Quelques jours à la Factory

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Le Yellow Cab déposa Scott et Alex devant le Drug Store qui fermait ses portes, au pied de la Factory. Un petit homme moustachu aux cheveux très noirs, finissait de ren- trer les étalages qui se trouvaient sur le trottoir.

- Bonsoir Monsieur Nolan ! cria-t-il avec un sourire franc.

- Bonsoir Pedro, répondit Scott d'une voix à peine perceptible, au petit épicier Portoricain.

- Ca fait plaisir de vous revoir. Tout le monde parle de vous dans le quartier et dans le journal aussi.

Scott s'en débarrassa d'un sourire forcé et d'un geste amical de la main.

La porte de l'atelier était encore ouverte. A l'intérieur, ça sentait toujours l'essence de térébenthine, la clope et la pizza froide. Alex, chercha à nouveau un endroit propre pour poser son sac.

- Scott, tu devrais te reposer un peu. Moi, je vais es- sayer de ranger tout ça.

- J'ai faim, dit Scott en s'allumant une cigarette sur le lit.

En réalité, ça n'était pas vraiment un lit, mais plutôt un coin de l'atelier qui avait été aménagé, un peu par hasard, en chambre improvisée. En tous cas, c'est là que tout le

monde dormait quand la fatigue prenait l'ascendant sur la fête. Allongé sous la verrière, on pouvait s'endormir en re- gardant les étoiles.

Il y avait simplement deux grands matelas posés à- même le sol, entourés d'innombrables coussins de toutes les tailles. Certains étaient tellement grands qu'ils servaient de fauteuils et d'autres, de repose-pieds. A côté, trois tables basses de récupération avec des cendriers gavés de mégots froids.

De l'autre côté de l'atelier, Alex se tenait debout, im- mobile, son NIKON D800 à la main. Elle ne pouvait s'em- pêcher de photographier tout ce qu'elle aimait, tout ce qu'elle détestait, ou du moins, tout ce qui lui faisait ressen- tir quelque chose de particulier. Alors, elle prit quelques clichés de la toile de Scott, restée au sol.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Scott.

- Ils ont tout bousillé, répondit-elle attristée.

Lorsqu'ils avaient emmené Scott, sans même s'en ren- dre compte, les secours avaient piétiné le tableau imprégné de sang frais. Sur la toile, qui n'était en fait, qu'une bâche de protection d'un vieux bateau, récupérée dans la baie del'Udson River, les pompiers avaient imprimé l'empreinte de leurs rangers et la trace des roues du brancard, dans le sang coagulé.

- Ils ont tout gâché, répéta-t-elle.

- Non, au contraire, dit Scott. C'était une toile sans intérêt et ils en ont fait une oeuvre vivante. Maintenant, elle a une histoire.

Scott se leva pour ramasser la toile et l'accrocher à une poutre prévue pour ça et Alex prit encore quelques clichés.

- Tu veux dormir ici ? demanda Scott.

- Je vais rester quelques jours si tu veux bien... juste le temps que tu te remettes un peu.

***

Quand Scott franchit le seuil de la porte de la terrasse, Alex était déjà dehors. Bien qu'elle ne se soit réveillée que peu de temps avant midi, elle était plus matinale que lui. Assis à la petite table de verre, un mug de café d'un côté, sa clope de l'autre, t-shirt et culotte, Alex lisait les newssur l'iPad de Scott.

- T'as bien dormi ? demanda-t-il.

- Fais gaffe, y'a encore du verre par terre.

- Je suis claqué, dit Scott en s'allongeant sur le

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant