/29/ Carly

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A la fin du film, je marche rapidement pour que Stan ne me voit pas. Heureusement, il ne m'a pas aperçu. Dieu merci.

Je sors rapidement du cinéma et rejoins l'arrêt de bus le plus proche pour pouvoir partir au plus vite.

Mais les choses ne se déroulent pas comme je l'avais prévu...

Le bus a 10 minutes de retard et Stan et ses potes arrivent en ma direction. Putain je suis finie !

C'est alors que comme une tueuse, je rabats ma capuche sur ma tête et m'éloigne de l'arrêt en me faisant toute petite.

Stan ne me reconnais pas et je saute intérieurement de joie.

J'appelle alors Courtney qui ne décroche pas et tente de joindre mon frère mais sans succès.

Pendant une dizaine de minutes, j'erre dans les rues de Los Angeles comme une bohémienne. Putain si mon père voyait ça, il me tuerait ou plutôt il exploserait de rire avant de me tuer.

En relevant ma capuche, je suis aveuglée par des phares au loin d'une voiture, ce con est en plein fard.

Je rabats mon bras devant mes yeux pour éviter d'être éblouie et la voiture s'arrête soudainement sur la chaussée. Je prends peur. Qui veut prendre une jeune fille a l'heure qu'il est ? un kidnappeur ?

La vitre du conducteur s'abaisse et je reconnais le visage de Cameron inquiet de me voir ici à cet heure si tardive.

Je traverse la route pour aller le rejoindre coté passager. Je m'installe à ses cotés et il m'embrasse.

- Putain qu'est-ce que tu fous ici ? Je t'ai appelé vingt fois au moins. Il m'avoue d'une façon protecteur qui me fait craquer.

- Je suis allée au cinéma. Je réponds simplement.

- Et ton portable ?

- Plus de batterie...

Il paraît tranquille et je lui demande.

- Il faudrait peut-être qu'on parle...

Il lève les yeux de sa trajectoire et me regarde.

- Ouai, enfin pas maintenant...

Je lève les yeux au ciel et je regarde la route. Un blanc s'installe entre nous, ce qui devient très pesant.

Puis en suivant le trajet de la route, je remarque qu'il ne prend pas à droite comme il l'aurait fait d'habitude pour rentrer chez moi. Là il va simplement tout droit.

- On va où ? Je demande surprise.

- Attends tu va voir... Il me répond.

Il s'arrête sur le bord de la chaussée et éteint le moteur de sa voiture. Il descend et je fais de même.

Il s'assoit sur un banc et je le rejoins en silence sans poser de questions comme j'ai l'habitude de faire.

Le vent vient effleurer mes joues chaudes et je ferme les yeux quelques secondes pour profiter de ce moment apaisant.

Cameron vient me réveiller de mes pensées en commençant la discussion.

- Tu sais ça se voit pas mais....

Il prend un pause pour réfléchir à la tournure de sa phrase pendant que je me mets à l'écouter en l'observant.

- ...je manque de confiance en moi. Il m'avoue en gardant les yeux rivés sur l'horizon.

La fin de sa phrase me surprend. Comment peut-il manquer de confiance ? Il paraît tellement sûr de lui...

Je fronce alors les sourcils et il continue sa tirade.

- Tu dois te dire que c'est ridicule car j'ai tout ce que je veux...mais au fond les gens ont raison, l'argent ne fait pas le bonheur. Regarde je suis là à me lamenter alors que ma famille est millionnaire. Il me dit en me regardant fixement d'un air triste.

Nos regards se croisent et je finis par regarder la mer au loin en lui disant :

- On manque tous de confiance, la vie est comme ça, y a des hauts et des bas mais il faut juste savoir les surmonter quand c'est difficile.

Il me regarde pendant un petit instant puis baisse les yeux au niveau de ses pieds. Après la fin de ma phrase il ne répond rien.

On regarde le soleil se coucher puis il se remet à parler.

- Tu sais, elle avait seulement 12 ans quand elle est morte.

Je comprends de suite qu'il parle de sa sœur. Je tourne le regard en sa direction et il baisse les yeux comme si ça lui faisait mal d'en parler.

Et là je lui dis avant qu'il ne continue :

- Tu n'es pas obligé....

- Je suis prêt Yona, j'ai longuement réfléchis et je dois te dire la vérité.

Je me tais et affronte un regard que je n'ai jamais vu auparavant. Son regard est sombre et vide à la fois ce qui me rend d'autant plus à l'écoute.

- Elle s'appelait Carly. C'était un jour banal où l'on devait aller en cours tous les deux. Je l'emmenais quotidiennement à son collège car on ne pouvait pas faire autrement. Pendant que je conduisais, ma sœur s'amusait à faire des origamis avec n'importe quel papier qu'elle trouvait dans la voiture. Nous étions en train de traverser un pont dangereux quand soudain j'ai détourné le regard pour regarder son joli petit oiseau qu'elle avait fait...

Ma respiration se coupe, j'attends la fin de sa phrase pour être certaine de ce qu'il va me dire. Mais j'ai déjà compris ce qu'il allait se passer.

- ...j'ai percuté la barrière basse du pont et la voiture est tombée dans le lac...

Je ferme les yeux et me retiens de verser une larme, mais ce n'est pas moi qui la verse en premier, c'est lui.

Elle ruisselle le long de sa joue et finis par s'écraser sur son pull. Il renifle et je prends sa main.

- Quand je suis remonté à la surface, la voiture avait disparue, submergée par l'eau trouble du lac. Ma sœur est restée à l'intérieur, je ne suis pas arrivé à la détacher...Si tu savais comme je m'en veux. Il me dit en pleurant légèrement.

Il s'engouffre dans mes bras. Je suis sous le choc, à la fois soulagée qu'il me l'ait avoué et à la fois touchée par ce que je viens d'entendre. Ça me brise le cœur.

- Ce n'est pas de ta faute, je lui dis en tentant de le rassurer.

- Si je n'avais pas répondu à ses appels, rien de tout ça ne serait arrivé. Il craque.

- Cameron écoute moi, c'était inévitable, personne n'aurait rien pu faire pour la sauver. J'ajoute.

Il se lève et réponds.

- Je n'avais même pas mon permis. C'est pour ça que mon père m'a protégé. Il est intervenu après les ambulances et leur a dit que c'était lui qui était dans la voiture à ma place. Puis il a payé une somme astronomique pour que la presse ne dévoile rien sur Carly parce que c'est un homme connu et puissant. Personne ne sait rien sur cette affaire, seulement le fait que la chaussée était glissante et que mon père a "eu un accident" tout seul. La mort de Carly n'apparaît nul part.

Il prend une pause pour réfléchir et m'avouer.

- C'est ça le pacte entre mon père et moi, il prend ma place dans cette histoire d'accident et à la place je deviens l'homme qu'il veut, c'est à dire reprendre son entreprise. Il s'est servit de moi car il savait que je ne voudrais pas devenir un homme d'affaire. Il attendait juste le bon moment pour me faire du chantage. Et devine quoi, ça a marché, je me suis fait rouler comme une merde et je suis son putain de prisonnier. 

Je suis sidérée d'entendre ça. D'entendre la réaction horrible de son père qui n'est rien d'autre qu'un fils de pute.

Cameron croyait que son père avait prit sa place pour le sauver parce qu'il l'aimait mais en faite c'était seulement stratégique. Il attendait le moment fatidique où il pourrait mettre son jeu à jour et utiliser ses cartes atroces pour détruire la vie de son fils.

Je comprends mieux pourquoi Cameron voulait que personne ne rentre dans sa voiture.

I Feel Alive With YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant