À double tranchant

Chapitre XXIII - Que le fils Malfoy

Les deniers jours les séparant des vacances d'hiver s'écoulèrent dans un climat froid et calme. La disparition de Potter et des Weasley n'était pas passée inaperçue, mais aucune rumeur courant sur eux ne s'approchait de près ou de loin de la réalité.

Dans le train qui ramenait les élèves à King's Cross, Draco partagea un compartiment avec Granger, ce qui se révéla moins terrible qu'il l'avait imaginé. Elle restait plus simple à supporter qu'un Weasley ; tant qu'il la laissait lire ses cours, elle lui fichait une paix royale.

– Pour aller jusqu'au manoir de Sirius, j'ai pensé prendre le Magicobus, déclara Granger alors qu'ils descendaient leurs valises sur le quai.

– Fais comme ça te chante, mais Ombrage n'est plus là pour inspecter chacun de nos gestes, alors pour ma part...

– Tu veux appeler ton elfe de maison, le coupa-t-elle, le regard brillant, alors que tu pourrais te débrouiller par toi-même pour te rendre chez Sirius. Ce n'est pas ton esclave !

– Ça lui fait plaisir, Granger. Rendre service, c'est ce qui donne un sens à sa vie.

– C'est à cause de sorciers comme toi qu'il en est persuadé. Il n'a à servir personne.

Draco contint un rictus agacé. Autant pour lui, Granger était capable de se montrer plus insupportable qu'un Weasley.

– Effectivement, il n'a pas à le faire. Il est libre. Pourquoi il continue, d'après toi ? répliqua-t-il en appelant Dobby.

Celui-ci se matérialisa aussitôt à leur côté, tout sourire dans son pull d'hiver.

– Vous m'avez appelé, Monsieur ?

– Tu n'es pas obligé de répondre quand tu n'en as pas envie, Dobby, dit doucement Granger. Il veut juste se déplacer et il est parfaitement capable de se débrouiller seul.

– Mais Dobby est heureux de rendre service, miss, s'empressa-t-il d'assurer en agitant ses grandes oreilles. C'est un honneur de servir un sorcier comme Draco Malfoy. Ça ne dérange pas du tout Dobby.

– Dans ce cas, fais-nous transplaner au 12, square Grimmaurd. Granger et les bagages, aussi, si ça ne te fatigue pas trop, bien entendu.

Dobby s'exécuta en un claquement de doigts. Après la compression habituelle du transplanage, l'atmosphère lourde et les murs sombres du manoir des Black s'élevèrent tout autour. En entendant des pas dans les escaliers, ils se retournèrent d'un même mouvement. Sirius descendait vers eux avec un sourire joyeux.

– Alors vous venez aussi passer Noël ici ? Tu ne devais pas aller skier avec tes parents, Hermione ?

– Je pensais être plus utile ici. Le père de Ron va mieux ?

– Il est hors de danger.

Pendant qu'ils échangeaient des nouvelles, Draco transplana avec Dobby et sa valise dans la chambre de Regulus. Le temps de déposer son manteau noir, ses gants et d'arranger sa valise pour que ses affaires ne se froissent pas, puis il redescendit. Arrivé à l'étage du dessous, il capta les voix de Granger, Weasley et sa cadette sur le palier inférieur. Il franchit encore quelques marches, en silence, pas spécialement désireux de se mêler à leurs retrouvailles. Mais la conversation n'avait rien de joyeux.

– ... et vous pensez réellement que Harry pourrait être... possédé par Voldemort ?

– Si on veut être fixés, c'est avec lui qu'il faudrait en parler, répondit Ginny. Le seul problème, c'est qu'il se cache de tout le monde depuis qu'on est revenu de Ste Mangouste. Maugrey pense que ça expliquerait les visions mais pour avoir été possédée par Tu-Sais-Qui, j'en doute. Il n'a pas l'air perdu, ou confus, comme je l'étais dans ces moments-là.