Il y a quelques mois, j’ai décidé de créer une chronique et de « me mettre à nu », d’ouvrir mon cœur et mon jardin secret à des gens que je ne connaissais pas, un peu comme le système des alcooliques anonymes, sauf que dans mon groupe à moi, on aurait tous des addictions différentes les unes des autres, j’accepterai tout ceux qui accepteraient de m’accepter comme je suis vraiment.
Nous étions très peu au départ, mais cela me convenait déjà très bien.
Quelques mois plus tard, nous sommes plus ou moins 20.000, et nous ne cessons d’augmenter chaque jour un peu plus.
C’est l’occasion pour moi de vous écrire une partie bonus, de vous partager encore quelque chose que je ne vous ai pas partagé dans mes écrits.
Pour ça, il a fallut que je fouille un peu chez moi afin de retrouver cette petite boite à chaussures qui renferme ces quelques feuilles sur lesquelles j’ai écris, un an jour pour jour après que Mohamed nous ait quitté.
Ces feuilles que j’ai abimées avec mes larmes et ma tristesse, ces feuilles que j’ai protégées avec mon amour et mon respect…
Ces écrits, je les transforme en « partie » pour vous
…
« J’me souviens comme si c’était hier, et pourtant ça fait déjà un an aujourd’hui.
Un an que t’es partit et j’te jure Omri, j’ai l’impression que c’était hier, que 12 mois ne se sont pas écoulés entre ton départ et aujourd’hui.
A part laisser ma grossesse se faire seule et avoir un penchant pour un autre homme, non, je n’ai rien fait d’autre.
Je ne me suis pas accordé un moment de répit, j’avais peur de m’égarer en chemin, d’oublier quel était mon objectif, d’oublier que la vie continuait, je ne voulais pas laisser la place à la peur qui me tenait le ventre, oui, cette peur de me projeter dans l’avenir, mais sans toi.
Aujourd’hui, l’homme qui a pris ta vie se fait juger. Ironie du sort, pile aujourd’hui, un an après qu’il t’ait pris à moi.
Je ne sais pas si j’irai, je regarde l’heure sur ma montre et m’aperçois qu’il faudrait déjà que je sois partie. Mais je ne sais pas encore si le peu de courage qu’il me reste me permettra d’y aller.
J’ai peur de l’affronter.
J’ai peur de voir dans ses yeux qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il nous a pris, j’ai peur de ne pas arriver à le regarder sans lui souhaiter la mort.
J’ai encore trop de haine, et je ne sais pas si un jour elle disparaitra.
Mehdi est à côté de moi, il n’arrête pas de passer ses mains sur son visage, il a perdu beaucoup de poids en un an.
Tu sais, depuis que t’es partit, ça a mis un coup au moral de tout le monde. J’ai tendance a trop être égoïste depuis que t’es partit. Je ne pense qu’à moi, qu’à ma petite personne, pensant qu’il n’y a que moi qui le vit mal, et pourtant, il me suffit de regarder autour de moi pour voir que ton départ n’a pas marqué que mon visage. Il en a marqué des tas d’autres. Et Mehdi en fait partie. »
Mehdi : on y va ?
Moi : vas y sans moi
Mehdi : Diya…
Moi : donne moi une seule bonne raison d’y aller, à part celle de voir l’homme qui a tué mon mari et de pouvoir lui souhaiter la mort en le regardant dans les yeux, vas y, donne moi UNE seule raison, juste UNE !
Il réfléchit.
Il n’a qu’à réfléchir.
Il n’y a aucune autre bonne raison d’y aller, à part pour entendre les dernières minutes de ta vie, ce que je ne veux pas, et revivre cet accident en boucle encore une fois, alors que depuis un an, pas un jour ne s’écoule sans que je t’imagine dans cette voiture, sans que je ne me fasse mille hypothèses de cet accident.
Mehdi : j’en ai trouvé une
Moi : vas y ?
Mehdi : il faut que tu mettes un visage sur l’homme qui a fait ça, que tu entendes la vérité sur ce qu’il s’est réellement passé
Moi : et ça va m’aider à quoi ?
Mehdi : à accepter, je pense que tu as besoin de cette étape pour accepter, pour commencer à passer à autre chose, si tu ne viens pas, tu risques de regretter, et tu sais comme moi que le regret chez toi prend des proportions énormes, ça risque de te bouffer, vient, tu n’as rien à perdre, rien à gagner
C’est vrai, je n’avais rien à perdre et rien à gagner, cet homme m’avait déjà tout enlevé, que pouvait-il m’enlever de plus ?
Je me suis levée, j’ai enfilé ma veste et je me suis postée devant la porte.
Moi : Mehdi, promets moi que si tu sens qu’il faut qu’on s’en aille, on s’en ira
Mehdi : je te le promets
Il était très tôt, on a pris la route jusqu’à la gare, et enfin le train jusqu’à Paris. Tout le monde savait que c’était aujourd’hui, mais tout le monde avait le même discours que moi, il n’y avait que Mehdi dans tout ça qui voulait absolument assister au jugement.
Je redoutais déjà l’instant où j’allais arriver devant le Tribunal, cet instant où je croiserai tous les amis d’enfance à Mohamed, Allah y Rahmou, et qui, je le savais, seraient là pour assister au jugement de l’homme qui nous l’a enlevé.
Lorsque je suis arrivée, il y avait un monde de dingue, je ne pensais pas qu’autant de gens seraient présents. Mais ce fut comme un soulagement, ma peine serait partagée, elle sera moins dure que si je l’avais vécue seule avec Mehdi.
Je me suis dirigée vers notre Avocat, qui discutait avec l’un de ses Confrères.
Moi : Bonjour Maître
Lui : Bonjour Madame *****
On a discuté, un petit peu, je le voyais hésiter sur le choix de ses mots, il était prévenant, calme et rassurant. D’après lui tout irait bien, la condamnation sera à la hauteur du crime et on devra s’y résigner.
Je ne voulais pas d’argent, non, j’avais demandé un seul euro symbolique, oui.
Je ne voulais pas m’enchérir sur le dos de la mort de mon mari. Il en était hors de question. Khalid m’avait dit qu’on en discuterait, et que si le Tribunal décidait de m’accorder de l’argent, et bien cet argent reviendrait à Kaylissa.
Je me suis éloignée du groupe à un moment, histoire de souffler, de ne plus entendre de vieux souvenirs évoquant Mohamed, Allah y Rahmou.
… : s’il vous plait Madame ?
Je me suis retournée, une femme, menue mais assez grande, avec un teint blafard, se tenait derrière moi.
Moi : oui ?
Elle : je voulais vous dire au nom de mon mari que je suis désolée
Lorsqu’elle m’a dit ça, des milliers de sentiments se sont débattus dans mon corps, la haine, la rancœur, la peine, mais aussi l’incompréhension, au delà de tout, ce que je ressentais, je crois, s’appelle de l’indignation.
Moi : pourquoi désolée ?
Elle : pour ce qu’il a fait à votre mari, je sais que ce n’est pas pardonnable, mais je tenais quand même à vous dire que je suis désolée, et vous présenter mes condoléances
Dans ma tête des milliards de choses, tout d’abord des insultes, mais au fond de moi, je savais qu’elle n’y avait été pour rien, et que si moi j’ai perdu mon mari, ce soir là, elle a perdu un fils.
Moi : Madame, je ne veux pas vous manquer de respect mais je ne veux pas que vous vous excusiez au nom de votre époux, si quelqu’un doit s’excuser c’est lui, et lui seul, ce soir là, j’ai perdu mon mari, et vous avez perdu un fils, je vous retourne donc mes plus sincères condoléances, mais n’accepterai jamais vos excuses, vous n’avez pas à vous excuser pour un tiers surtout si cette personne là vous a enlevé ce que vous aviez de plus cher
Je me suis retournée, sans même lui laisser le temps de répondre, je n’avais pas envie de la regarder dans les yeux, ni de l’entendre me répondre, pour moi, cette femme aurait du quitter son mari, ne plus rester avec lui, mais si elle était là et s’excusait en son nom, c’est qu’elle le soutenait, et ça, pour moi, c’était juste inimaginable.
La Dame me rattrapa :
Elle : ne croyez pas que je cautionne ce qu’il a fait ou bien que je ne lui en veux pas, mais c’est mon mari, et on s’était dit pour le meilleur et pour le pire, le meilleur est passé, le pire c’est maintenant
Moi : je suis d’accord, le pire c’est maintenant, mais ça ne change pas, vos excuses je n’en veux pas, ce que vous pensez de votre mari ne me regarde pas, mais je vais vous dire quelque chose, je ne cautionne pas et ne cautionnerai jamais ce que votre mari a fait, peut importe les excuses, même si j’en ai un milliard, mon mari ne reviendra pas, ses frères et sœurs ont perdu un frère, sa mère a perdu son fils, et ma fille n’aura jamais connu son père, et mon mari, lui, n’aura jamais su que je portais sa fille dans mon ventre, tout ça, Madame, c’est bien trop pour accepter le pardon, même s’il est sincère, je vous souhaite bon courage
Je me suis retournée et cette fois-ci je me suis éloignée et rapprochée du groupe afin qu’elle ne revienne pas à la charge et qu’une bonne fois pour toute elle me laisse tranquille.
C’était gentil de sa part, je ne dis pas le contraire, mais ce n’était pas à elle de le faire, elle n’avait rien a voir dans tout ça, et elle aussi avait perdu quelqu’un, elle n’avait pas à s’excuser, non, ce n’était pas à elle, et quand bien même son mari aurait fait la démarche pour me demander pardon, je ne l’aurai pas pardonner, et ne le pardonnerai jamais.
Je me rapprochais du groupe doucement, laissant trainer mes oreilles à droite et à gauche afin d’entendre ce que les gens présents disaient de Mohamed.
A un moment donné je sens des mains me toucher à l’épaule, lorsque je me retourne, je suis heureuse de voir qu’il est là.
Je me blottie dans ses bras, car aujourd’hui c’est le dernier endroit où je me sens aussi en sécurité.
Moi : t’es finalement venu…
Nadir : bien sûr !
Je soupire…
Dire qu’à ce moment là j’avais enfin tout pour être heureuse, que j’avais retrouvé mon frère, qu’il était bientôt libre, que j’avais épousé l’homme que j’aime et que sa famille était devenue la mienne, on aurait pu être heureux toute notre vie, Allah ou Ahlem…
Mais dire qu’il a suffit d’une seule seconde pour que tout bascule et que mon rêve s’arrête net…
Ca fait mal, même un an après.
Nadir : comment tu te sens ?
Moi : à vrai dire, je me sens pas du tout d’y aller
Nadir : si tu veux, on restera dehors
Moi : non, toi tu vas à l’intérieur
Nadir : Diya…
Moi : ça suffit, tu discutes pas ! tu… si moi j’peux pas, toi t’as pas le choix !!!!
Nadir : ok ok calme toi Diya, je vais y aller ! et qui reste avec toi ?
… : moi !
Je me retourne, un peu stupéfaite de m’être fait couper la parole par quelqu’un, et aperçois Djibril marcher vers nous.
Il avait son sac encore sur le dos, et sa casquette relevée, je me souviens comme si c’était hier, dessus, y avait un « M » et des ailes dessinés, on aurait dit que le « M » volait grâce à ses ailes, c’était juste magnifique.
Je ne savais même pas qu’il était là, parce qu’on était tous censés être sur Marseille, mais ça m’a fait chaud au cœur de le voir là, qu’il se propose de rester avec moi.
Nadir : t’es sur, ça te dérange pas ?
Djibril : non, je me sens pas trop non plus d’y rentrer, de toute façon je serai resté dehors, je…
Il a eu du mal à finir sa phrase, j’ai senti sa voix trembler…
« Tu voulais juste être là »
Je l’ai aidé à finir sa phrase en lui souriant.
Il m’a sourit, j’ai eu mal au cœur en le voyant sourire de la sorte, c’était le sourire qui empêche les larmes de tomber et la boule coincée dans la gorge d’exploser.
Celui la même qui restait figé sur mon visage depuis 12 mois maintenant.
Et même si « j’ai refait ma vie », même si « la vie continue », rien ne sera jamais plus fort que ce goût amer qu’on a tous et qui nous reste en travers de la gorge depuis tout ce temps.
Ce goût amer du fait accompli, de la disparition incompréhensible et subite, ce goût amer d’inachevé, ce goût amer d’un bien vital qu’on vous a volé… Ce goût amer de la mort tout simplement.
C’était bientôt l’heure de rentrer.
Je voyais tout le monde regarder leur montre, et plus je voyais que c’était bientôt l’heure, plus mon cœur tremblait.
Djibril me tenait la main pendant que mon frère était parti se renseigner sur la salle, on voulait tous être surs d’être au bon endroit, le bon jour, et à la bonne heure.
On était assis à discuter quand tout à coup, j’ai entendu quelqu’un se racler la gorge.
J’ai relevé ma tête, et j’ai aperçu tous les amis à Mohamed, que ce soit d’enfance ou de passage, que ce soit des galères ou des 400 coups, ils étaient tous debout.
Ils étaient orientés vers La Mecque et ont commencé, dans un bruit assourdissant, à réciter la « Sourate Al Fatiha » suivi des Sourates « Al-Ikhlas, Al-Falaq et An-Nas ».
Je n’ai pas pu retenir mes larmes. Pour moi, c’était le plus bel hommage.
Ils étaient entrain de montrer aux personnes présentes, mais surtout à la Police présente également, qu’aujourd’hui, malgré la haine et la rancœur qui planaient, personne ne ferait d’esclandre, que nous sommes tous unis aujourd’hui pour le salut de son âme, que malgré que tout le monde s’attendait à des débordements, il n’y en aurait aucun, le respect étant beaucoup plus fort que tout le reste de leurs préjugés.
Lorsqu’ils eurent fini, c’était pile l’heure de rentrer dans la salle. Nadir, Djibril et Mehdi sont rentrés avec moi. Djibril étant prêt, à tout moment, à m’emmener dehors, n’étant lui-même pas sûr de pouvoir rester.
Les premières minutes furent un enfer, et lorsque j’ai entendu, l’Expert présent dire, mot pour mot :
« Il était encore vivant lorsque les secours sont arrivés. (…)
Si Monsieur ******* n’avait pas commis de délit de fuite et provoquer un suraccident un peu plus loin qui, laissant des victimes cette fois-ci légères et qui ont eux-mêmes appelé les secours pour leur signaler les deux accidents (…)
Les secours aurait pu arriver à temps si Monsieur ****** les avait appelé lui-même au lieu d’être retrouvé quelques kilomètres plus loin errant sur l’autoroute, son fils dans les bras… (…)
Son fils, ainsi que Monsieur Mohamed Amine ****** seraient peut être encore en vie. (…)
Bien sur, ce ne sont que des suppositions, qu’une simple hypothèse car la gravité des blessures était telle qu’il n’aurait peut être pas survécu, mais Monsieur Mohamed Amine ******** méritait d’être secouru à temps, cela aurait pu lui sauver la vie. »
J’ai viré à une pâleur extrême.
Chaque mot prononcé me coupait littéralement le souffle.
Tout ça, c’était la première fois que je l’entendais, j’écoutais les derniers instants de la vie de Mohamed, Allah y Rahmou, en même temps que j’écoutais mon cœur mourir dans ma poitrine.
Dans ma tête, c’était la guerre, une seule image tournait en boucle, celle de Mohamed agonisant dans sa voiture, attendant désespérément les secours.
Moi qui pensais qu’il était parti sur le coup, qu’il n’avait rien senti, qu’il n’avait pas eu le temps de se voir mourir, je m’étais trompée.
J’avais bâtis mon deuil sur le fait qu’il soit parti sans douleur.
La barque de mon deuil venait de prendre l’eau…
Je me suis levée, sans dire un mot, droite comme un « i » et j’ai juste commencé à pleurer, en silence, sans aucun bruit.
Je voulais que cet homme me voit, qu’il voit la peine qu’il m’a faite, qu’il voit que même un an après, j’ai toujours aussi mal, voire même plus.
Après l’Expert, est venu le tour du Pompier secouriste qui a procédé aux premiers soins sur Mohamed, Allah y Rahmou.
Son témoignage a, comment dire, encore plus tué ma guérison « dans l’œuf ».
« Dès notre arrivée sur les lieux, nous avons dû faire vite, de l’essence se rependait et nous avions peur que la voiture prenne feu. (…)
Je lui ai immédiatement demandé de me décliner son identité et/ou de me serrer la main, mais il ne l’a pas fait. (…)
Nous l’avons extirpé de la voiture par la fenêtre avant, après lui avoir placé une minerve et un brancard pour caler son dos.
Il s’est mis à trembler, de petites convulsions qui l’ont épuisé : son cœur s’est arrêté alors nous avons procédé au massage cardiaque et à la ventilation. (…)
Son cœur a repris (…)
Son pouls était régulier, mais au vu de ses blessures, nous savions que ce ne serait plus le cas très longtemps. (…)
Il a balbutié « Diya » plusieurs fois, je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire par là, étant habitué à entendre toute sorte de chose dans de telles conditions, mais à l’hôpital on m’a dit que c’était le prénom de sa femme. (…)
Je suis désolé Madame ******, nous sommes arrivés trop tard »
S’en était trop pour moi, apprendre un an après qu’il a prononcé mon prénom en même temps que son dernier souffle, s’en était vraiment trop.
J’étais toujours debout, le Magistrat ne m’avait pas faite rassoir, je ne parlais pas, je pleurais, je ne dérangeais personne et encore moins l’homme qui se faisait juger, qui m’a regardé avant de détourner son regard méprisant.
« Excusez-moi »
J’ai bousculé les gens qui étaient à ma gauche pour sortir de cette salle le plus rapidement possible.
J’avais des palpitations, mon cœur s’embrasait, mon pouls s’enflammait, ma tension s’emportait, il fallait que je sorte. Et ce, très vite.
Je sentais que dans la minute j’allais m’évanouir, mon souffle devenait lourd, j’avais des flash bleus/noirs dans les yeux.
J’étais tellement mal que j’ai couru pour sortir de la pièce, j’ai failli me casser la figure sur Mehdi, assis au bout du banc.
Il m’a relevé de peu et Djibril, assis juste derrière, m’a attrapé par la taille, j’ai posé mon bras sur son épaule et il m’a soulevé, j’étais si faible, mes jambes peinaient à me soulever, il m’a emmené dehors, il fallait que je prenne l’air et vite.
La dernière fois qu’il m’était arrivé ça, c’était il y a quasi un an, lorsque j’avais fait une énorme crise d’angoisse à mon retour du Maroc, après la Salat Al-Janazza…
Les secours ont immédiatement suivis et m’ont administré calmant et oxygène. Au bout d’une demi-heure, j’allais mieux, du moins coté santé, car je continuais à trembler de tout mon être.
Je suis sortie de l’ambulance sans demander mon reste et je me suis assise aux côtés de Djibril, assis sur les marches, tout à côté de l’entrée du Palais de Justice.
Il venait de s’allumer une cigarette, que je lui ai d’ailleurs volée.
On ne parlait pas.
Nos regards étaient perdus dans le vide, quelque par dans l’horizon, peut être cherchant inconsciemment Mohamed…
Je regardais mon alliance, elle était si belle, si étincelante, j’avais des tas de souvenirs qui se bousculaient dans ma tête, j’ai fermé les yeux un instant, comme pour stopper tout ça, et me suis « réveillée » en croyant entendre Mohamed, Allah y Rahmou, rigoler à côté de moi.
En réalité, c’était Djibril.
Moi : pourquoi tu rigoles ?
Djibril : j’étais entrain de repenser à un truc, tu te rappelles le jour de votre mariage, quand on faisait semblant de faire tomber Moha quand on le porter ?
Moi : oui, il était en panique !
Djibril : il arrêté pas de rire en même temps qu’il nous insultait…
J’ai éclaté de rire, un rire profond, un vrai rire, c’est vrai que ce souvenir était particulièrement drôle. Je me souviens parfaitement de l’expression de son visage, à la fois crispée et détendue, de sa voix, à la fois énervée et calme, il souriait aux invités, tout en insultant entre ses dents ses frères qui menaçaient à chaque seconde de l’envoyer au sol.
On a rigolé tous les deux, ça faisait du bien de se rappeler de souvenirs marrants, en ce jour particulièrement difficile.
Ca a été le premier souvenir duquel nous avons parlé, suivi par tant d’autres, tous plus marrants les uns des autres. La journée était passée relativement vite, nous nous rappelions Mohamed en bon vivant alors que dans la pièce juste à côté, c’était son décès qui était mis en avant.
Les jours de procès se terminèrent enfin, et le jour du délibéré arriva.
J’étais dehors, à attendre qu’on vienne me dire quelle a été la décision du jury envers cet homme.
7 ans.
Dans ma tête, je ne pensais pas à cet homme, ni à sa famille, je pensais juste au fait qu’il avait déjà purgé une année complète, et que d’ici 2 ans il pourra demander à sortir en conditionnel…
Dire que la mort de Mohamed ne valait pas plus que ça aux yeux de la Loi…
Dire qu’il fallait s’y faire, regarder cet homme bientôt libre, tandis que nous, nous avions tous pris perpétuité…
(…)
Comme on dit, doucement mais surement, après l’annonce du délibéré, les beaux jours s’installèrent enfin à nouveau dans la famille.
Les jours de pluie avaient cessés, et nous reprenions petit à petit notre vie.
« C’est comme si le jugement de cet homme a été libérateur pour nous Omri, et ce, même si le Juge ne lui a pas affligé ce que cet homme nous a affligé !
Je nous reconnais enfin !
Je crois que c’est tout ce que nous attendions afin de pouvoir enfin voir le bout du tunnel. Nos sourires sont enfin à 100% sincères !
Nous pouvons enfin laisser les périodes de doutes et de tristesse derrière nous, sans avoir à être obligé d’y revenir si nous ne le voulons pas. La paperasse, l’angoisse de rencontrer cet homme le jour de son jugement, tout ça est désormais derrière nous.
Il ne nous reste qu’à être heureux avec ton souvenir sans pour autant être obligé par des inconnus de ressasser sans cesse ton départ, désormais, on parlera de toi quand on le veut, quand on en ressent le besoin, et non pas juste pour remuer le couteau dans la plaie.
On pensait être sur la bonne voie Omri, et je crois que nous le sommes désormais vraiment.
On est tous apaisé, libre dans nos têtes et heureux dans nos cœurs, plus rien ne nous torpille le moral, ton souvenir perdure dans nos mémoires et nos larmes ont disparues pour laisser place à des sourires quasi ineffaçables.
Mohamed, il aura fallut un an pour que nous cessions de nous inquiéter les uns pour les autres, de pleurer en silence dans un coin à l’abri des regards, de se prendre le bec en espérant que ta voix vienne dissiper les nuages noirs, il aura fallut un an pour que cette tristesse se transforme en force et face de nous ce que nous sommes aujourd’hui, il aura fallut un an, alors pardonne nous pour tout ce temps où, nous le savons, tu as veiller sur nous sans relâche, mais il est temps désormais…
Au nom de tous, Mohamed, tu peux enfin reposer en paix, inchaAllah »
***
Mohamed,
Comme dit un certain rappeur que tu aimais bien déjà à l’époque et ce, même s’il n’était pas encore aussi connu qu’aujourd’hui :
« Et si je garde en moi toutes les blessures du passé, c’est pour me rappeler tout ce que tu as fait pour moi, dans mon jardin secret les mauvaises fleurs ont toutes fanées, le temps va tout s'en va, pas l'amour que j'ai pour toi (…) Ce qui est dit est dit, ce qui est fait est fait, j'ai trempé ma plume dans mes larmes pour écrire ce couplet »
Tout ça, c’est un peu toi, un peu moi, et un peu les autres.
J’ai trempé ma plume dans mes larmes pour écrire chaque mot de cette chronique, et comme je t’ai déjà dit, j’ai pleuré et ri, j’ai souffert en cherchant cette paix intérieure finalement trouvée.
J’ai écris chaque mot comme il me venait, sans abuser, sans en rajouter.
J’ai écris sans m’arrêter, parfois pendant des nuits entières, parfois même pendant des week-ends entiers, les crampes aux doigts me forçant à m’arrêter.
J’ai délaissé les autres pour me retrouver moi, c’était un besoin, même si au départ je ne le savais pas, et le comprenais encore moins.
Il fallait que je pose tout ça par écrit, que je fasse le point, un point sur tout, mais surtout un point sur nous, toi et moi, pour enfin arriver à être moi, du moins, celle que j’ai toujours voulu être et que j’étais à tes côtés, mais qui, à ta mort, avait décidé de se cacher.
Toi et moi c’était beau, c’était fort, mais ça ne devait durer qu’un laps de temps, que ce laps de temps que le Mektoub nous avait accordé, le Mektoub l’avait décidé, tu devais partir…
Au départ j’ai accepté à contrecœur, aujourd’hui j’ai accepté, vraiment.
T’étais un homme bon, au tempérament de feu, parfois calme, parfois hargneux, parfois doux, parfois rude. C’était tout toi, oui, voilà, t’étais tout à fait comme ça.
T’étais si colérique parfois mais tellement attachant que pour rien au monde on aurait voulu que tu t’éloignes de nous.
T’étais ce genre de personne qui rentre dans une vie, qui déclenche un ouragan de sentiments contradictoires et qui nous marque à vie.
T’avais cet espèce de pouvoir sur nous qui te rendais différent des autres et surtout irremplaçable.
T’étais ce mec un peu hors du commun, si troublant, si mystérieux, qui faisait chavirer les cœurs de tous les gens t’ayant côtoyé de près ou de loin, mais c’est le bateau de mon cœur qui a réussi à s’encrer à ton port, pas faute pour d’autres bateaux d’avoir essayé, mais je suis la seule a avoir réussi.
Tu sais, parler de toi en métaphore, c’est pour expliquer à quel point toi et moi c’était vrai, pur, intense et juste exceptionnel.
Je ne regrette rien, ni nos prises de bec, ni nos délires, et encore moins nos souvenirs, tous plus intarissables les uns des autres.
C’est dingue comme juste parler de toi me faire rougir les yeux.
***
Il est presque 5h du matin et je ne dors pas.
Cette nuit à 00h01 je suis devenue Maman pour la 3ème fois. Je ne trouve pas le sommeil pourtant je suis épuisée, je regarde Younes dormir dans son berceau pendant que je fais le point sur ma vie.
Tu n’auras jamais connu ta fille, et pourtant, elle, c’est comme si elle te connaît par cœur.
Elle agit comme toi, elle a ton sourire et tes fossettes, elle a ton rire et tes manières, sa façon de bouder, les poings sur les hanches, et de détourner le regard, tout ça, c’est toi, typiquement toi. Comme si elle t’avait observé assez longuement pour pouvoir te copier.
On dit souvent que les enfants, de par leur innocence, sont comme les anges et qu’ils peuvent voir des personnes, que nous, les adultes ne pouvons voir.
Ca me fait penser à un épisode auquel je pense souvent, le sourire aux lèvres, la larme à l’œil.
En effet, quand elle était petite, elle devait avoir 2 ans et des broutilles, elle s’était réveillée dans la nuit, je l’avais entendu, car depuis que je suis Maman, je ne dors plus que d’un œil…
Elle avait couru dans ma chambre pour me prendre la main, me faire sortir du lit et me montrer un endroit vide dans le couloir, juste en face de sa chambre.
Kaylissa pointait cet endroit du doigt en répétant « Papa Ange ».
Elle le répétait avec tellement d’insistance que j’en ai été troublée.
Je me souviens m’être collée au mur, non pas de frayeur, mais de surprise, parce que moi, je ne voyais rien, alors que son regard à elle, fixait bien « quelque chose ».
Je me suis assise, face à cet endroit, avec elle dans mes bras, elle ne tenait pas en place et je la forçais à rester dans mes bras, c’était comme pour me consoler, alors qu’elle n’avait qu’une envie, celle de courir rejoindre ce qu’elle voyait.
Elle ne lâchait pas le regard, même pas pour cligner des yeux.
Elle souriait à pleine dent et s’est même mise à rigoler, un rire profond, sincère, comme je ne l’avais jamais entendu jusque là, tout en répétant « Papa Ange ».
Je me suis relevée alors, et lui ai demandé pourquoi elle disait ça, tout en m’approchant du lieu qu’elle regardait instamment.
Je voulais qu’elle m’explique avec ses mots d’enfants ce qu’il se passait, même si au fond de moi je savais.
Soudain elle s’est mise à pleurer.
Elle pleurait si fort que Khalid a fini par se réveiller, et c’est à Khalid qu’elle a dit ces mots « Papa Ange parti ».
J’ai mis plus de deux heures à la consoler, je ressentais à ses pleurs qu’elle avait le cœur déchiré parce que ce qu’elle avait vu et qui l’avait rendu si heureuse était parti.
J’avais compris, étant donné son état, qu’elle s’était sentie en sécurité face à ce qu’elle « voyait » dans le couloir, et que moi je n’avais pas vu.
Je ne sais pas si c’était votre première rencontre, mais en tout cas, ce fut la première sur laquelle elle a pu poser des mots, et ce fut ces quelques mots qui ont apaisé tous mes doutes de mère.
Tu veilles sur elle. Et elle le sait, pour t’avoir vu veiller sur elle pendant son sommeil…
Ce que moi j’ai ressenti ce soir là n’a pas de mots même encore aujourd’hui, après quelques années de recul.
Souvent, avec Khalid on en reparle et on arrive toujours à la même conclusion : même n’étant plus parmi nous, tu nous procures encore des frissons.
Tu nous rappelles que la vie n’est qu’éphémère, mais que la mort est éternelle.
***
Pour moi, tout va bien, après m’être remise de ton départ, même si j’en reste encore fragile, comme tout le monde, j’ai continué ma vie, donnant naissance quelques temps après à une magnifique petite fille, Kaylissa, notre fille.
Je n’ai profité de rien, me mettant moi-même des barrières à ma vie.
Je me suis jetée à corps perdu dans le travail, cumulent même jusqu’à trois boulots en même temps, mais j’ai vite abandonné cette idée là et n’ai gardé que mes deux boulots à mi-temps.
Je travaillais comme secrétaire médicale le matin chez un pédiatre, et l’après-midi en tant que réceptionniste dans un hôtel dont je ne citerai le nom.
Je réapprenais à être heureuse avec les choses simples de la vie.
J’ai réappris à aimer chaque parfum de glace, j’ai réappris à aimer la sensation de l’herbe fraiche sous mes pieds, j’ai même réappris à aimer le chant des oiseaux le matin.
Prendre conscience que le temps file à la vitesse de la lumière et qu’on ne peut pas le rattraper m’a forcé à réapprendre à tout apprécier encore plus que ce que je ne l’aimais déjà avant.
C’était difficile, mais la patience a été une vertu pour moi, et le sera toujours d’ailleurs.
Désormais, je m’émerveille des choses simples de la vie, moi qui avait oublié leur importance, désormais je sais, tout est lié, mon bonheur dépend de choses simples, ces choses que j’avais oubliées.
En cours de chemin, je me suis mariée avec Khalid, auprès de qui la vie me semblait plus jolie et plus facile, j’avais la sensation de me retrouver, de n’être moi-même qu’à ses côtés.
Je retrouvais le bien être d’aimer quelqu’un passionnément, tout en recevant le même amour en retour, j’ai dû chasser beaucoup de doutes, j’ai du mener une guerre contre moi-même, cela n’a pas été facile mais j’ai fini par déposer les armes et laisser ma vie se faire comme elle devait se faire, comme tu avais passé si longtemps à me l’expliquer, et j’ai enfin retrouvé le sourire.
Puis j’ai donné la vie à un petit garçon, Yassine, qui m’a de suite comblé de bonheur, qui m’a rappelé à quel point la vie était belle et à quel point leur innocence est magique, à travers lui je vivais enfin pleinement.
Au début c’était un peu difficile, Kaylissa n’allait à l’école que les matins et gérer deux enfants me semblait infaisable.
Mais j’ai réussi, en puisant la force là où je l’ai toujours puisé : quelque part, je ne sais pas vraiment où, mais quelque part en moi, une source inépuisable.
Dès ce moment là, nous avons commencé à ressembler à ce que j’ai toujours attendu de ma vie : fonder ma propre famille et savoir la garder heureuse.
Les jours passèrent, encore et encore, étant à chaque fois meilleur que celui de la veille.
J’ai toujours fait en sorte de continuer ce que tu avais entrepris : garder ta famille soudée et unie.
Même si tu n’es plus là, tu restes un modèle pour moi.
C’est comme ça que j’ai fini par me remettre en question, aidée beaucoup, je l’avoue, par Khalid et ai enfin donné une chance à ma famille, celle que tu n’as pas connue, mais de laquelle tu m’as guérie.
C’est comme ça qu’à chaque vacance scolaire désormais, je reçois mon demi petit frère Djibril à la maison, c’est le plus grand, les autres, connaissent mon existence, mais sont encore trop jeunes, je suis prête à les rencontrer, je les laisse juste choisir, jamais, non, jamais je ne m’imposerai.
Ma mère, je n’ai pas encore trouvé le courage nécessaire pour lui pardonner, mais son époux actuel est un homme censé, bon et pieux.
Avec lui le contact est simple, sans embuches ni coup bas, il m’est facile de dialoguer avec lui et il me fait confiance quant à ses enfants. Il m’a dit qu’il me laisserait le temps nécessaire pour pardonner à sa femme et qu’il la ferait patienter, au besoin toute une vie, et que jamais il ne me priverait de leurs enfants, qui… même si ça m’était, au départ, difficile à dire étant donné nos liens, sont mes frères et sœurs.
D’ailleurs, en parlant de famille, je les ai tous fait venir sur Marseille, cette ville que tu aimais tant, aurais-tu cru qu’un jour nous deviendrons tous, Parigo que nous étions, des Marseillais ?
Il y a peu, j’ai même réussir à convaincre Nadir de me rejoindre, et c’est un réel bonheur que de l’avoir près de moi quand je le veux, sans avoir à prendre le train ou l’avion, surtout que Nadir va à nouveau être Papa, ce qui fera de moi à nouveau une sacrée tata gâteau !
Que du changement tu vois, mais que du positif, que du bon !
Après ton départ, j’ai eu l’impression que ma vie était une succession de malchance et de malheurs, que tout ce que j’entreprenais et réussissais, finirait, tôt ou tard, par me claquer entre les doigts.
Et finalement, après quelques années, je me rends compte que ton départ aussi tragique soit-il, a été une force énorme pour moi. J’ai accepté que la vie puisse être vache, et que parfois, ce qu’on souhaite vraiment ne se produit pas, mais qu’au contraire, si on se contente des choses simples de la vie, qu’on accepte surtout la vie telle qu’elle est, tout rentrerait dans l’ordre.
Après avoir compris tout ça, je me suis lancée à corps perdu dans des choses simples de la vie que je n’avais pas eu le temps d’apprendre et/ou d’apprécier, ainsi, j’ai enfin appris à faire du vélo.
Toi qui avais essayé tant de fois et jamais réussi à me convaincre de grimper sur une selle, j’ai finalement appris aux côtés de Kaylissa, avec des petites roulettes, que nous avons d’ailleurs quittées en même temps !
J’ai appris à aimer les épinards grâce à Yassine, lors de ses premiers petits pots, il en mettait partout, jusqu’à mon visage, et j’ai été surprise du goût, finalement meilleur que celui auquel je m’attendais.
J’aurai du te croire à l’époque, toi qu’on surnommait Popey… !
Enfin, j’ai appris à aimer les kiwi grâce à Younes, j’ai dû en manger des tonnes durant ma grossesse, et en en mangeant, je te revoyais toi, affalé sur le canapé, découpant un kiwi en deux et le mangeant à l’aide d’une simple cuillère, t’en raffolais, je trouvais ça trop acide et plein de petits grains…
Il aura fallut que mon petit bébé m’en donne l’envie pour découvrir un fruit que jusqu’ici je refusais ne serait-ce que même de mettre en bouche…
Toutes ces choses, tu avais pris de ton temps pour essayer de me les faire apprécier et/ou apprendre, et nous avions cruellement manqué de temps.
Tu es parti avant même que je ne te laisse une chance de réussir à me faire apprécier tout ça…
Mais tu vois… mes enfants ont continué et achevé ton œuvre…
Et j’ai comme l’impression que tu n’y es pas pour rien…
« Ta mère est une femme forte, une reine, une ghetto déesse, j'me rappelle tes premiers pas, elle t'a appris à marcher, et tu trouveras dans ses bras ce que nul ne pourra t'acheter » (La Fouine – Fatima)
J’ai l’impression, à chaque fois que j’écoute cette chanson, que c’était comme si c’était toi qui disait ça à notre fille, je te revois, un soir, la main sur mon ventre, espérant qu’un jour il abrite un petit nous, et prononcer ces paroles…
« Un jour petit bébé, tu seras à l’abri ici jusqu’à ta naissance, et ensuite à l’abri aux creux de nos bras, je serai ton Protecteur, et Maman sera ton Paradis, et inchaAllah tu le comprendras avant de faire des tas de bêtises qui creuseront ses rides, on sera des parents aimants, on fera des erreurs, car personne n’est parfait, mais s’il y a une chose dont tu ne devras jamais douter, c’est de l’amour parfait que l’on te portera jusqu’à notre dernier souffle et encore plus après »
Tu parlais dans le vide, sans savoir qu’en fait, tu t’adressais déjà à ton enfant, car en effet, à ce moment là, Kaylissa était déjà là, attendant son tour de voir le jour… Mais ça, tu ne l’as jamais su…
La seule consolation qu’il me reste, c’est que tu l’aimais déjà, et comme tu l’as si bien dit « jusqu’à mon dernier souffle, et encore plus après »…
INCHA’ALLAH OMRI
« Kaylissa Khadija Nadira, Yassine Mohamed Khalid, Younes Amine Ryad, mes enfants, mes plus belles merveilles… Personne n’est parfait, et personne ne le sera jamais, je ne serai peut être pas la maman dont vous rêviez, mais vous serez toujours les enfants dont je rêvais, peu importe ce que vous deviendrez, et ce, même si la terre entière nous sépare. Peu importe les moments où nous nous disputerons, où on se criera dessus avant de rigoler ensemble, n’oubliez jamais que la première personne qui vous a aimé plus que tout au monde, c’était moi, n’oubliez jamais que la première personne à tout vous avoir donné, c’était moi, n’oubliez jamais que la dernière personne au monde qui vous donnera tout et qui vous aimera encore plus grand que le monde, ce sera encore et toujours moi… »
**** A nous tous, y compris vous ***