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Je lui ai fais un bisou et j’suis partie, lorsque je roulais jusqu’à chez moi, je pleurais, sah les gens ont du me prendre pour une psychopathe, je pleurais mais genre très bruyamment, j’arrivais pas à me retenir, j’avais un trou dans le cœur.

Non, en réalité c’était bien pire que ça une fois arrivée chez moi.

Je me suis assise sur le banc en bas de ma fenêtre et à vrai dire, la sensation que j’avais c’était d’avoir un couteau dans le cœur, en plein milieu, qu’on m’avait planté à vif, et que chaque battement tournait et retournait. J’avais l’impression d’avoir un poing de côté permanent, que chaque respiration rendait de plus en plus douloureux. 

Je voulais hurler mais mes cordes vocales ne pouvaient plus émettre de son tellement ma respiration était saccadée.

Si j’avais pu, je me serai crevée les deux yeux pour avoir mal ailleurs qu’au cœur, soulager ne serait-ce qu’un peu mon cœur qui depuis peu de temps est obligé d’assumer énormément de chose.

J’ai envie d’insulter Mohamed, de le traiter de tous les noms mais je n’y arrive pas.

C’est pas juste !

Non c’est pas juste, pourquoi il me met à la porte ? pourquoi moi ? celle qui l’a aidé, qui juste avant ça l’a rendu présentable pour paraître devant sa famille, pourquoi m’a-t-il jeté avec autant de méchanceté ? pourquoi ne m’a-t-il simplement pas dit de m’en aller et de revenir une fois qu’il serait calmé ? non, il m’a dit de quitter sa vie et de ne plus jamais y revenir ! Pourquoi moi ?

Parce que je suis le parfait bouc émissaire, la parfaite conne de « trop bonne, trop conne ». Parce que j’aide et que même si je ne reçois rien en retour, je peux aider à nouveau sans rechigner. Parce que je suis celle qui pardonne même après avoir été blessée. 

A partir de maintenant, tout ça, c’est terminé.

Je voulais la mettre à la trappe, qu’elle ne revienne plus jamais, je voulais apprendre à être gentille et cesser d’être mauvaise, je voulais faire rire plutôt que faire mal, je voulais apprendre à prendre dans mes bras plutôt qu’à ignorer les autres, je pensais qu’il me fallait la faire disparaître pour que tous mes malheurs s’arrêtent mais en réalité, elle n’a fait que me détruire encore plus.

Adieu Nadiya la gentille, Welcome back Nadiya la méchante.

Comme dans mes vieilles habitudes, j’enfila un jogging, pris mon IPOD et me l’accrocha au bras, sortie courir et évacuer toute cette haine autrement qu’en me morfondant devant la télé avec un bueno entre les mains.

J’ai couru. Longtemps.

En revenant, c’était l’heure du grand ménage, retour à mon ancien moi : pas d’attache, pas de babioles, pas de trucs inutiles. Passèrent donc à la poubelle mes cadres, les magasins people, les sucreries, les albums photos, TOUT. J’ai enlevé toute trace d’eux dans ma vie car à partir de maintenant, ils ne seront plus jamais essentiels à ma vie.

J’ai pris mon téléphone et j’ai supprimé tous les numéros, je ne gardais que ceux qui me seraient utiles, pas utiles dans le sens si je m’ennui, utiles dans le sens si j’en ai extrêmement besoin.

La salle de bain a subi le même sort : j’ai jeté tout ce qui était en trop au niveau maquillage, bijou et accessoires à cheveux. Je n’ai gardé que le strict minimum car à partir de maintenant, je retourne à ma vie d’avant, cette vie où le strict minimum me convenait amplement et ou je n’avais pas besoin de futilités pour me sentir bien. 

Sah, vous vous rendez pas compte à quel point j’ai changé, enfin je sais pas si ça ce ressent à travers mon récit mais moi je sais et je me rends compte maintenant à quel point j’avais changé et il était temps que tout cela ne cesse car j’étais entrain de souffrir peut être beaucoup plus que ce que je ne souffrais avant, et le but dans sa vie ce n’est pas de souffrir plus chaque jour, c’est d’atténuer ses souffrances.

Avant j’étais endurcie et j’encaissais les coups de la vie comme ils venaient mais je me relevais toujours, sans rechigner, et je me relevais d’un coup et toute seule, je n’avais besoin de personne. Maintenant je suis cette fille qui s’effondre au moindre coup et qui attend qu’on vienne la relever. 

Maintenant je suis cette fille, et je ne peux plus me voir en peinture, ça va changer non pas parce que c’est mieux, mais car il le faut, ça devient urgent et vital pour moi d’arrêter de m’accrocher à des futilités : qu’Allah me pardonne mais j’ai même arrêté les recherches concernant mon frère pour avoir plus de temps à partager avec mes « amis ».

Autant tout vous avouer pour que vous sachiez à quel point j’avais changé… J’avais changé mes priorités et je m’étais égarée, maintenant que je me suis retrouvée… que les choses sérieuses commencent !

Les jours passèrent, personne n’était venu voir comment j’allais, et à vrai dire je m’en fichais, je broyais du noir et je voulais qu’on me foute la paix, j’avais recommencé à ne rien manger et tout mais je me suis vite reprise, je pleurais toujours autant et ne pas avoir de nouvelles était surement le pire.

Je conciliais difficilement travail et vie privée platonique, mais je m’en sortais. Je courais tous les jours et j’avais repris mon sale caractère, j’envoyais bouler la première personne qui tentait de m’approcher.

Je ne parlais plus qu’à Sou et Tissem, le reste n’était plus important dans ma vie et de toute façon après le coup de crasse de « F », je ne songeais même plus à accorder d’importance à qui que ce soit.

« La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres »

J’aime bien cette phrase, c’était Mehdi qui me l’avait sortie et je l’ai griffonnée sur mon journal intime, elle voulait tout dire sauf que moi, la confiance, je la donnais en litres et la faisait perdre en gouttes, totalement l’inverse de ce que je faisais avant.

Un matin alors que je revenais de la boulangerie, j’ai ouvert la boîte aux lettres, à ma grande suprise, j’avais un courrier, non daté, non posté car il n’y avait pas de timbres, je me demandais ce que cela pouvait être mais je fus encore plus attirée par des bruits provenant de la cave, j’y suis allée car j’ai pour mauvaise habitude de réagir toujours instinctivement, sans réfléchir…

J’ai poussé la porte et je me suis retrouvée nez à nez avec une jeune fille, elle devait avoir une quinzaine d’année tout au plus, elle était assise sur le sol, les genoux recroquevillés vers sa poitrine, et elle pleurait, elle avait planté ses ongles dans son crâne et le balançait de haut en bas tout en prenant bien le soin de l’exploser contre le mur contre lequel elle était adossée.

Je me suis précipitée vers elle pour qu’elle arrête mais lorsqu’elle a levé sa tête, c’était comme si elle m’avait tué… Je me suis mise à pleurer avec elle, sah j’ai pas assumé de me retrouver devant une jeune fille innocente dans ma cave et recouverte de sang.

Vous me prenez pour une folle surement.

Peut être.

J’ai ouvert mes bras, j’en avais rien à faire que ce soit hygiénique ou pas, et elle s’est faufilée dedans, je l’ai serré fort contre moi et je lui caressais les cheveux : on pleurait à deux.

En effet, je me suis revue en elle, j’ai compris ce qu’elle endurait tous les jours et ce qu’elle avait tellement cherché à fuir au point d’en arriver à préférer se cacher dans une cave que de rester dans une maison.

Et oui, j’ai compris que tout comme moi sa maison n’était qu’un nid douillet en apparence et qu’une fois la porte fermée, le cauchemar commençait, j’ai compris tout ça en voyant son regard, il était brisé, comme le mien, j’avais l’impression de me revoir quelques années plus tôt et je me suis sentie comme obligée de la protéger et de la réconforter car moi j’aurais aimé avoir quelqu’un qui me réconforte, mais je n’avais personne.

Et tout comme elle, si j’avais pu m’enfuir même si cela aurait voulu dire atterrir dans une cave d’un quartier malfamé, je l’aurais surement fait car n’importe quel endroit aurait été mieux que chez moi, n’importe quelle pièce aurait été plus accueillante que ma maison, car ma maison c’était l’enfer, et j’ai vu dans ses yeux à quel point la sienne l’était aussi. 

Je l’ai soulevé doucement tout en la gardant contre moi. Il était temps pour moi de tourner la page sur cette période de ma vie en l’aidant à tourner la page aussi. Il était temps pour moi d’être un modèle pour quelqu’un, tout comme tu l’as été pour moi, il est temps pour moi d’être patiente et d’apprendre à tout pardonner même si c’est dur, il est temps pour moi de guérir les plaies de quelqu’un comme tu as guéri les miennes, il est temps pour moi Mir-sa de te rendre hommage… Et quel plus bel hommage puis-je te rendre que d’aider quelqu’un qui me ressemble avec la même force et envie que toi ? 


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Il était une fois : pff les contes de fées n'existent pas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant