Chapitre XVI - L'Ordre du Phénix

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Mince, un crâne dégarni où quelques touffes de cheveux roux poussaient encore et portant une longue robe de sorcier usée par les voyages, le père Weasley venait de surgir des flammes émeraude.

– Arthur, merci d'avoir répondu si rapidement. Étant donné la situation c'est un grand service que vous acceptez de nous rendre, dit Dumbledore. Draco est déjà ici, prêt à partir avec vous.

Lorsque leurs regards se croisèrent, Draco perçut l'animosité que le père Weasley tentait d'enfouir. Difficile d'oublier qu'il était le fils de celui qui l'avait tant de fois insulté, lui et sa famille.

– C'est bien normal, répondit-il d'un ton fatigué. Vous avez mis les quartiers de l'Ordre à notre disposition et ils sont suffisamment grands pour accueillir un nouvel occupant.

– Il aura besoin de soins et de repos, l'avertit le professeur Snape d'un ton sec.

Instinctivement, Draco ramena contre lui son bras blessé, là où il s'était écorché pour cacher le Glyphe. Il refusait qu'on le soigne et il refusait de dévoiler une nouvelle fois son pouvoir. Le professeur Snape le saurait bien assez tôt en espionnant Voldemort.

Celui-ci se tourna vers lui.

– Les interrogatoires du Seigneur des Ténèbres sont rarement tendres. Il voulait utiliser du Veritaserum mais vu ton état, je suppose qu'il n'a pas eu la patience d'attendre mon arrivée. Il a utilisé le Doloris ?

Ce n'était pas une question, alors Draco haussa les épaules en se perdant loin de l'autre côté des montagnes sombres qui se découpaient derrière la fenêtre.

– Combien ? insista-t-il.

– Je ne sais plus, marmonna-t-il d'un ton rauque.

Dans le reflet de la vitre, il vit Dumbledore et le professeur Snape échanger un regard.

– Le sortilège d'Imperium ?

– Seulement une fois.

– Que cherchait-il ?

– Je. Ne. Sais. Pas ! s'exclama-t-il avant de tousser plusieurs fois.

Il avait besoin d'eau. Merlin, juste un verre d'eau. Pas un de ces foutus bonbons au citron !

– Les questions peuvent attendre, la priorité est que Draco se repose, dit Dumbledore en prenant un morceau de parchemin sur lequel il griffonna quelques mots.

Il le lui tendit et Draco lut « Le quartier général de l'Ordre du Phénix se trouve au 12, square Grimmaurd, Londres. »

De la poudre de cheminette fut jetée dans l'âtre de la cheminée et le père Weasley l'invita à traverser les flammes le premier. En mettant un pied dans l'âtre, Draco se prépara à afficher son habituel air hautain. Il se mit à tourbillonner et ferma les yeux pour s'épargner la nausée familière que causait ce moyen de transport. De toute façon, il avait l'estomac vide.

Enfin, il cessa de tourner sur lui-même. Il fit quelques pas pour se réceptionner dans une cuisine aux murs de pierre brute auxquels un lourd assortiment de casseroles et de marmites était suspendu. La famille Weasley discutait à voix basse autour d'une longue table ébène. À son entrée, tous s'interrompirent pour se tourner vers lui.

Ne voulant pas les laisser croire qu'il était mal à l'aise de se trouver seul face à eux, Draco se redressa fièrement et les observa tour à tour avec toute l'indifférence dont il était capable. Il reconnut la petite sorcière replète qu'il avait vue plusieurs fois sur le quai de King's Cross. La plus jeune rouquine était là aussi, le fixant d'un regard flamboyant. À côté d'elle, les jumeaux poursuivaient leur conversation à voix basse, mais finirent eux aussi par se taire pour le dévisager. Draco s'attendait à de l'hostilité de la part du meilleur ami du survivant, mais celui-ci se contentait de l'observer bizarrement – sans doute surpris par sa présence ?

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant