Starbucks

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Sandy alluma enfin une cigarette, puis recracha une longue bouffée de fumée en regardant le ciel.

- Putain qu'est-ce que ça fait du bien, dit-elle en passant le briquet à Alison.

- Moins que de se faire bouffer la chatte, mais t'as quand même raison.

- Déconnez pas avec ça, les filles ! Ca fait un bail que c'est la dèche, repris Alex en tirant une taffe à son tour.

A l'heure de la pause, le petit toit-terrasse du Starbucks de Brooklyn, était bien souvent le théâtre des confidences, pour les trois collègues.

- Moi, ce que j'adore, renchérit Sandy, c'est que mon mec me mette un doigt dans le cul quand il me broute le minou.

- Moi, du moment qu'il me fait jouir, il peut bien faire ce qu'il veut, dit Alison en éclatant de rire. D'ailleurs, depuis quelques temps, un seul ça me suffit plus.

- Ouais, dit Sandy en soupirant, deux doigts c'est mieux.

- T'es naze ! Pas deux doigts, deux mecs ! Quand tu y as goûté, tu peux plus t'en passer, relança Alison en fermant les yeux.

- Merde ! T'es conne... tu me fais mouiller ! dit Sandy en resserrant ses genoux.

- Les filles vous êtes pas réglo. Vous avez pas le droit de parler comme ça devant une fille célibataire depuis plus de trois semaines, dit Alex.

Les trois copines éclatèrent de rire.

- Ca fait trois semaines ? s'exclama Alison.

- Trois semaines ? répéta Sandy.

- En fait... putain... ça fait plus de trois mois, dit Alex en se tenant le front.

- Toutes mes condoléances, lança Sandy.

- Que ta chatte repose en paix, repris Alison en mimant le recueillement.

Après un court instant, Alison et Sandy se regardèrent d'un air incrédule.

- Tu te fiches de nous, dirent-elles d'une seule voix.

- Tu vas tout de même pas me dire qu'avec Diego, il ne se passe rien, dit Sandy croyant trouver la faille.

- Non. Tu sais comment il est, Diego. Il a pas le temps pour ça. On est des amis... c'est tout. Lui, son truc c'est la musique. Il passe tout son temps sur sa guitare... tu sais, la Juilliard School, c'est pas facile. S'il ne bosse pas tout le temps à fond, il n'aura jamais son diplôme, alors... et puis ses parents seraient tellement tristes.

- Merde, c'est dingue. C'est une vie de moine ! Moi, je pourrais pas, dit Alison en écrasant sa cigarette énergiquement.

- Et Scott ? Reprit Sandy.

- Scott, c'est autre chose. On est amis, dit Alex.

- Euh... non, c'est pareil, dit Sandy.

- Tu sais pas ? reprit Alison en répondant à Sandy.

Scott est gay.

- Scott est Gay ? Ben ma fille... T'as vraiment pas de bol, toi.

Le temps de pause autorisé était certainement écoulé depuis plusieurs minutes, mais ce genre de conversation, était de nature à faire perdre la notion de temps, ou à modifier un peu, l'ordre des priorités.

Soudain, la porte de fer noir qui donnait sur le toit, grinça. Un vieil homme d'une cinquantaine d'années passa la tête à l'extérieur. C'était le genre de type qui donne l'impression de toujours faire quelque chose de plus important que vous. Un gars sérieux, ancien bon élève et nouveau bon gestionnaire. Il gérait depuis deux ans, le petit Starbucks de Brooklyn et déjà, il envisageait d'ouvrir une nouvelle enseigne plus proche de Manhattan. Avec ses cheveux poivre et sel, on lui donnait facilement dix années de plus que son âge, mais plus encore, c'est sa manière de se déplacer toujours la tête baissée, calculant ce qu'il ferait l'instant d'après, qui lui donnait cet air sérieux des hommes qui ne rient plus, mais qui gagnent de l'argent.

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant