Chapitre XX - Tisser des liens

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Le jour de la rentrée, une véritable effervescence envahit la maison des Black. Les affaires de Draco avaient été soigneusement préparées par Dobby et reposaient à présent devant la porte de la chambre de Regulus Black. Et Draco lisait, assis sur le lit, en attendant le dernier moment pour bouger. Comme durant le reste des vacances, il préférait ne pas se mêler aux autres tant que ce n'était pas nécessaire. Et visiblement, le sentiment était partagé car on ne toqua à sa porte que cinq petites minutes avant l'heure du départ. La tête de Potter passa dans l'entrebâillement.

– Tu devrais descendre.

– Ou, encore une fois, je pourrais tout simplement demander à Dobby de transplaner avec moi directement à la gare de King's Cross, dit-il en refermant son livre.

– Maugrey est contre et tu le sais très bien. Et puis je pense...

Il s'interrompit et ouvrit un peu plus la porte.

– Quoi ?

– Tu devrais parler à Ron et Hermione. Ils sont préfets eux aussi, ils pourraient t'aider par rapport aux autres Serpentards... D'ailleurs, je pense que tu devrais faire le voyage avec nous, ajouta-t-il en hésitant à chaque mot. De toute façon, tu devras déjà faire une partie du trajet avec Ron et Hermione.

– L'aide d'une Sang-de-Bourbe et d'un traître à son sang ? Tu devines ma réponse ?

Potter soutint son regard, exaspéré.

– Je suis le survivant. C'est censé être bien pire que toutes ces histoires de sang, pourtant tu acceptes bien de me parler, non ? Pourquoi tu ne leur laisserais pas une chance ? J'ai essayé de leur expliquer que tu étais de notre côté, mais comme je ne peux pas parler du Glyphe...

– Il reste des doutes, termina Draco. Et l'Ordre non plus n'est pas convaincu.

– Je pense que c'est à cause de Snape. Qu'il prenne ta défense alors que certains ne lui font pas pleinement confiance ne t'a pas aidé.

– C'est surtout lui que ça n'a pas aidé, répliqua-t-il sèchement en rangeant son livre dans la valise. Je me répète, Potter, mais le professeur Snape se bat contre Voldemort. Tu me fais confiance parce que tu sais pour le Glyphe. Peut-être que c'est exactement pareil pour Dumbledore, peut-être qu'il lui fait confiance pour une raison que tu ignores.

Potter haussa les épaules. Draco savait qu'il n'était pas convaincu et préférait ne pas s'engager sur ce terrain glissant, alors ils descendirent les escaliers en silence. Dans le hall régnait un vacarme épouvantable ; le tableau de Walburga Black hurlait sur les « infâmes créatures » qui avaient envahi sa demeure et la mère Weasley s'époumonait en cœur avec elle contre les jumeaux Weasley. Finalement, tous prirent le chemin de la gare à pied, encadrés par Tonks déguisée en vieille femme, un Maugrey Fol Œil claudicant et Sirius Black qui avait repris sa forme canine.

En voyant que Potter marchait résolument à côté de lui en tirant sa grosse valise, Draco leva les yeux au ciel. Il devinait ce que le survivant cherchait à faire ; obliger Weasley et Granger à les rejoindre. Donc il n'avait pas abandonné sa stupide idée de les convaincre de faire ami-ami avec lui ? Persuadé que cette tentative était vouée à l'échec, il s'agaça de les voir ralentir pour se mettre à leur niveau.

– J'ai proposé à Malfoy de rester avec nous, quand vous reviendrez du wagon des préfets, annonça Potter de but en blanc.

– Tu es sûr que c'est... nécessaire ? marmonna Weasley en jetant à Draco un regard en biais.

– Absolument pas, répondit Draco. Je n'ai pas plus envie de me coltiner votre présence que vous la mienne.

– Nous, on ne te jettera pas de maléfice, le coupa Potter, et on ne t'insultera pas non plus. Si on a réussi à se supporter pendant la moitié des vacances...

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant