais prêt à quoique ce soit, mais là c'était extrême. Là, à cet instant cru, je voulais crier et m'enfuir, me réfugier entre deux rues de Malte, entre les deux bras de Yoongi. Ce dernier était déjà hors du véhicule, plongé dans une contemplation du soleil couchant et de ses draps dorés.
Il s'exclamait, soupirait et cette musique m'était suffisante pour me calmer, ne serait-ce qu'un peu.
Sa main m'avait semblé bête toute seule, le long de son corps, alors je l'ai attrapé et je ne l'ai lâché qu'une fois devant la porte d'entrée massive.

Les couleurs de la demeure familiale - is on peut appeler ça une famille - se mariaient aux cadre provençale d'une manière excellente. Il n'y avait que vignes et des oliviers, baignés dans un soleil presque endormi qui embrassaient un dernière fois les milliers de cailloux sur le passage.
Yoongi était dans l'émerveillement total. Il souriait sûrement pour m'apaiser. Mais ici, à une porte de l'enfer, mes muscles ne connaissaient pas le mot "détendu".
Il n'y avait pas de gardes comme dans le building à Séoul, ni de porte automatiques où il suffisait de présenter son beau visage d'héritier pour aller à la rencontre de mes parents, les snober, puis repartir par cette même porte.
Non. Je devais prendre l'initiative de cogner mon poing contre le bois. D'attendre une réponse, et enfin, de se retenir de vomir face au Botox de ma mère.
La pensée de cet algorithme me tétanisait.

Et comme si Yoongi pouvait la lire, il l'effectua. Il me délivra de cette besogne dans le plus grand des calmes, un sourire dissimulé sous sa tendre froideur.
Il ne me regardait même pas, il savait tout simplement.

Nous attendions alors une réponse à deux, puis soulagement. Jimin ouvrit la porte, une grimace d'enfant ayant cassé un pot de fleur sur son visage.
La maison était silencieuse.
La tension se fit ressentir lorsque mes chaussures frôlèrent le marbre de l'entrée.
Merde alors, mon arrivée et mes déclarations allaient la faire grimper subitement.

"Il parait que ton père ne veut pas passer un accord avec hum je sais plus qui." Commença Jimin, constatant la présence de Yoongi. "Allons dans le jardin, il fait bon non ?

-Je vous rejoindrais plus tard, je dois d'abord faire un truc important." Répondis je, laissant alors les deux inconnus seuls dehors.

En montant les escaliers vers le bureau de mon foutu père, tout juste sorti des soins intensifs, cet état anxieux qui m'affaiblissait depuis des nuits se métamorphosait en excitation incontrôlable.
Un fou rire me prit sur le palier.
Sa tête de vieux plouc enragé, sa voix meurtrie par le temps qu'il allait tenter d'élever, son envie de me frapper avec une ceinture comme lors de mon enfance. J'étais trop impatient d'y assister, puis d'en rire avec Yoongi sur le chemin du retour.

Ma lettre était entre mes mains.
Il suffisait d'entrer dans cette pièce, la lui donner, profiter du spectacle, puis de partir.

J'entrai dans la pièce.
Mon père alors, ne ressentant aucune émotion à la vue de son fils aîné, me dévisageât.
Je voulais pleurer. J'avais peur.
L'enveloppe glissa sur son bureau.
Il lit ce qu'il y avait inscrit.

"Lettre de résignation"

Ses sourcils se fronçaient et se rejoignaient puis se tordaient, enfaite il dansaient.
Sa vieille bouche s'ouvrît, et avant qu'il ne me hurle quoi que ce soit, je prononça :

"Les rumeurs sont vraies père, je sors avec un garçon."

Je me retournai, tout fier, prêt à tracer ma route, laissant derrière moi le chaos me courir après sans qu'il ne me rattrape, inconscient qu'il allait me rattraper bien plus vite que je ne le pensais.

"Plus maintenant." Dit Yoongi, au seuil de la porte, trois joints à la main.

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant