chap'10

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✈︎ hôpital saint james
11:22
8 juillet

"Hey." Répondit-il en tentant de masquer son sourire idiot.

P'tit con.

J'aurais, normalement, du ressentir au moins une once pitié en le voyant là.
Allongé sur ce lit gris, le visage parsemé de minces pansements et de larmes sèches.
Mais il le méritait tout ça.
Il méritait la douleur d'être seul et blessé.
Le ressenti d'être faible et de regretter.

Et j'aurais, normalement, du me rendre compte qu'il me manquait.
Que malgré nos différents - que dis-je - toute la haine que je ressens pour lui, je l'aimais peut-être un peu. La faible possibilité qu'un fil d'affection pourrait nous relier lui et moi.
Normalement.
Mais tout ça,
j'en étais conscient même avant de le revoir.

Je me blâme tant d'être tombé amoureux de deux imbéciles.
Deux imbéciles qui s'aiment.
Que j'aime
Et qui m'aiment.

On aurait pu être un truc à trois si on y pense, et si Hoseok n'était pas en hôpital psychiatrique.

Il allait si bien.
Il souriait tant.
Il avait mal, toujours, mais riait tant.

Et celui qui lui a tout pris est devant moi,
et a besoin de moi.
Celui qui m'a détruis, me souris là.
Taehyung.
Celui qui m'a fais fuir de chez moi, qui me l'a même fait détester car les souvenirs de l'homme que j'aime y flottaient et attendaient le moment propice pour me poignarder.
Me faire pleurer si fort.
Le gars qui embrassait mon fiancé lorsque je le croyais à la salle de sport, aujourd'hui, espère que je lui tienne sa main bleutée.

Ma gorge se serra.
Je n'osai même plus lui tendre les sachets blancs qui tremblaient sous l'emprise de mes doigts contractés.

Je ne sais quelle force - peut-être était-ce ses yeux brillants - me donna l'envie si insensée de lui pardonner.
Je m'avançai, posai les sacs à sa table de chevet, ne quittant des yeux le sol.

Alors que j'allais me retourner pour de bon, dire adieu au salopard de ma vie, sa main entoura mon poignet.
Ses doigts gelés, un frisson traversant l'entièreté de mon corps, une espèce de vague s'écrasant contre mon cœur et enfin, son désespoir coincé dans son regard.

"Je t'en supplie, reste." Chuchotait-il.

A en entendre l'hésitation dans sa voix, et en constatant le faible tremblement de sa main glissant vers la mienne, je remarquai qu'il s'attendait a un "Non" dont il ne se remettrait sûrement pas.

Mais je m'assis alors sur son lit, à côté de lui.

"Ok." Répondis-je.

Parce qu'il avait changé.




𝙇𝙖 𝙣𝙪𝙞𝙩 𝙙𝙚𝙧𝙣𝙞𝙚𝙧𝙚

Devant la flaque de sang grandissant sous son dos, les pas des jeunes coupables semblaient résonner comme des alertes. Alertes inévitables qui me convainc rapidement de les suivre à en perdre mon rythme cardiaque.
Nos semelles s'enfonçant contre les pavés sombre et beiges, je ne savais plus si c'était moi qui accélérait, ou eux qui ralentissaient.
Leurs vestes volantes dans la course furent vite à portée de mes mains, je m'y agrippai, et allai chercher je ne sais où une force pour les plaquer contre le premier mur à ma droite.
Leurs joues écrasées, je ne me souviens plus exactement de ce que j'avais hurlé, mais ils me répondirent tremblant sous mon emprise qu'ils étaient désolés.
Les entendre me surprirent. Leurs regards intimidés, brillants dans la nuit transpirante aussi. Avais-je vraiment l'air si énervé ? Pour Taehyung ?
Je me rappelle leur avoir ordonné de ne plus bouger pendant que j'appelais la police, puis l'ambulance. Les adolescents baissaient le regard. C'est là qu'une chose m'échappât.
Le contexte.
Mes yeux, éclairés par l'écran de mon téléphone croisèrent ceux d'un des deux garçons. Ses mèches rouges cachaient ses cernes, il se mordillait la lèvre nerveusement, essayant de son index, de prendre la main de son voisin.

"Dis moi ce qu'il s'est passé. Ordonnais-je en anglais.

-Rien d'important. Répondît-il en roulant les r."

Le lampadaire a quelques mètres de nous me permis de voir dans les yeux du second, une larme se former.
Il me vit.

"Le gars... le gars a voulu prendre notre weed mec. Genre, on fumait tranquille et i-il débarque avec ses leçons... Gianni a pas supporté."

Il prit alors la main du dénommé Gianni, qui baladait son regard dans les étoiles et les nuages plus qu'obscurs.
Mon attention se détourna sur leur mains, et le sang qui séchait sur elles.
Le sang de Taehyung.
Le sang d'un Taehyung qui avait changé.




Ses yeux s'élargirent pendant que ses doigts glissaient vers les miens. Il scrutait nos mouvements si lent, dans le silence rose pâle.

Ses caresses me chuchotaient son amour qui me donnait l'impression d'être stupide, au fur et à mesure que je l'acceptais.

Une larme rejoignit ses lèvres d'où s'échappèrent un "Merci" tout chaud, à peine audible.
Je n'osai toucher l'eau claire qui venait de glisser de ses yeux, mais je me vis repousser sa larme de mon autre index, en entendant la porte de la poignet de la porte se baisser derrière moi.

Je ne me retournai pas, le regard de Taehyung était toujours vers moi.
L'odeur de la nourriture infecte envahit la pièce mais ce n'était point un problème.

Nous n'étions plus seuls.
Et je ne le détestais presque plus.
Presque.

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant