Chapitre XVIII - Privet Drive

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Dobby leva la main vers lui. Aussitôt, les murs à l'odeur de moisi de la maison des Black s'effacèrent pour laisser place à la pression désagréable du transplanage. Après quelques secondes, un l'air frais de la nuit enveloppa Draco.

Le long de la rue où Dobby et lui avaient atterri, la lueur orangée des réverbères chassait les ténèbres, éclairant des bouts de pelouses impeccables. Derrière s'alignaient des maisons, toutes parfaitement identiques. Dobby lui indiqua une petite plaque de cuivre, gravée du numéro 4.

– Le 4, Privet Drive, Monsieur. La maison où Harry Potter habite.

– Tu es sûr de toi ?

Dobby acquiesça et Draco vérifia que personne ne pouvait le voir avant d'enjamber le muret.

– Tu vas m'attendre ici, dit-il dans un murmure. Arrange-toi pour que personne ne te voie.

Tout en traversant la pelouse sombre, il jeta un regard par les fenêtres éclairées. Un bout de salon se découpait derrière les rideaux. Une fois devant la porte d'entrée, il appuya sur la poignée qui ne résista pas. Il pénétra dans un petit hall, discrètement, attentif à ne pas gâcher son petit effet de surprise. Le salon attenant était vide, lui aussi, mais des voix filtraient depuis autre pièce.

Un tapis étouffant le bruit de ses pas, il traversa le salon en observant la décoration. Il finit par s'arrêter près d'un canapé. Tout autour de lui, les souvenirs figés de la famille moldue le fixaient, mais dans les cadres, les photos représentaient toujours les trois mêmes personnes. Une femme, mince, au long cou et au visage chevalin. Un homme massif à l'épaisse moustache, qui lui n'en avait presque pas, de cou. Et enfin, un jeune de son âge, qui faisait peut-être quatre fois la largeur de Draco et ressemblait beaucoup à l'autre homme – certainement son père.

Mais en dehors d'eux, rien, aucun signe que le survivant habitait là. Pourtant, Dobby était catégorique. Potter avait déménagé ? Non, impossible, si Dobby avait su où le trouver lors de l'épisode du cimetière, alors il devait être ici.

Dans ce cas pourquoi... ? Draco observa à nouveau les photos, attendant que Potter surgisse de derrière le rebord d'un cadre. Les images restèrent immobiles. Déterminé à tirer cette histoire au clair, il approcha de la porte tout au fond, celle d'où provenaient les voix, pile au moment où elles gagnaient en intensité.

– Eh bien, voilà qui règle la question. Tu peux tout de suite quitter cette maison, mon garçon ! hurla un homme.

Draco fronça les sourcils et approcha juste assez pour entendre la voix de Potter répondre un simple « Quoi ? » abasourdi.

– Tu m'as très bien entendu. DEHORS !

Draco écouta celui qui devait être l'homme massif des photos crier que le survivant n'attirait que des malheurs, qu'il ne le garderait pas plus longtemps sous son toit alors qu'un cinglé lui courrait après, mettant en danger sa femme et son fils, qu'ils auraient dû l'envoyer à l'orphelinat dès le début. Draco haussa les sourcils en attendant une réponse de Potter qui ne vint pas.

Qu'est-ce que c'était que ce cirque ? Était-ce sous le coup de la peur que ce gros moldu moustachu osait s'adresser de la sorte à un sorcier ? À cause de l'attaque des Détraqueurs ?

Sortant sa baguette, Draco poussa la porte entrouverte et s'avança sans cacher son mépris. Moldus le fixèrent avec une incrédulité qui se changea en terreur à la vue de la baguette pointée sur eux. Potter cligna plusieurs fois des yeux comme s'il refusait de croire que Draco Malfoy pouvait se trouver là, dans sa cuisine.

L'homme massif dont le visage se colorait lentement de rouge fut le premier à retrouver ses esprits.

– Des défroqueurs, des hiboux et maintenant on force ma porte ?! rugit-il. Tu es dans une propriété privée, mon garçon. J'exige que tu sortes immédiatement !

À double tranchantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant