Le soir même, tout le monde était là pour manger. Même les patrouilleurs. Ils me saluèrent brièvement, ils devaient prendre une douche. Ils étaient sales de leurs tours de garde. Quand ils redescendirent, la table était prête et la nourriture dans les assiettes. Quinn, Anne et moi, avions fait le dîner. On était beaucoup aujourd'hui et Sirèa était assise à coté de moi, son fils sur les genoux. Il mangeait avec appétit mais refusait systématiquement les légumes. Je lui mixai ses légumes et les mélangeai avec de la purée pour qu'il mange quand même. La chaise à côté racla contre le sol quand Gabriel s'assit à mes côtés.
Je le servis, remplissant son assiette jusqu'à rabord. J'avais remarqué que les loup-garou mangeaient beaucoup. Je vis à sa mine, qu'il était préoccupé. Cependant, je préférai ne rien lui demander. Surtout que nous étions entourés par la meute. Sa main était posée sur l'accoudoir de la chaise. Discrètement, je posai ma paume sur la sienne, gardant les yeux fixés sur mon assiette. Je sentis son regard brûlant sur moi. Tout ce qu'il eut droit comme réaction de ma part, fut une rougeur sur mes joues soudain devenues écarlates.
Je ressentis des frissons remonter le long de mon bras, terminer leurs courses dans ma nuque et mon dos. Jamais de telles sensations ne m'avaient envahies dans ma vie. Je sentais mes cheveux s'électrifier par ce toucher.
Quinn comme à son habitude, mangeait sur le plan de travail, les pieds dans le vide. Elle nous écoutait tous parler, hochant et répondant quand on lui posait une question. Je voyais à quel point elle était aimée de cette meute. Elle n'était pas née ici mais sa cousine et sa tante prenaient soin d'elle chacune à leur tour. Ma meilleure amie n'avait plus eu droit à autant d'attention depuis longtemps. Depuis des années, nous voyagions. Pendant un temps, nous avions même oublié un peu la civilisation américaine et étions devenues vraiment très éloignées du monde extérieur et de toutes les personnes que nous croisions.
Quinn aimait dessiner les paysages, depuis toute petite. C'était sa passion, comme la comptabilité, le combat, l'endurance, l'art, la cuisine, tout. Je ne savais pas comment une telle personne pouvait exister. Elle savait tout faire. C'était incroyable. A l'école, elle était première de classe, moi j'étais simplement dans la moyenne. Je ne faisais pas grand chose jusqu'à ce que je décide de prendre mes études en main.
- Comment va ton copain, Quinn ?
Elle parut surprise et elle prit le temps de répondre, les joues un peu rouges. Sa cousine la regardait et attendait sa réponse.
- Oh hum...bien je crois.
- Tu ne lui as pas parlé hier ?
- Si si. Mais on ne se parle pas beaucoup ces derniers temps. Il a un nouveau travail qui prend tout son temps et nous ne nous voyons plus trop alors...voilà.
Elle sourit, presque faussement et mordis dans un morceau de pain. Pendant quelques minutes, on entendit pas une mouche voler. Mais Quinn chercha ses mots.
- En fait, recommença-t-elle en se triturant les mains. Matéo m'a demandé en mariage il y a un mois.
Sa déclaration eut de le don d'arrêter tout le monde dans leur mouvement. Moi qui connaissais toute l'histoire, je n'ai pas eu l'air d'être choquée. Sa cousine se leva d'un bond pour courir dans ses bras.
- C'est merveilleux, Quinn ! Félicitations. Je suis tellement heureuse pour toi.
Elles s'enlacèrent longuement. Mon amie souriait mais pas d'un sourire sincère. C'était tout sauf sincère. En face de moi, Zayn fronçait des sourcils en détaillant Quinn. Son regard la scrutait avec attention. Il n'avait pas l'air enchanté de cette nouvelle.
- Merci, rougit Quinn. Mais je n'ai pas encore accepté. Je lui ai dit que je réfléchissais. Je rentrerai dans deux semaines pour qu'on puisse en parler.
Après cela, l'ambiance fut plus détendue. De tout le repas, ma main ne se détacha pas du corps de l'Alpha. Il eut l'air beaucoup moins tendu quand je le trouvai dans le salon devant la télévision à 23h00. Plus personne n'était là, dormant tous à l'étage ou rentrés chez eux.
- Vous allez bien ? Je lui demandai en le rejoignant.
Il était debout, devant la cheminée. Ses doigts trituraient une photo représentent une femme splendide. Elle ressemblait à l'homme devant moi. Elle devait être sa mère, je le compris tout de suite.
- Mieux. Merci. Et vous ? Vous ne dormez toujours pas ?
Il se tourna vers moi et ses yeux limpides détaillèrent avec attention mon pyjama qui se constituait d'un short et d'un t-shirt court. Heureusement que je n'étais pas somnambule, ni nudiste. Il aurait eu droit à un beau spectacle, sinon.
- J'ai toujours eu tendance à avoir des insomnies, le défaut d'un être humain. Est-ce que vous saviez que le chocolat chaud est un remède pour s'endormir ? C'est ma mère qui me le disait quand j'étais petite. Pas Fanny mais mais mon autre mère. Je faisais toujours des cauchemars et je me réveillais en pleurs à chaque fois. Elle a fini par mettre une petite veilleuse en forme de sirène dans ma chambre, me chantait une chanson douce pendant je buvais ma boisson chaude. Je finissais toujours par m'endormir.
Il fronça des sourcils, puis sourit, comme attendri. Moi-même, j'avais de merveilleux souvenirs. Même si elle n'était pas ma vraie mère.
- Votre mère était quelqu'un de bien.
J'hochai la tête. Elle l'était.
- Il n'y avait pas meilleure qu'elle. C'est dommage qu'elle soit partie si tôt. C'était un pilier de mon existence.
Je me rendis compte que nous étions l'un en face de l'autre, a à peine quelques centimètres de distance. Avec cet homme, je me sentais protégée. Il avait cette carrure qui me rassurait et ce quelque chose dans le regard qui me persuadait que je pouvais avoir confiance en lui.
- Vous n'avez jamais essayé de retrouver vos parents ? Demanda-t-il, plus curieux à présent.
Ses doigts touchaient toujours le cadre du doigt. Pensait-il encore à sa famille ? Moi oui, chaque jour, à chaque seconde en me demandant comment était ma mère biologique.
- Jamais. Je me suis toujours convaincue que je serais déçue. Et qu'on m'avait abandonné parce qu'on ne voulait pas de moi. J'espère quand même les rencontrer un jour, ou juste les apercevoir, ce serait déjà bien. Et si j'en ai la possibilité, je leur parlerai.
Je me rapprochai encore un peu plus de lui. Son parfum typique de sa personne m'envahit et je manque presque de fermer les yeux tellement il sentait bon.
- Vous aussi vous n'avez plus de parents. Je reconnais les personnes orphelines. Ça vous dirait qu'on regarde un film jusque très tard ? J'amène les chips et le chocolat chaud. Installez-vous.
J'ignorai son expression surprise et file dans la cuisine, préparer tout ce qu'il nous faut. Quand je revins, il est assis dans le fauteuil, les pieds sur la table basse. J'apportai un saladier de popcorn que j'ai trouvé dans l'armoire et le posai entre nous deux.
- Star wars, ça vous va ? Je ne l'ai jamais vu, dis-je. Mais j'ai entendu beaucoup de bien dessus.
♦
Le lendemain, des chuchotements me réveillèrent.
- Tu crois qu'on devrait les réveiller ? Demanda une voix pas si inconnue. Ils ont l'air de dormir paisiblement. C'est la première fois que Gabriel semble si détendu. Cette fille lui fait du bien.
L'autre personne fit chut et je clignai des yeux, un instant ébloui par la lumière du jour. Ou est-ce que j'étais ? Tout me revint d'un coup en sentant un corps chaud sous le mien. Mon dieu. J'étais sur un corps d'homme. Gabriel.
Cette vérité me sauta au visage comme un boomerang. On s'était endormis ?
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Les liens d'amour - Aime moi
WerewolfTOME 1 Haley Clarke est une humaine d'une vingtaine d'année, qui voyage sans cesse. Elle est une mannequin de renommée mondiale, travaillant avec des loups-garous. Quand elle se rend sur le territoire de Gabriel Shadow, tout son univers en est boule...