29 - Stupeur

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Date inconnue - Jacques,

La chaleur est à peine supportable, on nous donne de l'eau par petite quantité. Bénédicte est épuisée, l'humidité ambiante est intenable. On nous a libéré de nos perfusions et des sédatifs depuis quelques heures, je ne sais pas vraiment depuis combien à vrai dire, mais je me sens mieux.. Je dirais que notre prison doit faire entre six et huit mètres carrés. 

Les tranquillisants n'agissant plus, nous pouvons désormais errer dans ce lieu. Nous faisons nos besoins dans un sceau et nous lavons avec un petit robinet. Il semble y avoir une table. A vue d'œil je dirai que nous sommes dans une cave.

Nous sommes à bout de nerfs, au bord du gouffre, je me demande combien de temps encore nous allons survivre. On refuse de nous parler, de nous expliquer pourquoi nous sommes ici.

Les journées sont interminables, le petit voile lumineux qui nous éclaire est uniquement à un moment de la journée. Je ne sais même pas dire s'il fait jour ou nuit et depuis combien de temps on est ici... Tant bien que mal nous essayons de garder espoirs que l'on sorte d'ici.

Nous sommes tirés de nos pensées par le bruit de cette porte métallique. Ce bruit est devenu anxiogène.
- Debout là dedans ! Dit une voix enthousiaste.
J'ouvre difficilement les yeux, éblouie par la lumière provenant de l'autre côté de la porte. J' aperçois l'ombre d'un homme, plutôt grand et musclé.
- Je vous ai manqué ? dit-il d'un ton désinvolte en s'avançant.
La lumière est tellement intense, que je ne perçois pas les traits de son visage. Mais cette voix, je l'ai déjà entendu quelque part.
- Alors Maman ! Qu'est ce que cela te fait d'être enfermée  une cave ?
Maman ? Bon sang, elle disait vrai ! Soudain je sens la peur monter en moi. Nous sommes face à un véritable malade !
- Voici ce que j'ai subi pendant mon enfance ! J'espère que cela vous plait !
Bénédicte hurle, un hurlement de peur, qui me donne froid dans le dos... Je la vois se tétaniser. Je suis impuissant face à cette situation.


- Je sais que tu n'es pas mon père, mais le connais-tu ? Me demande t-il alors se tenant à quelques centimètres de moi.


La lumière puissante m'empêche de percevoir les traits de son visage. Je n'arrive pas à savoir qui il est.

Un bruit sourd retentit de l'autre côté de la porte. Notre ravisseur s'y dirige en s'y pressant.

Au travers de la lumière on peut y voir une seconde personne qui arrive. Ils se regardent, se parlent, ils ont l'air de se disputer. Mais ils sont combien ? Il m'est impossible d'ici de savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme ! Puis la porte métallique se referme, le noir reprend sa place.

Bénédicte me regarde les yeux emplis de larmes.
- Je suis tellement désolée dit-elle entre deux sanglots.
- Ne t'inquiète pas, nous arriverons à nous en sortir tente-je de la rassurer.

Tout cela n'est qu'un cauchemar, je vais bientôt me réveiller me dis-je sans grande conviction. Il faut arriver a échafauder un plan pour quitter ce lieu !

06 Août 2016 - Lola,

Avant-hier j'ai passé la journée auprès de Maxine, ma petite nièce. Arrivant à respirer, s'alimenter seule et ayant pris du poids, les médecins ont autorisé la sortie.

J'aime sentir son odeur et entendre le son de ses pleurs. De pouvoir la porter prés de moi, j'ai l'impression que quelque part cela m'a aidé à y voir plus clair. Je n'ai désormais plus peur d'imaginer ma vie avec un enfant.

J'aime Maxine d'un amour puissant, comme jamais j'aurais pu l'imaginer. Elle est le cadeau que j'attendais ..

Ce matin je retourne sur Rouen afin de pouvoir aller voir Jacques et Bénédicte. Je n'arrive pas à les joindre et n'ai aucune nouvelle d'eux. Je sais qu'ils m'ont dit qu'ils avaient besoin de prendre l'air.. Mais je n'aime pas ça.
Je vais aller à leur maison pour vérifier s'ils sont là. Et si jamais ils n'y sont pas, j'irai poser la question aux gendarmes. Avec tout ce que Jacques m'a raconté, j'admets être anxieuse.

Attrape-moi ... si tu peuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant