Episode 14

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- C'est mon père, il prend des nouvelles. Balbutia-il en se levant.

Lui mentir en soutenant son regard le mettait mal à l'aise. Mais il s'était juré de ne rien lui dire. De toute manière, il s'imaginait mal comment lui avouer que cette fille le draguait lourdement. Elle aurait pris peur, aurait commencé à douter au moindre message, au moindre sourire. Non, il allait régler cette situation seul. Et le plus tôt serait le mieux.

Tandis qu'il terminait la préparation du repas, il sentit le regard de Clémentine posé sur lui. Quelque chose la préoccupait. Et pourquoi ces mots sur la franchise ? « Arrête de te prendre la tête Max, comment pourrait-elle savoir ? Et puis mince, t'as rien fait de mal ! » pensa-t-il.

Elle se déplaça jusqu'à lui et glissa son téléphone dans la poche arrière de son jean.

- Ne reste pas trop loin de ton téléphone, on ne sait jamais...

Le coeur de Maxime s'accéléra. « C'est sûr maintenant, elle ne m'a pas cru pour les messages. Est-ce que je mens si mal ? » .

- Merci. Dit-il avec un sourire crispé.

Le téléphone vibra.

« Elle va me lâcher cette relou ? »

- Tu ne regardes pas ? C'est peut-être important.

- Non non, t'inquiète.

Alors qu'ils passaient à table, Clémentine insista.

- On pourrait peut-être appeler ton père pour lui donner des nouvelles de vive voix.

« Au secours »

Maxime garda le nez sur son assiette.

- Je l'appellerai demain.

Elle ne répliqua pas. Le repas se déroula en silence, chacun perdu dans ses pensées. Maxime venait de se lever quand son téléphone vibra pour la dixième fois de la soirée.

Amanda : « Un verre ce soir ? En tout bien tout honneur bien sûr.... »

Il accepta et lui donna rendez-vous dans un café du centre-ville. Pourvu qu'elle lâche l'affaire rapidement.

Il prétexta une course à faire, attrapa sa veste et sortit avant que Clémentine n'ait le temps de réagir.

Clémentine n'était pas dupe, il partait la rejoindre. L'étau qui comprimait sa cage thoracique depuis la veille se serra encore davantage. Elle était terrifiée. Mais elle devait savoir.
Elle inspira profondément à la recherche d'un peu d'oxygène et quitta l'appartement à son tour.

A peine sortie, elle aperçut Maxime qui se dirigeait vers la rue piétonne. Evidemment, pensa- t-elle, c'est là que se trouve les bars. Tant qu'elle n'aurait rien vu de ses propres yeux, elle lui laisserait le bénéfice du doute. Enfin... pas son Maxime, pas lui. Il y avait forcément une explication.

Pour ne rien arranger, le fauteuil branlait sur les pavés et Clémentine avançait difficilement. En ce jeudi soir, la rue était déserte, les coups d'oeil qu'elle lançait par la fenêtre des établissements publics n'attirèrent heureusement aucun regard médusé.

Elle se trouva soudain ridicule, plantée là dans cette rue, à filer Maxime telle une jalouse maladive. A quoi bon ? Non, elle allait lui poser directement la question et il lui donnerait sans aucun doute une explication à tout ça. Elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'elle aperçut une petite rouquine, affublée d'un manteau caca d'oie (qui lui allait parfaitement bien soit dit en passant) et d'un noeud dans les cheveux, entrer dans un café.

Clemax à BerckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant