** Un petit flash-back s’impose. Je change de journal intime et prend celui concernant Moha… **
J’étais suivie, pas psychologiquement, mais par un médecin quand même, qui m’aidait à retrouver mon équilibre alimentaire et à sortir de cette phase dépressive dans laquelle je commençais dangereusement à mettre le pied, même si Moha était très patient, jour après jour, il perdait de sa patience, il redevenait violent, d’abord verbalement puis il a fini un jour par me gifler, j’ai jamais compris, même au jour où je vous écris la chronique, pourquoi il a changé comme ça.
J’avais l’impression qu’il voulait aller plus vite que la musique, me forcer à avancer plus vite que ce que je n’étais capable. Il me pressait à trouver mon frère alors que je ne trouvais pas de nouvelle solution pour savoir ce qu’il devenait, il me pressait à manger, alors que le médecin me demandait de prendre tout mon temps, il me pressait à reprendre le travail alors que le médecin me jugeait trop fragile pour subir les pressions d’un travail, il me pressait dans tout, il m’emmenait courir tous les soirs et me forçait à dépasser mes limites, encore et encore, parfois j’en venais même à vomir et à ne pratiquement plus arriver à marcher, mais il me poussait, encore et encore, comme si chaque minuscule pas que je me félicitais de faire ne lui suffisait pas.
Il en voulait plus, encore et toujours plus, et mon corps n’arrivait plus à le suivre, mon mental l’avait déjà lâché depuis bien longtemps, mais ça, il ne le comprenait pas, puisque pour lui tout allait bien, ça devait être de même pour moi. Il avait focalisé mon bien être sur le sien et pensait que si pour lui tout allait bien, c’était également le cas pour moi.
Mais mes vieux démons étaient toujours présents, et ce, malgré tous nos efforts, qu’ils soient communs ou indépendants, je n’arrivais pas à ne pas penser à mon frère, ni à mes recherches infructueuses, encore moins à tout ce poids que j’avais perdu et à la mort que j’avais frôlée de très près, je n’arrivais plus à faire abstraction de la violence que m’avais fait subir mon père, je crois que plus je prenais de l’âge, plus les questions que je me posais et dont je n’avais, jusque là, pas eu réponse, me bouffaient littéralement.
J’avais besoin de changer d’air, j’avais proposé à Moha de partir, ne serait-ce qu’un week-end, je voulais me plonger dans le haram en partant « en couple » avec lui pour me sortir de mes enfers mais il ne voulait pas, et c’était à peine s’il me regardait dans les yeux, il me disait toujours « je t’ai souillé une fois, pas deux et avec toi la tentation est trop grande » et par derrière, il me brisait le cœur encore plus…
Lors d’une de ses rares visites :
Moha : Diya, t’as mangé aujourd’hui ?
Moi : non
Moha : manges, faut pas que tu retombes dans ton délire là
Moi : c’est bon Moha, j’ai pas mangé parce que j’ai pas faim c’est tout
Moha : bon, on va au snack, faut que tu manges
Moi : ho ça va hein, j’ai pas faim, je vais pas me forcer à manger !
Moha : mais tu crois que ton frère serait heureux de te voir comme ça ? je sais qu’il serait pas heureux Diya
Moi : putain mais arrête de me parler de lui haychik, tu sais que ça me fait trop de mal de pas l’avoir à mes côtés !
Moha : et alors, on dirait pas, t’as arrêté tes recherches !
Moi : c’est même pas vrai, qu’est-ce que tu me dis ! t’es fou ou quoi ?
Moha : tu passes tout ton temps avec la Nouria Family, à croire que t’as oublié que t’en avais une toi aussi !
Moi : putain Moha ta gueule, j’te jure ta gueule !
Moha : ou sinon quoi ? la vérité blesse c’est tout Diya
Moi : Moha dès que j’ai l’impression d’avancer un petit peu, pourquoi, pourquoi tu me rappelle à chaque fois ce que j’ai perdu ? crois pas que j’ai arrêté de chercher, justement, t’es plus avec moi tous les jours pour savoir si j’ai arrêté ou pas, alors débranche moi haychik !
Moha : alors c’est ça, j’te suffit plus, t’as plus l’impression d’avancer avec moi ?!
Moi : c’est pas ça mais Moha comprends moi, il faut que je lâche du lest justement pour plus retomber dans mon délire d’avant, ça me bouffait trop, comme ça je peux plus continuer, t’es là tout le temps à me parler de mektoub mais tu le laisse pas agir, putain je peux rien faire contre Moha, un jour ou l’autre je reverrai mon frère, crois pas que j’ai abandonné cette idée, c’est juste que… ça me détruis Moha, toutes ces recherches qui ne mènent à rien, ça me tue j’te jure, et là, je sature, je peux plus putain j’suis au bout du rouleau ! j’ai BESOIN de me recentrer un peu sur moi-même et ça, j’ai pas l’impression que tu t’en rende compte.. j’ai tout donné Moha, tout, tout ce que j’avais, j’ai sué, tous les jours, pour avoir ce que j’ai aujourd’hui et j’ai peu, j’le sais, mais pourquoi tu ressens le besoin de me le dire chaque jour ? tu crois que j’en suis pas consciente Moha ?
Moha : vas y j’fou le camp alors ! Eh, au fait ?!
Moi : quoi putain ?
Moha : vient plus pleurer chez moi, tu m’as gavé !
Moi : ouai c’est ça, t’as cas partir, toute façon c’est tout ce que tu sais faire, tu crois que je sais pas où tu vas quand tu t’en vas comme ça ? tu crois que je ne connais personne ou quoi ? c’est bon, cette époque est révolue Moha, tout ce sait ici, TOUT ! TU M’ENTENDS ? TOUT !
Moha : débranche moi c’est bon, j’décalle !
Il a claqué la porte violemment et je crois pour ma part qu’il va falloir que je vous remette dans le contexte, Moha ne tolérant plus de devoir attendre que je retrouve mon frère pour officialiser les choses avec moi pétait littéralement les plombs en ma présence, et il ne se gênait pas pour le faire, même en public, parfois j’avais honte, je me sentais blessée, humiliée, parfois ça me passait par dessus la jambe.
Il mettait même sur ma faute le fait d’aller « voir ailleurs ». En effet, depuis peu, des tas de rumeurs couraient sur lui, et même Sou se demandait comment il avait pu changer aussi rapidement, et ce, dans la mauvaise direction, lui qui avait toujours été si « hnine » ne l’était plus vraiment.
Il avait, je crois, même commencé à boire et finissait la soirée avec des tas de filles, de plus en plus dénudées les unes des autres et je ne vais pas vous faire un dessin de ce qu’il se passait entre eux.
Moi derrière, je ne disais rien, mais… j’avais mal, je souffrais en silence, et sans le savoir, il m’enfonçait encore plus dans mon mal-être, le seul homme que je pensais m’aimer et entrain de se détruire car je ne suis pas capable de lui offrir la stabilité dont il rêvait, pour moi, tout était de ma faute même si Tissem, Nouria et Souad tentaient de me consoler en me disant le contraire, d’après elles, tout cela était dû seulement à son incapacité à patienter et à « mettre ses couilles d’homme de côté » ainsi qu’à tenir ses promesses, il m’avait promis, oui, il l’avait fait, il m’avait promis patience et soutien, et tout ça, je ne l’avais plus.
Au fond de moi, je souffrais de l’aimer comme je l’aimais, ce n’était plus possible, alors petit à petit je forçais mon cœur à le mettre de côté, je savais que ce ne serait pas une partie de plaisir, mais je m’en sentais obligée, je ne pouvais plus, non je ne pouvais plus tolérer qu’il me rabaisse autant et me traite comme ça, comme une pauvre fille qui l’aime et qui doit tout lui pardonner, y compris ses écarts de conduite et toutes ces autres filles à qui il offrait son temps, tandis que moi c’est à peine si, à ces yeux, je méritais un « bonjour »…
Tout le monde savait que nous étions « ensemble » ou « promis l’un à l’autre », je ne sais pas comment on peut appeler ça, du coup tout le monde me dévisageait, soit parce que j’étais la pauvre fille trompée tous les jours, soit parce que « je n’avais pas réussi à retenir mon homme », la situation dans laquelle je me trouvais était particulièrement horrible, je voulais en faire l’impasse mais si je ne vous le dit pas, vous ne comprendrez plus rien au reste de la chronique.
Voilà à quoi se résumaient ses visites ces derniers jours, je sais pas pourquoi avec lui tout devenait si compliqué alors que tout allait si bien avant, je ne sais pas, c’est compréhensible pourtant non ? je veux un petit peu m’occuper de moi-même, je suis trop fragile, je n’ai pas encore repris les forces nécessaires, sur les 19 kilos perdus, je n’en ai repris que 7 et ce n’est pas suffisant, ma santé mentale non plus n’est pas au top niveau, il croit que traverser des périodes aussi difficiles s’effacent en un claquement de doigt et deux trois mots de soutien ?
De toute façon, comme à son habitude, il a à nouveau lâché l’affaire quand il a vu que je n’arrivais plus à suivre, d’après lui « si tu veux tu peux, et comme tu veux pas, ben forcément t’arrives pas » et il a fini par ne presque plus venir me voir.
Comme avant, tout comme avant. En même temps, à chaque fois qu’il vient, c’est prise de tête sur prise de tête, j’ai beau essayé de lui montrer que je fais des efforts pour être à nouveau moi-même, il me flingue à chaque fois, ce que je fais c’est jamais assez pour lui, donc il me hurle dessus, me plaque contre le mur, recommence à être violent, et me sentant agressée, je réplique, et je ne vous laisse pas imaginer que nous ne nous tapions pas dessus, au contraire, je ne compte plus les flaques de sang qui ont inondé mon entrée ni les bleus que nos corps on vu s’effacer…
J’avais face à moi un autre Mohamed, Khalti me demandait de l’aider car même avec elle il était devenu horrible, il rentrait saoul, sans scrupule, et était même allé une fois jusqu’à lever la main sur elle, sans la toucher certes, mais il l’avait voulu, moi je n’en étais pas capable, si je l’aidais, alors que je sombre déjà moi-même, où irions-nous ? j’avais déjà tenté de l’aider mais ça finissait en bagarre, moi en larmes chez moi et lui certainement dans le lit d’une autre, je n’étais plus capable de rien envers lui, j’étais désemparée et au delà de tout, déçue.
Une fois alors que j’avais tenté de le garder chez moi, un soir, afin qu’il évite de sortir…
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