Chapitre XV - Retour dans le Wiltshire

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Les doux rayons de soleil qui baignaient les couloirs du château jusqu'aux vacances semblaient particulièrement déplacés après les événements du Tournoi. La perte de Cedric Diggory avait anéanti le moral des Poufsouffles et celui des nombreux autres élèves qui le considéraient comme un ami. Les rumeurs les plus improbables couraient sur les circonstances de sa mort.

Une effervescence souterraine s'était également emparée des professeurs. Poudlard se préparait à la guerre sous les directives de Dumbledore. Et le Seigneur des Ténèbres agissait certainement de même avec ses Mangemorts. Draco se trouvait à la frontière entre leurs camps. S'il ne se dépêchait pas de rejoindre l'un d'eux et que l'affrontement éclatait, il serait pris dans la mêlée, avec très peu de chance d'en réchapper.

Sauf que sa famille appartenait à celui qui menaçait de le tuer et qu'il refusait de s'allier avec de braves petits Gryffondors qui misaient sur un balafré incapable de sauver sa propre peau, ou d'être un minimum reconnaissant. Excédé par la simple pensée de Potter, Draco balança sa valise dans le porte-bagage vide. En entrant parmi les premiers dans le Poudlard Express, il s'était réservé sans difficulté un compartiment vide. Il ne voulait rien de plus, être seul, réfléchir.

Alors que la gare s'éloignait, découvrant le ciel pâle du petit matin, Draco envisagea sérieusement la possibilité de ne pas retourner chez lui pour l'été. Il examina la banquette face à lui comme s'il attendait une indication sur quoi faire, puis s'appuya contre le dossier, le regard perdu vers le soleil levant. Au loin, les montagnes se peignaient d'une aura dorée.

S'enfuir n'était pas une solution, même s'il parvenait à rejoindre le chemin de Traverse à pied sans se perdre, il n'avait pas d'or, et hors de question de mendier un refuge. Il ne pouvait pas non plus recourir à la magie sans être expulsé de Poudlard.

Et puis sa mère serait là, elle ne laisserait pas son père le livrer au Seigneur des Ténèbres. Elle avait promis de le protéger. Peut-être avait-elle déjà caché leurs bagages, attendant son retour pour l'emmener avec elle ? Après que son père ait pris sa défense au cimetière, Draco avait le mince espoir que son père fuie avec eux.

Lorsque les paysages luxuriants laissèrent place aux maisons et aux rues de Londres, signe que la fin du voyage approchait, la porte du compartiment coulissa. Potter, Weasley et Granger abandonnèrent leurs bagages dans le couloir pour entrer.

– Quelle coordination parfaite, lança Draco avec rancune. Précisément quand je pensais ne plus avoir à vous supporter...

– Ferme-la, Malfoy, répliqua aussitôt Potter.

– Par ferme-la, tu veux dire merci ? Dans ce cas les mots corrects sont : « Merci, Malfoy », et ensuite, tu es libre de rajouter ce que tu veux. Par exemple « Merci, Malfoy, d'avoir sauvé ma précieuse tête balafrée », ou « Merci, Malfoy, d'avoir sauvé le sale petit ingrat que je suis ».

– Et Dobby ? répliqua-t-il avec colère. Tu en fais quoi ?! Il ne méritait pas qu'on le laisse derrière. Cedric non plus ! Tu n'as pas vu ses parents, tu n'as pas idée d'à quel point ils étaient effondrés. Il ne sera jamais enterré et qui sait ce que les Mangemorts ont fait de lui ! On aurait pu le ramener ! Et Queudver qui a toujours ma baguette...

– Ta baguette ?! le coupa Draco dans une fureur noire en sortant la sienne d'un geste si brusque qu'il manqua de la rompre. Tu aurais voulu qu'on risque nos vies pour un bout de bois que tu n'auras qu'à remplacer, et un cadavre ?!

– Dobby était vivant.

Sa rage atteint un tel niveau qu'il dut batailler contre lui-même pour ne pas incendier Potter dans ce compartiment. Il remarqua à peine que Weasley et Granger le pointaient tous les deux de leurs baguettes, prêts à réagir.

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