À double tranchant

Chapitre III - L'héritier de Serpentard

Le bruit des couverts résonnait dans le vaste salon du manoir Malfoy, dans le Wiltshire. Draco triait ses légumes par couleur dans différents coins de son assiette. Les repas préparés par Dobby, leur elfe de maison, étaient toujours délicieux. Sauf que contrairement à Poudlard, il n'avait pas le choix du menu.

– Vous savez que Potter a eu son propre balai ? lança soudain Draco. En première année ? Offert par l'école ?

Lucius lui retourna un regard agacé et Narcissa força un sourire compatissant. Évidemment, que ses parents étaient au courant, il les bassinait méticuleusement avec ça depuis son retour de Poudlard. Et avec d'autant plus de conviction depuis que le nouveau Nimbus 2001 était sorti.

Il y eut un silence pendant lequel Draco observa ses parents à tour de rôle, sachant qu'ils étaient sur le point de céder.

– Si nous t'achetions un nouveau balai ? dit finalement Narcissa.

– J'ai cru que vous ne le proposeriez jamais, répondit-il avant d'attaquer la seconde partie de son plan : enfin, un balai, c'est inutile si je ne fais pas partie de l'équipe de Quidditch. Vous saviez que Potter a été pris comme attrapeur l'année passée ?

– Eh bien tu y seras toi aussi, fit Lucius d'un ton sec pour clore la discussion. Le capitaine de l'équipe de Serpentard ne pourra pas dire non à un équipement flambant neuf et des balais de pointe.

Draco esquissa un sourire victorieux et décapita une carotte. Potter allait baver de jalousie, avec son vieux Nimbus 2000. Sans compter, les jumeaux Weasley dont les Brossdurs avaient déjà leur place dans un musée.

ᴥ

Après le repas, Draco retourna dans ses appartements qui comportaient un petit salon aux meubles ébène décorés dans des tons vert et argent, une salle de bain étincelante et bien sûr une chambre, où il ne se rendait que pour dormir.

Il contourna les fauteuils installés près de la cheminée éteinte et alla s'asseoir à son bureau. Il n'avait plus qu'à écrire à Marcus Flint, le capitaine des Serpentards, pour l'informer que son père offrirait des Nimbus 2001, à condition qu'il devienne membre de l'équipe. Aucun doute que celui-ci accepterait. Et si ce n'était pas le cas, il lui remémorerait simplement la raclée que les Gryffondors lui avaient infligée l'année précédente.

Satisfait, Draco trempa sa plume dans l'encrier et commença à écrire sur un morceau de parchemin. Sans se prendre la tête, il coucha la proposition sur le papier et termina rapidement sa lettre. L'enveloppe à la main, il monta ensuite au deuxième étage du manoir en direction de la volière.

C'était une petite pièce circulaire construite tout spécialement à l'intention de leurs hiboux. Celui qui y résidait depuis quelques années déjà, Alphonse, était un élégant hibou grand-duc. Il somnolait en haut d'une poutre vernie, la tête ratatinée dans ses plumes comme s'il tentait de l'y faire disparaître. Draco claqua des doigts pour le réveiller. Le bruit résonna entre les murs et Alphonse s'ébouriffa d'un air indigné.

Draco attendit que le hibou daigne enfin descendre, sachant qu'il détestait ce genre de réveil trop soudain. Finalement, Alphonse agita ses ailes et vint se poser sur le rebord de la haute fenêtre qui faisait presque le tour de la pièce, laissant entrer une vive lumière sur le marbre impeccable. Après avoir attaché la lettre à la patte d'Alphonse, Draco fit coulisser l'immense fenêtre et le regarda prendre son envol.

– Et dépêche-toi où on te remplace, lança-t-il alors que le hibou disparaissait derrière la forêt bordant leur manoir.

Il disait ça presque à chaque fois qu'il envoyait Alphonse en mission, mais au fond, il l'aimait bien ce hibou. Lorsqu'il retourna dans ses appartements, Draco remarqua que la porte de sa chambre était ouverte. De l'autre côté, Dobby s'affairait devant l'armoire, une pile de linge propre posée à côté de lui. Un bref instant, ses énormes yeux verts croisèrent son regard, mais l'elfe se détourna et Draco n'y fit plus attention.