Chapitre XXIV - Veritaserum

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– Je maintiens qu'il est trop risqué de l'exposer à ce sort. Ce cas est trop singulier, nous ignorons les répercussions que cela pourrait avoir sur Draco, arguait la voix du professeur Snape.

En haut de l'escalier en colimaçon qui menait au bureau de Dumbledore, Draco suspendit son geste de toquer. Des répercussions, hein ? Cette éventualité n'avait pas freiné leurs recherches, visiblement. Les vacances d'hiver étaient terminées depuis à peine deux semaines quand ce première année lui avait remis la convocation.

– C'est un risque que nous devons prendre, grogna la voix de Maugrey. Inutile de poursuivre cette conversation, le garçon est là.

La porte s'ouvrit sur le professeur Snape. À part lui, les seuls membres de l'Ordre présents étaient Maugrey Fol Œil, qui jouait avec un appareil argenté exposé sur l'une des tables, et Dumbledore. Le directeur se leva de son bureau.

– Entre, Draco, dit-il d'un ton calme en lui indiquant une chaise.

Draco s'avança au milieu de la pièce mais resta debout.

– Avant de commencer, et si tu le souhaites, j'aimerais t'expliquer la cause que va servir ton Glyphe. (Draco fit signe qu'il écoutait.) Tu dois te douter que dans l'état actuel, Voldemort ne peut être vaincu. La cause, c'est toi qui me l'as révélée lorsque tu as détruit le journal de Tom Jedusor. Il s'agissait d'un Horcruxe, une forme de magie noire permettant d'enfermer un fragment d'âme dans un objet. Tant que l'Horcruxe subsiste, son possesseur ne peut mourir. C'est ainsi que Voldemort a procédé.

– J'ai détruit ce journal, donc je suppose qu'il y en a d'autres. Combien ?

– Nous l'ignorons. Nous ne sommes certains que de leur existence.

Maugrey tapota impatiemment sa jambe de bois contre le sol.

– Et c'est là que ton Glyphe entre en jeu, mon garçon, abrégea-t-il. Assieds-toi.

Draco sentit son sang accélérer dans ses veines et jeta un regard froid à Maugrey sans bouger d'un centimètre. Il tâchait d'oublier ces « répercutions » dont Dumbledore et Snape ne savaient rien, mais son esprit enchaînait les hypothèses, la plus terrifiante de toutes étant la folie.

Le professeur Snape lui tendit un flacon contenant une potion pourpre.

– Elle agira comme un catalyseur. Un sort viendra stabiliser et orienter la vision, Dumbledore et moi nous chargerons de le maintenir. Tout ce dont tu as à te soucier est de récolter des informations. Je te déconseille de traîner, romps la vision dès que tu auras découvert l'Horcruxe.

– Enregistre également tout indice sur son emplacement, ajouta Maugrey.

– Seulement si ça ne t'oblige pas à rester plus longtemps, dit le professeur Snape d'un ton sec. J'insiste, ne t'expose pas inutilement à ce sort. Une fois la vision rompue, tu pourras déposer toutes les informations dans la Pensine.

Le professeur Dumbledore apporta une étrange coupelle qui semblait forgée en argent liquide, d'un geste de sa part, elle vint flotter paisiblement à côté de lui.

– Quand une obligation ne cesse de te revenir à l'esprit, tu la notes pour t'en débarrasser sans pour autant oublier son existence, expliqua Dumbledore. La Pensine a un fonctionnement similaire. Elle récupère les souvenirs et permet de les consulter.

– Je connais, dit Draco en refusant de montrer la moindre crainte, en particulier devant Maugrey. Très bien.

Il déboucha le flacon de la potion, huma l'odeur âcre avec une grimace puis l'avala d'une traite. Au bout de quelques minutes, ce fut comme si son esprit refroidissait, ralentissant ses pensées pour les figer dans la glace.

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