Sah, j’aurais pas pu rêver mieux comme demande car elle m’a laissé sans voix et m’a coupé le souffle, et c’était avant tout ça que je voulais ressentir…
J’ai fermé la porte de la chambre, les étoiles dans les yeux, Tissem s’est levée et est venue me serrer dans ses bras…
Tissem : alors, t’as dit oui ?
Moi : de quoi tu parles ?
Nouria : allé accouche là, tu vas être notre belle sœur ou pas ?
Moi (en souriant timidement) : eh oui…
Khalti : youuuyouyouyouyou benti benti vient dans mes bras, le jour ou je pensais perdre mon fils, je gagne une belle fille en or, mashaAllah, qu’Allah vous garde, vous unisse dans le hlel et vous facilite dans votre futur vie de couple inchaAllah
J’ai remercié tout le monde, sauf Lamia car elle me tournait volontairement le dos, et une fois après avoir pris tout le monde dans mes bras, séché des larmes, sourie à tout va, j’ai tiré Tissem et Nouria par le bras pendant que c’était au tour de Nouredine d’aller voir son frère…
Moi : d’où vous saviez qu’il allait me demander ?
Tissem : Yemma a fait un rêve cette nuit où t’étais venue le voir à l’hôpital après qu’il ai demandé à te voir et elle t’a vu ressortir de la chambre en robe de mariée, elle savait pas trop ce que ça voulait dire, mais moi j’ai compris, alors j’ai pas hésité et je t’ai cherché, je savais qu’il irait jusqu’au bout avec toi aujourd’hui
Moi : waaaa le rêve de ouf !
Nouria : eh ouai, Tissem m’a direct fait un sms, j’étais choquée, j’ai dit à Karim « vient on va voir ton frère » il m’a dit « non on ira demain laisse ma mère et tout ça » j’ai dit « t’es fou ou quoi faut y aller va y avoir un truc trop bien qui va se passer et je veux pas rater ça », mskin il a rien compris mais il est venu quand même mdrrrr
Moi : et qui dit que j’allais dire oui ?
Tissem : ta gueule hafrita, bien sur t’allais dire oui
Nouria : sah tu veux savoir ? quand tu pleurais la dernière fois ici, j’savais que tu pourrais plus passer une seule seconde sans lui, le premier hob, on peut pas aller contre, et ton premier hob, c’est lui, j’l’ai vu dans tes yeux, j’ai dit à Tissem et en soum on a monté ce plan de te ramener ici même si tu voulais pas et voilà !
Moi : mdrr vous êtes des vraies folles
Tissem : n’insulte pas tes futures belles sœurs hagouna va
Moi : et toi n’insulte pas ta future belle sœur hafrita
J’ai fini par sortir de l’hôpital, rejoindre Sou en bas qui fumait une clope pendant que Khalid s’occupait d’Anissa et Ryad (il les avait emmené dans un parc juste à côté).
Je lui ai sauté dessus tout en lui annonçant la nouvelle, elle a lâché des youyou en plein devant l’hôpital, j’étais morte de rire parce que certaines personnes nous regardaient l’air de dire « elles veulent quoi elles ? » et d’autres l’air de dire « ah une qui va se marier… » mais j’étais heureuse, franchement je respirais le bonheur et je m’en remplissais les poumons, sah ça faisait longtemps que j’avais pas été aussi heureuse, une vraie pile électrique !
Cette journée, je ne l’oublierais jamais.
Sou est remontée assez vite car elle avait hâte de discuter avec les filles et surtout de rentrer dans la chambre de Moha pour le féliciter et le chambrer un peu. J’allumais à peine ma clope que je sentis sa présence derrière moi.
Me trouver dans le même mètre carré qu’elle me foutais la chair de poule parce que je savais que ça ne présageait jamais rien de bon et j’étais pas dans l’optique de me prendre la tête par une journée aussi belle, mais visiblement, elle, l’étais.
… : t’en a pas marre ?
Moi : marre de quoi Lamia ?
Lamia : de profiter des gens autours de toi ?
Moi : moi je profite ? mais de quoi tu me parles là ?
Lamia : ouai, tu profite d’abord de ma mère, puis de Sou et Tissem, puis de mon frère, de Nouria, de Mehdi… je peux t’en sortir d’autres !
Moi : j’ai profité de eux moi ? t’es folle ! au contraire j’ai jamais profité de qui que ce soit d’accord, j’ai donné autant voir même plus que ce qu’on m’a donné alors arrête mais quoi qu’il arrive je suis pas là à compter parce que j’le fais avec le cœur !
Lamia : avec le cœur, tiens, parlons de ton cœur ! t’as aucun respect pour toi grosse folle tu prends mon frère tu le jette tu te tape Mehdi tu le jette tu te retape mon frère tu le jette tu retourne avec Mehdi et tu le jette pour te marier avec mon frère !
Moi : QUOI ? D’OU J’ETAIS AVEC MEHDI ?
Lamia : eh ouai tu crois qu’on le sait pas nous au quartier ! tout le monde parle va falloir t’y faire c’est le ghetto ici c’est pas le pavillon de ton ancienne vie où tu te prenais pour une crapuleuse, ici t’es rien, et crois moi tu seras jamais rien et tu peux rien y faire
Moi : je m’en fou d’être rien, je cherche pas à être quelque chose ni quelqu’un aux yeux des autres contrairement à toi, l’important pour moi c’est d’être quelqu’un aux yeux de ton frère et j’ai réussi et contre ça toi tu peux rien faire ! Maintenant parle sur mon dos si t’as envie, et j’te remercie d’avance pour toutes ces hassanet gratuites !
Je lui ai tourné le dos et elle a pas cherché à répliquer à ce que je venais de lui dire, y avait pas moyen que je lui laisse gâcher ma journée ni que je rentre dans son petit jeu malsain.
Je voulais remonter dans la chambre mais j’ai croisé Sou qui redescendait et qui m’a dit que les visites s’arrêtaient pour le laisser se reposer et que demain on pourrait revenir vers 10h00.
Je suis donc retournée chez moi, avec Sou, en voiture et comme d’habitude, petit rituel : boulangerie, croissants et petits pains, café au volant et musique à fond, on chantais à fond, franchement j’avais la pêche et une joie de vivre de ouf.
Si j’avais su …
En arrivant en bas de chez moi, je sors, et comme à mon habitude, les mains chargées par le sac du boulanger, le café, mon portable, les clés et le paquet de cigarette, j’ouvre ma boite aux lettres, j’en sors le courrier et j’en ouvre un qui venait de mon ancien foyer, je commence à lire, RAS jusque là, je monte les escaliers (toujours à fond dans mon courrier, sah me dite pas que c’est impossible parce qu’on le fait toutes mdr) et au moment où j’allais introduire ma clé dans la porte j’ai levé les yeux et j’aperçu… :
« SALOPE »
C’était écrit à la bombe de couleur rouge vif en diagonal sur toute ma porte, j’me suis mise à trembler de colère, j’ai ouvert la porte, j’ai tout jeté dans mon entrée et j’ai attrapé de quoi nettoyer, je frottais ma haine sur ma porte quand j’ai senti que quelqu’un d’autre était derrière moi et avait plongé ses mains dans l’eau, je me suis retournée et j’ai vu Lamia..
Lamia : vas y frotte en haut je frotte en bas
Moi : pourquoi tu m’aides, tu me déteste non tu devrais être contente que tu sois pas la seule !
Lamia : je… hassoul j’te déteste pas, crois pas ça, c’est juste que je te comprends pas, je comprends rien de ta vie pourquoi t’es comme ça et j’suis quelqu’un de très nerveux, je m’emporte vite ça m’soule, et j’ai beau t’avoir insulté et tout, je… ça là (en pointant du doigt ma porte), j’aime pas !
Moi : merci, mais en même temps t’as jamais cherché à me comprendre
Lamia : on est trop différente, t’as débarquée dans ma vie et puis t’as tout chamboulé, va savoir pourquoi je t’en veux parce que je sais pas moi-même, sah j’arrive que à te voir comme celle qui me vole mon frère, j’arrive pas à te voir comme Tissem et Souad, j’avais aussi envie d’être ton amie mais…
Moi : mais t’arrives pas à me comprendre…
Lamia : ouai, j’ai essayé pourtant, je t’ai raconté ma vie et toi t’as rien dit sur la tienne, j’me suis sentie con d’avoir tout dit à quelqu’un que j’connaissais pas du coup je t’en voulais, j’ai vu que tout le monde s’entendait avec toi mais moi j’arrive pas, et je sais que être en colère quand j’arrive pas…
On a rapidement fini de tout nettoyé, la porte était bordeaux alors à force de frotter, le rouge s’est mêlé au bordeaux et on ne voyait plus rien, j’ai ouvert la porte elle allait partir de son côté alors je l’ai rattrapé
Moi : vas y vient chez moi, je.. j’vais essayé de t’expliquer
Lamia : te force pas, je suis au 6ème, si un jour l’envie te vient, sache que moi je suis désolée et j’demande qu’une chose maintenant c’est de te connaître, j’ai fait le premier pas, je te laisse faire le deuxième, j’ai une grande fierté, comme Moha, et j’ai déjà trop tiré dessus en venant…
Moi : je fais le deuxième pas, vas y vient chez moi, on apprendra à se connaître comme ça, même si au départ je te raconterai peut être pas tout !
