Chapitre XIV - Dans la ronde des masques

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Tout autour de lui, les Mangemorts riaient. Pris de vertige, Draco tourna sur lui-même et vit Potter, entravé contre la tombe en marbre. Il était conscient, mais une entaille sanglante s'étendait sur l'un de ses avant-bras et son teint était livide, marqué par de nombreuses écorchures. Comme si ça ne suffisait pas, il était désarmé, et donc inutile. Derrière le cercle des Mangemorts, au pied du Trophée, gisait le corps inanimé de Cedric Diggory. Sa peau étrangement blafarde lui fit comprendre qu'ils l'avaient tué.

Un sort identique l'attendait.

À l'idée que tout pouvait se terminer d'un simple éclair de lumière verte, Draco s'immobilisa, comme si le moindre geste risquait de précipiter sa fin. Instinctivement, il chercha le soutien de son père parmi les Mangemorts encagoulés, mais affronter les masques hostiles se révéla intenable. Puis, le Seigneur des Ténèbres reprit la parole d'un ton bas, dans un murmure glacé :

– Comme vous le savez, la première fois que j'ai entrevu une chance de retrouver mon corps, grâce à la pierre philosophale qui se trouvait secrètement gardée à Poudlard, Harry Potter s'est opposé à moi, avec la même bravoure idiote qui a mené ses chers parents à la tombe. Mais ce jour-là, il n'a pas agi seul. À ma grande surprise, Draco ici présent lui est venu en aide. Bien entendu, sans Dumbledore pour s'interposer, ils seraient morts tous les deux.

Draco tenta de rester droit, digne. Un éclat argenté brillait dans son champ de vision. En tournant les yeux, il vit Pettigrow se terrer dans un coin, serrant contre lui sa main, qui semblait recouverte d'un gant en argent. Lentement, très lentement, Draco fit face au Seigneur des Ténèbres.

– La seconde fois, poursuivit-il en s'adressant toujours à ses Mangemorts, il a détruit un objet d'une importance capitale pour moi, avant de livrer l'emplacement de la Chambre des Secrets à Dumbledore, lui permettant ainsi de détruire le précieux héritage laissé par Salazar Serpentard.

Cette faute-là sonnait bien plus grave que la précédente. Draco percevait la colère des Mangemorts comme un bourdonnement sourd, faisant écho à celle de leur maître. Et son père se trouvait parmi ces silhouettes encagoulées.

– Enfin, lorsque Queudver est revenu à moi, plus motivé par sa peur que par sa loyauté, il m'a raconté une histoire qui ne m'a pas surpris. Lors de sa fuite pour me rejoindre, Draco aurait tenté de lui barrer le passage. Et quand Queudver lui a rappelé qu'ils étaient dans le même camp, c'est-à-dire le mien, Draco lui a simplement répondu que non. Voilà qui est suffisamment explicite, n'est-ce pas ?

Lorsque le Seigneur des Ténèbres s'avança vers lui, ses yeux écarlates firent faiblir l'indifférence que Draco s'efforçait d'afficher.

– J'en conclus donc que tu n'es pas venu célébrer mon retour, dit-il en levant sa baguette. Endoloris !

La douleur que Draco ressentit était sans comparaison. Il s'effondra sur le sol en hurlant, incapable de tenir debout. Son corps semblait brûler, se déchirer de l'intérieur. Il aurait voulu mourir, que tout cesse. Que cette torture s'arrête avant de lui faire perdre ses esprits.

Puis, aussi soudainement qu'elle l'avait envahi, la douleur cessa. Tremblant, le souffle court et la gorge sèche à force de crier, Draco prit appui sur l'herbe sombre pour se relever. Il ne pouvait pas rester à terre comme un insecte ni supplier qu'on l'épargne. Ses bras manquant de céder sous son poids, il se releva péniblement, la peur au ventre.

Le Seigneur des Ténèbres s'était tourné vers un de ses Mangemorts.

– Qu'en dis-tu, Lucius, que faisons-nous de lui ? susurra-t-il. Après tout il s'agit de ton fils, il est normal que la décision te revienne.

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant