Waaaa ce qu’il m’a dit a fait l’effet d’une bombe atomique dans ma poitrine, j’ai senti mon cœur se briser en mille et mes yeux se remplir de larmes, je lui ai envoyé mon regard le plus méprisant possible et j’ai arraché les clés de sa voiture de ses mains et je suis repartie en furie vers la voiture.
Je me suis installée et ai attendu, bouche cousue et le regard noir, que les autres se réinstallent dans la voiture, j’ai pas envie de rouler car je sais que quand je suis énervée j’ai tendance à rouler vite. Il m’a brisé, ouai, il m’a brisé, au jeu de qui brisera qui le premier, il m’a bien eu, pourtant c’est dingue, je pensais pas être attachée à lui à ce point, mais l’entendre me balancer en pleine figure que voilà tous les deux jamais il le voudrait.
Il a fini par s’installer, j’ai pris la route et ce dans le silence le plus total, j’avais l’impression que je puais la haine et que tout le monde, par choix vital, avait arrêté de parler, même les petits se tenaient à carreaux, et en jetant un coup d’œil dans le rétro, j’ai même pu voir qu’ils dormaient profondément ainsi que Khalti, Mohamed était assis, dos à moi…
Il a tourné sa tête vers moi :
Moha (en chuchotant) : ça sert à rien de faire ta nerveuse avec moi, j’te le dis, et fait attention à ta conduite, tu roule trop vite pour une fille, au fait répond pas j’m’en tape de ce que t’as à me dire, juste ralenti !
Il était méchant, il a baissé son siège, c’est posté en face de moi et vérifiait chaque seconde que je ralentissais vraiment, alors j’ai ralenti, j’avais pas le choix en même temps
Même pas une heure plus tard, Moha m’a fait signe de m’arrêter sur l’aire de repos, ce que j’ai fais, pensant qu’il avait une envie pressante ou je ne sais quoi, en réalité voilà ce qu’il s’est passé.
Les petits dormaient toujours à l’arrière avec Khalti, Mohamed est descendu, il m’a sorti de la voiture par les cheveux, j’avoue que j’ai rien compris, je le regardais en le méprisant du regard…
Moha : va t’asseoir, je reprends le volant, et parles pas ok.
Bref, le trajet suivait son cours, moi je regardais par la fenêtre, je pensais à des tas de choses, ma vie s’était accélérée d’un coup depuis mon arrivée dans ce quartier, mon frère me manquait au plus haut point, et je n’arrivais toujours pas à le retrouver.
Je pense que j’ai du finir par m’endormir car je n’ai qu’un vague souvenir du reste de la route, je n’ai rouvert les yeux que lorsque nous arrivions à l’embarcadère.
J’avais jamais encore connu la folie de dormir dans la voiture en attendant de pouvoir embarquer, pour moi c’était tout nouveau, Khalti est sortie avec les enfants, histoire de leur dégourdir les jambes, eux qui avaient si bien dormi toute la route commençaient à n’en plus pouvoir et à devenir vraiment turbulents à l’arrière.
Je voulais moi aussi partir avec eux mais je ne me sentais pas de laisser Mohamed tout seul, pourtant je savais qu’entre lui et moi il n’y aurait pas de discussion mais c’était « histoire de » vous comprenez ? Alors je suis restée dans la voiture, côté passager, et lui, même la voiture éteinte, il tenait le volant, comme si il était crispé et qu’il n’arrivait pas à relâcher la pression…
Moha : descend ton siège et rendors toi, on partira pas d’ici avant 4h, le bateau est même pas encore arrivé
Moi : ah d’accord, merci, mais tous ces gens, ils vont tous au Maroc ?
Moha : tais-toi et dors
Je me suis retournée, dos à lui et j’ai entrepris de dormir, je dis bien entrepris, parce que j’étais cassée de partout, mes jambes me faisaient mal, mon dos n’en parlons pas, l’odeur n’était pas des plus parfumées et il y avait beaucoup de bruit autour de nous, au bout d’une demi heure de tentatives de fermer les yeux, j’ai fini par me retourner pour constater que Moha, lui, dormait paisiblement, il devait surement avoir l’habitude, enfin, vous allez me dire, un gars sa peut dormir n’importe ou et le bruit n’est carrément pas un obstacle à leur sommeil, je crois même que plus il y a de bruit, mieux ils dorment.
J’ai ouvert la portière et je me suis postée debout, dos à la voiture, histoire de dégourdir mes jambes et de repositionner mon dos qui me faisait souffrir le martyr, être assise dans une voiture pendant des heures c’est déjà douloureux, mais le faire en ayant eu plusieurs fois les omoplates, les cotes et les cervicales blessées, c’est juste de la torture, j’ai allumé une clope car Khalti n’était pas dans les environs et je ne pense pas qu’elle songeait à revenir de si vite, une heure s’était à peine écoulée et maintenant il y avait des voitures à perte de vue tandis que nous, nous étions la 7ème voiture à embarquer, quand soudain…
… : hé ho la miss t’es qui toi ?
Moi : j’te retourne la question ?
… : fais pas trop la vaillante cousine, ou ma petite sœur te met à l’amende !
Moi : faut savoir, c’est toi qui vient ici qui m’agresse et tu attends que je te réponde gentiment ?
… : eh ouai c’est vrai Khalid, elle a raison
… : ferme là Souad, bon, t’es qui Mademoiselle ?
Moi : c’est plus correct, moi c’est Nadiya
… : et moi c’est Souad, et lui, ce con, c’est mon grand frère, Khalid
Khalid : ouai j’suis Khalid
Souad : on est enchanté, Khalid le dira jamais, tu comprends Nadiya, « c’est pas un pd » (en imitant sa voix)
Khalid : ferme là c’est pas parce que t’as eu ton permis et qu’on se casse en vacances que tu dois faire la vaillante !
Moi : enchantée aussi !
Khalid : elle est où ma princesse ?
Moi : quelle princesse ?
Khalid : Anissa, tête que t’as !
Moi : ah.. vous… euh..
Khalid : en cas, on habite la même cité que Moha
Moi : pourtant, avec l’accent marseillais…
Souad : ouai, c’est réné, on a déménagé l’année dernière ! on habite à côté de chez Moha
… : waaaa tu peux pas fermer ta gueule Sou, ta voix est venue me persécuter jusqu’à dans mon rêve
Khalid : eh ouaiiii fréro fada la gueule que t’as !
Moha : tais toi, j’ai quasi rien dormi, je suis fatigué !
Khalid : eh, moi ma sœur a roulé, j’ai eu peur wAllah mais après j’ai dormi, et toi, Nadiya, t’as pas le permis ou quoi ?
Moi : si, mais j’ai eu le droit que deux heures de rouler sa petite femme !
Souad était morte de rire à côté, Moha, lui, ça l’a pas fait rire du tout…
Moha : JE T’AI DIT QUOI LA CON DE TOI ? LAISSE MOI TRANQUIL PARLE MOI PAS
Khalid : c’est bon khey, qu’est-ce que t’as là
Moha : rien, rien qu’elle me prend la tête, je sais pas pourquoi elle est partie avec nous wAllah mais ça me gave grave !
Et bim dans ta tronche Nadiya ! J’avais voulu faire la maline à le taquiner, mais le retour de flamme a été correctement fait et je me suis brûlée, même sévèrement brûlée. Souad m’a attrapé par le bras et m’a emmené avec elle faire un tour, j’en avais pas trop envie mais en fait j’avais pas non plus envie de rester à côté de Moha.
Souad : t’es sa gadji ?
Moi : ah, non non !
Souad : alors je comprends pas qui t’es
Moi : je suis nouvelle au quartier, et Khalti a insisté pour que je vienne comme je suis seule et tout
Souad : eh ouai Khalti Khadija c’est la meilleure wAllah, je comprends mieux pourquoi t’es là, mais y a encore un truc que je comprends pas
Moi : quoi ?
Souad : y a quoi avec Moha pour qu’il fasse autant le crapuleux ?
Moi : rien, pourquoi ?
Souad : Moha c’est de loin le plus connu au quartier comme étant le plus gentil, le plus serviable, il est dans le bizibizi certes mais c’est la première fois que je le vois hurler comme ça fada, alors je pensais qu’il y avait quelque chose
Moi : on connaît pas le même Moha alors, rien qu’il me crie dessus à moi
Souad : je t’assure que c’est pas son genre, il doit y avoir autre chose wAllah parce que c’est le seul gars à qui mon frère me laisse parler tellement il sait qu’il est pas mal intentionné ni méchant, et pour que mon frère me laisse parler à un gars fada il doit avoir confiance en lui les yeux fermés, c’est des frères Khalid et Moha, rien qu’ils sont ensemble ! le Ying et le Yang !
Moi : ah ouai ? ben… j’te le dis, il est trop méchant avec moi !
Souad : bizarre wAllah, sinon Nadiya, t’as quel âge ?
Moi : 18, et toi ?
Souad : 19 ! tu vas dans ta famille au Maroc ou tu vas dans celle de Moha ?
Moi : dans celle de Moha
Souad : waaaa de la bombe, on sera voisines la bas encore ! rien qu’on pourra se faire des sorties avec ses sœurs et tout, de la bombe !