Je l’ai installée chez moi, servi le thé et mis des msemen sur la table, visiblement elle aussi en raffolait… C’était bizarre, de physique elle ressemblait pas du tout à Moha, mais alors de caractère, c’était les deux mêmes et malgré que j’avais une haine contre elle, je ne voulais pas lui en vouloir encore car bientôt inchaAllah ça deviendrait ma belle sœur et je ne voulais pas qu’elle soit un obstacle à mon bonheur, ni moi un boulet dans sa vie.
Moi : ma mère est partie quand j’étais petite, mon frère avait que 4 ans de plus que moi…
Lamia : te sens pas obligée…
Moi : chut, s’il te plait, ma fierté aussi est grande et là j’fais un truc de fou pour moi mais sah j’ai pas envie qu’on se prenne la tête à chaque fois qu’on se voit ni que ça soit la guerre entre nous parce que j’ai pas envie qu’un jour Moha se sente obliger de faire un choix, car ce choix là, je le laisserai pas faire, et j’ai pas envie d’être malheureuse alors que le problème peut être résolu dès maintenant…
Lamia : tu le laisserai pas faire de choix ?
Moi : ouai, je veux pas qu’un jour il ait à choisir entre toi et moi, je veux pas qu’il ait à choisir entre sa famille et moi, parce que je partirais de suite, j’aime pas poser des ultimatum ni séparer qui que ce soit de sa famille car j’en ai pas eu, et je compte priver personne de la sienne…
Lamia : d’accord.. sah c’est très correct de ta part…
Moi : je disais… elle est partie et là ça a été l’enfer pour nous, notre père qui déjà nous frappait parfois avant, était devenu très violent, il nous tenait responsables de la fuite de notre mère, il frappait, hurlait, cassait tout autour de nous et sans cesse, il pensait qu’on avait peur de lui, au début oui mais plus on grandissait, moins on avait peur
Lamia : starfAllah, qu’Allah le guide !
Moi : hm… on encaissait tous les coups, et mon frère prenait de la masse musculaire, on a subi comme ça la bouche ouverte, en se soignant mutuellement, aidé parfois par une voisine qui préférait fermer les yeux que de nous aider concrètement… et à l’approche de mes 14 ans, mon géniteur a estimé que je devais tenir le rôle de sa femme et faire des choses avec lui… il a failli me violer, je me laissais pas faire alors… il m’a planté…
Lamia : ta cicatrice, elle vient de là…
Moi : eh ouai… mais mon frère est intervenu, après ça, c’était la guerre mondiale à la maison, il me protégeait de ce monstre mais souvent j’étais en sang, puis j’sais pas, je devais avoir 15 ans ou bientôt les avoir, je suis rentrée, mon frère en avait 18, la maison sentait le sang et y avait des inspecteurs de police partout, mon frère est partie en prison, le monstre était mort et moi je devais partir en foyer…
Lamia : il a tué ton père ?
Moi : oui… hassoul, j’le remercierais jamais assez pour ça parce que même si la vie en foyer c’était pas rose du tout, c’était déjà plus rose que la vie avec mon père…
Lamia : et il est ou ton frère ?
Moi : Nadir, je sais pas, comme j’étais en maison d’accueil au début et que j’en ai fait plus d’une vingtaine, on pouvait pas garder contact, ça se passait comme ça, le lundi j’étais chez une famille, et le mercredi dans une autre, au saut du lit on me cherchait et on me jetait chez une autre, j’avais pas d’adresse fixe, depuis j’le cherche et il m’avait promis de me chercher aussi même si il lui fallait 5 ans pour me retrouver, il m’a promis qu’il reviendrait…
Lamia : ça fait combien de temps maintenant que.. que vous vous cherchez ?
Moi : 5 ans, le temps passe trop vite, je sais même pas quelle peine de prison il a eu, mais il en a eu, la femme qui m’a sortie de chez moi m’avait dit une fois qu’il s’était pris 5 ans fermes, maintenant Allahou ahlem.
Elle pleurait, sah ça m’a touché car j’ai toujours cru que c’était une sans cœur à cause de toute la méchanceté gratuite qu’elle avait eu envers moi.
Mais le fait de m’ouvrir à elle autant qu’elle s’était ouverte à moi lors de nos vacances au Maroc l’a totalement fait changer avec moi. Je crois qu’on est toutes pareilles, on se sent manipulées lorsqu’on se confie et qu’on a rien en retour.
Elle s’est levée et m’a prise dans ses bras, en fait, c’était juste car mon fort caractère et le sien était largement incompatibles qu’on se prenait aussi souvent la tête, on se comprenait pas et au lieu de chercher à se comprendre, on se clashait, il nous fallait faire des efforts l’une envers l’autre maintenant.
On a continué la soirée à parler de tout et de rien, elle a même fini par dormir chez moi, et sah c’était une trop bonne soirée, j’me sentais proche d’elle et je pense qu’elle aussi, elle arrivait mieux à me comprendre et ça me faisait un bien fou d’avoir crever l’abcès avec elle.
Il est peut être temps que je vous parle de « ma mère » non ??
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