Chapitre VIII - Trêve fragile

156 22 19
                                    

Le Poudlard Express projetait des panaches de vapeur grise sur le quai 9 3/4 où les élèves poussaient leurs chariots à bagages. On voyait parfois une cage abritant un hibou, un chat ou un crapaud et les cris des animaux se mêlaient au vacarme de la locomotive. Draco empoigna sa valise qui reposait à côté de Dobby et lui accorda un bref signe de tête en guise d'aurevoir avant de traverser la foule.

Une grisante sensation de liberté l'envahit lorsqu'il dépassa des premières années craintives et prit appui sur le marchepied le plus proche pour hisser son lourd bagage à l'intérieur. Il longea les wagons à la recherche du compartiment où s'étaient installés les autres Serpentards. Fini l'ambiance oppressante du manoir, l'attente sans fin dans l'espoir idiot que son père vienne un jour le voir. Il n'allait pas regretter de ne plus être enfermé entre quatre murs, et tant pis si Lucius ne lui pardonnait jamais.

Il trouva le compartiment qu'il cherchait au milieu du train. Blaise et Théodore Nott y discutaient activement. Avides, Crabbe et Goyle les écoutaient, penchés vers eux comme s'ils partageaient une confidence. Draco poussa la porte, intrigué, et la conversation cessa aussitôt.

Blaise lui accorda à peine un rictus méprisant puis fit comme s'il n'existait pas, Crabbe et Goyle ne daignèrent pas non plus le saluer et Théodore se laissa retomber contre sa banquette en fixant le filet à bagages d'un air provocateur, comme s'il le défiait de s'installer avec eux.

Une bouffée de colère monta en lui et il lança sèchement :

– De quoi vous parliez ?

Derrière lui, la porte du compartiment coulissa à nouveau pour laisser entrer Pansy. Celle-ci le contourna sans même minauder un salut, mais fut accueillie normalement par les autres Serpentards. Toujours debout devant les vitres coulissantes, Draco observa la scène destinée à ce qu'il se sente mis à l'écart. Enfin, Théodore cessa de contempler le filet à bagages et se tourna vers lui.

– Tu as passé de bonnes vacances, Draco ? dit-il d'un ton bourré de sous-entendus.

Renonçant à s'installer avec eux, Draco croisa les bras en affichant un masque froid. Sous ses pieds, le plancher se mit à ronronner alors que le quai prenait de la vitesse derrière les fenêtres, transformant les familles en tâches floues et colorées.

– Qu'est-ce qui a pu te faire croire que ce n'était pas le cas ?

– Je n'ai jamais dit ça, lui fit remarquer Théodore en désignant la fenêtre, mais je n'ai pas vu tes parents, dehors. Tu préférais venir seul, ou ton père ne veut plus s'afficher en ta compagnie... ?

– Ne parle pas de mon père, Nott.

– Lui parle de toi en tout cas, répondit Blaise.

Draco plissa les yeux. La seule explication à leur comportement, c'était qu'ils connaissaient la vérité. Mais pour ça, il aurait fallu que son père révèle sa trahison aux Mangemorts, et donc aux parents de Crabbe, Goyle et Théodore. Impossible. Sa mère lui avait promis de surveiller Lucius, elle ne l'aurait pas laissé le livrer comme ça, pas juste avant son retour à Poudlard.

Il devait y avoir une autre explication.

Méprisant, Blaise reprit :

– Quand tu nous as raconté comment tu avais si bravement vaincu Quirrell et l'héritier de Serpentard, je crois que tu as oublié un léger détail. Par exemple que les deux voulaient redonner sa grandeur au Seigneur des Ténèbres Enfin, le plus surprenant aurait été que tu t'en vantes... empêcher son retour... non mais pour qui tu te prends, le Saint Potter ?

– Il était avec lui, leur rappela Pansy, les lèvres pincées. Quand il a combattu Quirrell, Potter était avec lui. C'est plutôt clair, non ?

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant