À double tranchant

Chapitre VII - L'évadé d'Azkaban

Dobby transplana directement dans le salon du manoir Malfoy et disparut avec la valise pour ranger les affaires qu'elle contenait, laissant Draco seul. Assis dans l'un des sofas émeraude, son père semblait l'attendre. La colère vive qui le possédait à la sortie du bureau de Dumbledore avait cédé sa place à la rancœur.

– Tu n'as pas répondu à mes lettres, dit Draco en sachant que la conversation ne s'annonçait pas en sa faveur.

Il aurait voulu s'énerver mais pas en sachant qu'il empirerait la situation. Quand son père se leva, le toisant avec une colère froide, il regretta aussitôt de lui avoir reproché son silence.

– Je n'ai aucun compte à te rendre. Il me semblait avoir été clair en te disant de ne pas t'intéresser à ce journal et de te faire oublier, dit Lucius. Quand j'ai refusé de te parler de l'héritier de Serpentard, j'ai bien précisé que tu ne devais pas attirer les soupçons. Alors explique-moi ce que faisait ce cahier en ta possession ?!

– Ginny Weasley l'a jeté, se défendit-il en serrant instinctivement le Glyphe sur son avant-bras. Je l'ai juste récupéré.

– Récupéré ?! Tu as mis fin à la Chambre des Secrets, à l'héritier de Serpentard et au retour du Seigneur des Ténèbres !

– Il allait me tuer !

Face au silence qui avait envahi le salon, Draco crut que cet argument suffirait.

– Il n'en aurait pas eu l'occasion si tu avais obéi, dit enfin Lucius, glacial. Tu as fait échouer la mission la plus importante que le Seigneur des Ténèbres ne m'ait jamais confiée. Quant à cet exploit héroïque en compagnie de Potter l'année dernière... Je n'ai jamais eu autant honte d'être ton père.

Ces mots lui firent l'effet d'une pique lui transperçant l'estomac. Il avait failli mourir et son père ne pouvait manifester plus d'indifférence. Les lèvres serrées, Draco ne répliqua rien.

– Monte dans tes appartements et restes-y. Je ne veux pas te voir traîner dans le manoir pour le reste des vacances.

Draco soutint son regard acier, incapable de croire ce qu'il venait d'entendre. Il était consigné pour les deux mois ?! On aurait dit qu'il essayait d'effacer une tâche sur un tableau impeccable.

Et la tâche, c'était lui.

Non, il n'y avait pas que ça. Cette indifférence, il n'avait jamais eu à y faire face. De la fierté, de l'agacement, de la colère, il connaissait. Mais ça ? Tout ce qu'il disait se heurtait à un mur. Son père lui tournait déjà le dos. Il l'observa quelques secondes, attendant qu'il réalise son erreur et s'excuse, mais il ne l'avait pas fait malgré toutes ses lettres, toutes ses explications. Lorsqu'il comprit qu'attendre était vain, Draco monta dans ses appartements. Pas pour obéir mais parce qu'il sentait la douleur lui comprimer la gorge, piquer ses yeux et brûler ses joues. Il ne voulait pas craquer devant Lucius et perdre le peu de respect qui lui restait. S'il en restait...

Dans sa chambre, sa valise avait été rangée et ses affaires avaient retrouvé leur place dans l'armoire massive, la commode et les étagères. Avec un regard pour le Nimbus 2001 qui brillait sur son présentoir verni, Draco se laissa tomber sur son couvre-lit émeraude.

Sa peine se noyant peu à peu dans un vide fatigué, il observa le plafond d'un gris clair à la recherche de la moindre trace de saleté, d'une toile d'araignée ou autre bestiole, mais comme toujours, Dobby entretenait le manoir à la perfection. Perdu dans sa contemplation, le temps lui parut à la fois interminable et étonnamment court. Il n'avait pas le souvenir de s'être assoupi, mais quand il se releva, son horloge argentée formée de petits serpents indiquait treize heures passées. Draco se remit debout, stupéfait.