Moi : ah donc ça fait pas que un an que vous vous connaissez ?
Souad : ehh nonnnn on se connaît depuis tous petits avec sa famille, et quand mon frère a eu assez fait de conneries sur Marseille, mes parents ont décidé de quitter ma Ville, mon bébé, pour aller habiter là où ils connaissent déjà des gens !
Moi : je comprends mieux
Souad : he vas y tend une cigarette déjà qu’on est loin et que mon frère m’a branché avant et que j’ai pas pu fumer pour me calmer
On a donc fumé une cigarette ensemble, et on a continué à parler, de tout et de rien, eux aussi ils étaient les derniers à partir de leur famille, leurs parents étant partis avant avec le reste de la famille à Moha pour l’organisation du mariage, puis une fois la clope finie, elle m’a demandé mon numéro, je le lui ai donné puis on est retournée chacune à sa voiture, Khalti tressait les cheveux à Anissa, juste avant de me caller avec elles, je me suis cachée entre les voitures et j’en ai fumé une dernière et j’ai beaucoup réfléchi, donc le vrai Moha, c’était celui qu’il était au début avec moi, gentil, serviable, de confiance, pas cette brute finie que j’avais désormais en face de moi, j’étais assez perturbée et je ne comprenais pas pourquoi il agissait de la sorte, je devais lui demander, mais je sais qu’en face j’aurais le droit à un vrai roc…
- Pourquoi t’es comme ça avec moi ? –
Maintenant, fallait-il encore que Monsieur daigne me répondre, d’un côté je pense qu’il allait le faire car c’est plutôt le genre de type qui hésite pas à te faire comprendre les choses et surtout sans passer par 4 chemins, pour te mettre parterre, pour te blesser, comme il m’avait jusque là fait…
Vrr… Vr…
- efface mon numéro laisse moi –
- dès que tu m’aura dit pourquoi t’es comme ça, après je te laisse –
- taleur je te l’ai dit à la station essence, et moi je répète jamais, fou le camp maintenant –
- c’est parce que t’es pas quelqu’un pour moi c’est ça ? Souad m’a dit que t’es quelqu’un de bien, et au début t’étais quelqu’un de bien avec moi, alors pourquoi tu dis que t’es pas pour moi ? –
- Souad parle trop, je suis pas gentil moi –
- Je crois pas –
Il a plus répondu, au lieu de ça il se tenait devant moi, la cigarette dans la bouche…
Moha (en me prenant la main) : écoute, je t’ai demandé gentiment d’arrêter, wAllah ça sert à rien, tu comprends jamais on sera bien à deux (il serrait ma main de plus en plus fort) on sera jamais bien Diya, tu sais ce que ça veut dire JAMAIS ?
Moi : pourquoi tu dis ça Moha ? explique moi au moins pourquoi, après je te prends plus la tête, je serai même morte pour toi si tu veux mais explique moi au moins parce que je comprends plus, je te comprends plus…
J’avais les larmes aux yeux je vous mens pas j’étais pas bien de plus lui parler comme avant…
Moha (toujours en ayant ma main dans la sienne) : Diya, au début wAllah que je voulais qu’on se mette à deux … je voulais bien faire les choses avec toi et tout, mais … mais plus j’apprenais à te connaître, plus tu me rendais dingue, je te vois et direct la colère monte en moi, je sais pas pourquoi…
Il tenait toujours ma main et avec son autre main il se la passait dans les cheveux tout en passant par le visage, il était gêné et en colère, ses yeux étaient noirs de haine, ma main, je ne la sentais déjà plus… J’allais parler mais il repris de plus belle, il parlait si vite que j’avais du mal à le comprendre…
Moha : tu vois Souad a pas menti, j’suis un gars trop gentil … putain Diya je te respecte trop wAllah, et c’est pour ça que je suis pas un gars pour toi, à chaque fois que je te vois, même si on est proche j’ai l’impression que t’es loin de moi ça me fou le seum Diya, t’as tout le temps l’air inaccessible, un coup tu t’ouvres à moi et la seconde d’après tu te braque et rien qu’il faut te courir après pour que tu sois normal à nouveau, PUTAIN ! J’SUIS UN RAJEL TU COMPRENDS J’PEUX PAS !
Il a commencé à hurlé et j’avoue que j’ai plus écouté, il a certainement dû le remarqué et il a baissé d’un ton…
Moha : je peux pas mettre ma fierté tous les jours de côté, je pensais pas qu’une fille pouvait avoir plus de fierté qu’un homme jusqu’à que je te connaisse…
Moi : Moha …
Moha : laisse moi terminer, ça pourra pas marcher, autant j’ai envie qu’on soit à deux parce que tout de toi me rend fou mais ton caractère tout ça je vais pas pouvoir l’assumer, déjà maintenant j’arrive plus je te crie dessus alors que tu mérites pas ça mais j’arrive pas à me contrôler et c’est la première fois que ça me fait ça, tu me fais trop changer Diya, et en mal, rien que je te blesse, je te fais du mal je le sais je le vois
Moi : Moha s’il te plait…
Moha : j’ai dit ce que j’avais à dire, c’est ce que tu voulais savoir alors maintenant va à la voiture, et sors de ma vie s’il te plait…
Moi : t’as parlé, à mon tour de parler tu crois pas ?
Moha : pour dire quoi, j’ai déjà tout dit putain Diya complique pas les choses, j’ai pas envie de te crier encore dessus, ça me soule de te voir les larmes aux yeux tout le temps quand t’es avec moi putain Diya haychik vas-t-en !
Il me poussait tout doucement de lui, comme s’il osait pas, alors qu’il s’était pas gêné jusque là, j’avais l’impression qu’il voulait que je parte tout autant qu’il voulait que je reste, alors quitte à me prendre des coups, je voulais moi aussi dire ce que je gardais pour moi…
Moi : t’as pas tout dit, tu parles de toi, que de toi, de ce que tu ressens toi et moi tu t’en fou c’est ça ?
Moha : Diya, complique pas tout …
Moi : PUTAIN !! MOI AUSSI MOH J’AI LES NERFS, TOUT LE TEMPS MEME ! j’comprends pas pourquoi un coup t’es gentil avec moi et après tu me hurles dessus à me monter en l’air, mais Moha, j’ai jamais connu, une personne de confiance et encore moins l’habitude de parler de moi, d’apprendre à connaître quelqu’un et de lui avouer ma vie, tu sais pourquoi ?
Moha : …
Moi : TU SAIS POURQUOI ?
Moha : non…
Moi : parce que tu vois, ma vie, t’en connais même pas le quart que tu lâches déjà l’affaire, je me dis que le jour où tu sauras tout tu va me lâcher et je serai à nouveau toute seule comme d’habitude, et j’ai plus envie de connaître tout ça tu vois, j’en ai assez (j’ai commencé à pleurer), j’ai envie de sentir ce que c’est de compter pour quelqu’un, me sentir importante pour quelqu’un, j’avais commencé avec toi à comprendre ce que c’était et … et j’étais bien, pour la première fois de ma vie j’ai connu le sentiment d’être heureuse, wAllah que j’avais jamais connu ça avant…
Moha : arrête Diya…
Moi : mais tu t’attendais à quoi, que je te déballe tout de moi comme ça, sans que ça ne m’atteigne ? mais c’est pas possible Moha, toi même tu as vu que ma vie était compliquée, c’est normal que je sois une fille compliquée et que je me braque dès que je sens qu’on va me lâcher… mais toi.. grâce à toi wAllah que j’avais l’impression de voir une lumière dans ce tunnel tout noir que je traverse depuis 18 ans, et maintenant à cause de toi il fait tout noir… alors t’es peut être heureux, t’es peut être gentil, respectueux et un gars de confiance, mais ça, c’est pas avec moi, peut être que t’arrives pas à assumer que je sois quelqu’un de fière, solitaire, inaccessible et indépendante, mais je t’ai pas demandé d’assumer ce que je suis, je l’assume déjà, tu te rends pas compte ce que c’est pour moi de t’avoir dévoiler une partie de moi, le courage que j’ai du prendre pour te raconter ma vie et te donner ma confiance et toi tu prends tout et tu piétine, wAllah ça fait mal … trop mal…
Silence… J’ai plus rien dit, j’ai tenté de le regarder dans les yeux mais rien qu’il baissait la tête pourtant j’avais pas l’impression d’avoir dépassées les bornes, j’avais répondu à son attaque par une attaque, il m’avait lancé des poignards de mots qui m’ont blessé, je me devais de les lui retourner…
Moi : j’vais essayé de croire que t’as raison, que t’es pas quelqu’un pour moi, même si au fond de moi y a quelque chose tu vois, vraiment, mais puisque t’en veux pas, alors je m’y ferai parce que je sais plus que quiconque que la vie c’est comme ça…
J’ai écrasé ma cigarette, j’ai essuyé mes larmes parce qu’on m’a appris à ne pas me morfondre et à faire bonne figure car plus t’es faible et plus t’es à la merci des autres loups, il tenait fermement ma main, j’insistais pour lui enlever mais il ne lâchait pas prise, il avait la tête baissée…
Moi : Moha lâche ma main haychik
Moha : non
Moi : j’ai dit haychik
Moha : et j’ai dit non...
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