S'occuper à vivre ou s'occuper à mourir. Partie 2

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Jonathan

- Jace Alexander ?

- Oui, la star déchue. Celui qui a commis délit sur délit avant de sombrer dans l'alcool.

- Le jeune homme qui a perdu sa mère et qui est devenu fou par la suite ? Je ne peux pas jouer avec lui, cela ternira ma réputation.

Je prends une gorgée d'un café noir brûlant, et croque dans la pâtisserie française que mon amant m'a apporté pour le petit-déjeuner. Je baisse les yeux sur les photographies qu'il me montre. Impossible de ne pas avoir entendu parler de Jace Alexander, le talentueux acteur qui a commencé sa carrière à 9 ans, succédant séries, films à budget, et publicités jusqu'à ses 19 ans où il a tragiquement perdu sa mère. Ou plutôt, quand sa mère a décidé de le quitter pour aller je-ne-sais-où. L'acteur connu dans le monde entier, perdu dans son chagrin et l'alcool, a embelli sa popularité et attendri ses fans. Pourtant, les derniers délits qu'il a commis et ses petits passages en prison n'ont pas été du goût de tout le monde. Il ne réapparu bientôt plus à l'écran. J'analyse les clichés de ce petit fils à maman dont la beauté peut-être confirmée par tout le monde. Son charme sauterait aux yeux de n'importe qui. Son regard bleu contraste avec la noirceur de ses cheveux bouclés qui lui tombent sur les yeux, et de ses épais sourcils sombres. Sur d'autres photographies à l'éclairage différent, ses boucles prennent la teinte du auburn. Sa peau légèrement hâlée me fait croire qu'il est métisse, et ses lèvres pulpeuses ne semblent jamais s'élever pour un sourire. Je n'arrive pas à savoir... si je déteste ce type pleurnichard qui s'écroule juste parce que sa mère a décidé de prendre de longs congés, ou si j'en suis fasciné. Par le courage dont il fait preuve, tout balancer à la fenêtre pour une seule personne. Pour ses cris, ses revendications désespérées et sa tristesse qu'il montre aux yeux de tous, sans les cacher. Il dit merde, et se fiche de ce que les autres pensent. Il se dévoile, tel qu'il est. Seul.

On dirait une fleur sauvage qui pousse dans la pierre. Librement, courageusement, avec beauté.

Tout l'inverse du grain de poussière que je suis.

Je dois m'attarder un peu trop sur les photographies puisqu'il les retire vivement et m'arrache à la contemplation de la fleur sauvage dont le regard n'est que tempête.

- Ça ne ternira pas ta réputation, au contraire. Jouer avec l'ange déchue, abandonné par sa maman et agonisant va attirer les foules. Avec lui, tu vas grimper, briller plus que le petit fils à maman, et lui prendre toute sa gloire.

Son sourire est celui d'un démon. C'est pourtant ce qui me plaît, chez lui. Cette perversité me fait croire qu'il y a des cœurs aussi moches que le mien. Et le sien n'est remplit que d'espoirs de richesses et de rêves brillants dans lesquels je suis connu mondialement. On n'aura qu'à taper Jona sur Internet pour avoir instantanément la suite de mon prénom. Plusieurs sites s'attarderont sur ma biographie. Je serais plus fortuné que je ne le suis déjà, et je nagerais dans l'or, les artifices, et les flashs. Je serais brillant, splendide.

Je ne serais qu'un masque d'illusions.

Je finis de boire mon café et savoure le reste de mon mille-feuille, puis je me lève et projette de descendre sa braguette.

- Non, pas aujourd'hui, sourit-il. Tu as un shooting photo dans une heure avec Sebastian, et tu sais à quel point il prend du temps à prendre ses fichus clichés.

Je m'avance, déboutonne son jean et descends sa braguette.

- Ce n'est que dans une heure, dis-je en l'embrassant.

Je plaque ma main contre son sexe et parsème des baisers pressés sur son cou. Il étouffe un râle, se laisse emporter durant un instant, avant de parvenir à me repousser.

Le Jeu [B&B]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant