À double tranchant

Chapitre XXII - Boules de Noël

– Des cours de défense contre les forces du Mal, avec Potter comme professeur ? répéta Draco, incrédule.

Il travaillait à une table de la bibliothèque lorsque Granger était entrée. En le voyant, elle s'était dirigée vers lui pour lui annoncer sa dernière idée en date. Une idée parfaitement ridicule et elle n'avait même pas l'air de s'en rendre compte.

– Potter n'est pas capable de se protéger de sa propre stupidité. Que veux-tu qu'il fasse contre les forces du Mal ?

– Vous avez affronté Quirrell en première année, Harry est capable de repousser seul une bonne centaine de Détraqueurs alors que le Patronus corporel est un sort complexe à produire. Et puis l'année dernière, il y a eu... Voldemort, à nouveau.

– Sans moi pour le sortir de ce cimetière, vous auriez pu l'enterrer directement là-bas, répliqua Draco.

Granger ajusta les lourds volumes qu'elle tenait dans ses bras, comme pour gagner un peu de temps.

– Justement, toi aussi tu as ton petit palmarès, personne d'autre n'a affronté un Basilic. Je pensais que tu pourrais participer aux séances. De nous tous, tu es celui qui a le plus intérêt à rester au niveau.

– Voldemort en a aussi après Potter, fit remarquer Draco.

– Harry ne dort pas dans le dortoir des Serpentards.

– Les Serpentards, répéta-t-il en se retenant de ricaner. Tu les compares aux forces du Mal ?

– Excuse-moi, c'est vrai qu'ils sont inoffensifs, dit-elle d'un ton sec. Comme, par exemple, avec l'hippogriffe. Ou quand ils t'ont projeté droit dans le lac pendant la deuxième tâche. De braves petits camarades de classe. Vraiment, tu perdrais ton temps à venir t'entraîner avec nous. Enfin, si par hasard tu changes d'avis, nous serons à La Tête de Sanglier, à la prochaine sortie pour Pré-au-lard.

Draco ne répondit pas. Il n'avait toujours pas l'autorisation de se rendre à Pré-au-lard, mais le professeur Snape la lui accorderait certainement, s'il ne s'attirait pas plus d'ennuis avec Ombrage. Il retourna cette possibilité plusieurs fois sans parvenir à déterminer s'il gagnait à se rendre à La Tête du Sanglier ou non. Une année sans user d'un sortilège de défense ne lui paraissait pas être la meilleure idée, mais bizarrement, s'entraîner sous la direction de Potter ne l'emballait pas plus.

Alors pourquoi il se retrouva devant l'enseigne grinçante de La Tête du Sanglier le samedi suivant, il n'en avait pas la moindre idée. Peut-être pour se faire une idée précise du plan des Gryffondors avant de tirer un trait dessus, ou juste parce que Ombrage s'arracherait les cheveux si elle apprenait cette initiative ? Draco poussa la porte pour pénétrer dans une atmosphère crasseuse à l'odeur de chèvre. Et forte, l'odeur. Il plissa le nez. Potter, Weasley et Granger discutaient à voix basse à la table la plus reculée du bar, autour d'une bouteille de Bièraubeurre.

– Vous n'avez pas trouvé plus louche, comme lieu de rendez-vous ? commenta Draco en prenant une chaise pour s'asseoir avec eux.

– Je cherchais un endroit discret, répondit Granger qui tournait sa Bièraubeurre en jetant régulièrement des regards vers l'entrée. Peu de gens de Poudlard viennent ici.

– Réunir des élèves dans un bar où ils ne se réunissent jamais, tu as raison cela passera sûrement inaperçu. Dis-moi au moins qu'ils ne seront pas beaucoup à venir.

Seul le silence lui répondit, jusqu'à ce que la porte s'ouvre une nouvelle fois. Un vent frais s'engouffra à l'intérieur, suivi par un flot d'élèves. Draco s'adossa contre sa chaise en croisant les bras et compta cinq Poufsouffles, sept Serdaigles et treize Gryffondors. Niveau discrétion, Granger pouvait aussi bien aller faire des claquettes sur la table des professeurs et espérer que personne dans la Grande Salle ne la remarque. Vingt-cinq, Merlin, ils étaient vingt-cinq. Et bien entendu, pas un Serpentard en vue.