Chapitre XVII - Kreattur

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De retour au 12, square Grimmaurd, dans la chambre de Regulus Black, Draco observa Dobby déposer les vêtements neufs sur la commode puis prendre ses deux tuniques cousues par Madame Guipure avec un air proche de la vénération.

L'une d'elles était taillée dans un tissu léger parsemé de petites feuilles d'un vert très pâle, pour l'été. L'autre, plus chaude, ressemblait à un pull noir et blanc décoré de flocons de neige stylisés.

Avec ça, il avait la loyauté de Dobby pour un bout de temps, songea Draco en examinant la sacoche de Gallions qui s'était à peine allégée.

– Qu'est-ce que tu attends pour aller te changer ?

Dobby serra les vêtements contre lui et couina une réponse incompréhensible, un remerciement sorti tout droit d'un disque rouillé. Il parvint à arracher une esquisse de sourire à Draco.

– Vas-y, répéta-t-il.

Dobby transplana avec ses cadeaux et ses larmes qui menaçaient toujours de déborder. Enfin seul, Draco en profita pour déballer les livres flambants neufs qu'il s'était offerts pour passer le temps. Il s'agissait en grande partie d'ouvrages sur les potions et un sur les sortilèges défensifs. Il n'avait jamais été particulièrement investi en cours de défense contre les forces du Mal, mais solidifier ses acquis ne pouvait pas lui faire de tort.

À la tombée de la nuit, la mère Weasley vint toquer à sa porte pour le prévenir que le dîner était servi. Draco se força à descendre dans la cuisine, il devait honorer la promesse qu'il avait faite au professeur Snape et reprendre des forces.

Il s'assit en bout de table, à côté du père Weasley, qu'il n'avait plus revu depuis son arrivée au square Grimmaurd, et en face de l'aîné Weasley que les autres appelaient Bill. Trop occupé à tourner sa soupe à l'oignon avec dégoût, Draco manqua la tension presque palpable qu'avait provoquée son entrée.

– Alors, fit la mère Weasley pour casser un peu le silence, comment s'est passée ta journée, Arthur ?

– Oh euh, très bien... s'empressa-t-il de répondre, avant de se raviser. Enfin, non. Fudge devient paranoïaque, il est persuadé que Dumbledore a monté toute cette histoire autour de Tu-Sais-Qui pour lui prendre sa place de ministre de la Magie...

– Et les gens le croient ? demanda Fred, effaré.

– Les gens croient ce qui est écrit dans La Gazette, soupira le père Weasley.

Et le silence retomba. Draco releva le regard de sa soupe, intéressé. C'était quoi ce malaise ? Au bout de longues secondes entrecoupées par le tintement des couverts, le père Weasley se racla la gorge.

– Euh... et vous ?

– Oh bien, ironisa Wisily. Le ménage quoi.

À nouveau, la tentative d'engager une conversation mourut et un sourire se dessina sur les lèvres de Draco. Au moins, il ne souffrait pas seul, il entraînait tous les Weasley avec lui. Cette certitude le motiva à prendre une cuillère de soupe ; si manger leur bouillasse lui donnait le pouvoir de rendre tous leurs repas aussi pénibles, il accepterait sans broncher. Il fut quand même surpris par le goût correct de la nourriture et en déduisit que Dobby avait aidé à la préparation.

– D'ailleurs... lança Wisily, Hermione devrait arriver demain, non ?

– Ah, oui, confirma la mère Weasley. Je suis contente de l'avoir ici, et puis elle pourra nous donner un coup de main.

Draco se retint de ricaner alors que tous semblaient chercher quelque chose à rajouter – tous excepté les jumeaux qui échangeaient à voix basse à l'autre bout de la table. Captant son air moqueur, la mère Weasley s'adressa à lui d'un ton sec, preuve que son escapade lui restait encore en travers de la gorge :

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant