Chapitre XXVIII - Les derniers Horcruxes

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Lorsque Draco entra dans son dortoir, les ricanements de Crabbe et Goyle qui avaient rythmé le banquet de bienvenue prirent une tout autre signification. Ils ne se contentaient pas de se ficher de lui, ils préparaient quelque chose contre lui. Draco fronça les sourcils et ouvrit sa valise pour se changer. Une fois dans son baldaquin, il entoura les rideaux de velours émeraude de sorts de protection, par simple précaution.

– Tu-Sais-Qui veut utiliser Crabbe et Goyle contre toi ? résuma Weasley alors qu'ils entraient dans la salle de défense contre les forces du Mal. Remarque, c'est une bonne nouvelle, parce que pour en arriver là, il doit vraiment être désespéré... Ne le prends pas mal, mais tes anciens amis ne sont pas des lumières. D'ailleurs, qu'est-ce qui t'a pris de traîner avec eux ?

Draco déposa son sac sur la dernière table de la rangée.

– Ils m'obéissaient par respect pour mon père, c'est tout. Rien à voir avec l'amitié qui vous lie tous les trois. J'ai vu de quoi vous êtes capables quand il s'agit de vous entraider, dans les visions, et même ici. Jamais Crabbe ou Goyle aurait... Enfin peu importe.

Les Gryffondors eurent tout juste le temps d'échanger un regard avant que le professeur Snape rappelle sèchement à l'ordre les inattentifs. Puis son premier cours de défense contre les forces du Mal débuta, entamant directement le chapitre des sortilèges informulés.


Vers la fin du mois de septembre, un hibou de l'école informa Draco que Dumbledore l'attendrait dans son bureau le jeudi au soir. Contrairement aux précédentes séances, il s'y rendit, déterminé à soutirer d'abord ses réponses au Glyphe. Ensuite seulement il se préoccuperait des Horcruxes.

Le rituel commençait à devenir familier. Le professeur Snape lui tendait une potion, toujours un peu plus perfectionnée, puis venaient les sortilèges qui permettaient au Glyphe de décupler sa puissance.

Mais au lieu de se laisser docilement diriger vers l'Horcruxe suivant sur la liste de Dumbledore, Draco se perdit dans le brouillard du temps, à la recherche de lui-même. Il se retrouva, peu après l'épisode du Serment Inviolable, dans une boutique de l'allée des Embrumes : Barjow et Beurk. Son père l'y avait emmené juste avant sa seconde année, pour vendre certains objets compromettants. Cette fois, Draco se vit marchander seul.

– Est-ce que vous savez comment la réparer ? s'entendit-il demander.

Il désignait une grande armoire qui était déjà là dans ses souvenirs.

Comme Barjow semblait réticent, Draco se vit avancer d'un pas et tendre son avant-bras. Sauf qu'à l'emplacement où aurait dû se trouver le Glyphe s'étalait la Marque des Ténèbres. Ainsi Voldemort ne lui avait pas seulement confié une mission, il avait fait de lui un de ses Mangemorts.

Le nez plissé par le dégoût, Draco décida de continuer à explorer le brouillard sans fin. Au début, il craignait de se perdre ou de gaspiller son temps avec des banalités, mais il s'avéra que seuls les événements importants se dessinaient dans la brume. Il comprit rapidement qu'il s'agissait des souvenirs clefs qui avaient profondément marqué cette vie-là.

Avec un rictus, Draco assista à ses tentatives de... de quoi ? À quoi aspirait-il en remettant un collier maudit à Katie Bell ? En empoisonnant des bouteilles d'hydromel ? À tuer quelqu'un ? Dans ce cas il manquait de conviction...

À travers les sauts dans le temps, Draco se vit céder à l'incertitude, puis à l'angoisse. Il perdait du poids, ses cernes s'assombrissaient et son humeur pâtissait des journées qu'il écoulait seul, au fin fond de la Salle sur Demande, à essayer de réparer l'Armoire à Disparaître.

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