Séparation

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Leurs deux portables se mirent à sonner quasiment au même moment, brisant la sérénité de l'instant. Alex et Scott se regardèrent interrogés, puis décrochèrent.

- Oui ? dit Scott.

- Allo ? dit Alex de son côté.

- Vittorio ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ou t'as eu mon numéro ? Pour que t'appelles... il a dû arriver un truc de grave !

- Diego ! Qu'est-ce que t'as ? Merde... ça va pas ?

Sans même s'en rendre compte, ils se mirent tous les deux à arpenter le loft et à se parler sans émettre de son. Tout en répondant à leurs interlocuteurs respectifs, ils menaient une double conversation, juste en bougeant leurs lèvres et en mimant des gestes d'étonnement avec leurs bras, appuyant chaque expression avec de grands mouvements de sourcils.

- C'est Diego, mima Alex en posant sa main sur le micro de son téléphone.

- Vittorio, le patron du Golden, mima Scott en ajoutant une moue d'étonnement, la bouche vers le bas, et les yeux ronds.

- Diego... qu'est-ce qu'il se passe ? Tu chiales ou quoi ?

- Tu dis que les Russes s'impatientent ? Mais, Vittorio... moi, j'ai jamais dit que j'allais vendre Dirty Blood.

- Comment ça, Jodie t'as quitté ?

- Non... j'ai pas dis non plus que je voulais pas vendre !

- Non, non, non... t'as pas envie de mourir !

- C'est quand même pas ma faute, si tu t'es engagé à ma place, merde !

En croisant Alex, Scott profita pour lever une main au ciel pour lui dire l'aberration de cette conversation avec Vittorio. Alex, elle, posa une main sur son front et ferma les yeux, pour dire combien c'était la merde.

- Ecoute, Diego... j'enfile un truc et j'arrive ! Tu me raconteras tout ça à la maison.

- Je vais y réfléchir Vittorio. Je vais y réfléchir. Dis-leur que je vais y réfléchir.

Alex et Scott raccrochèrent, chacun avec leur problème en tête et avec celui de l'autre, aussi.

- J'y vais, dit Alex.

- Ouais, répondit Scott, pensif.

* * *

Alex attacha son vélo en bas de l'immeuble et sonna à la porte. Comme personne ne répondait, elle sonna une nouvelle fois, puis une autre fois encore.

- Diego ! Ouvre, putain... je sais que t'es là !

- Ouais... ouais... ouais... cria une voix au loin derrière la porte qui s'ouvrit enfin.

Un type assez mou, mal rasé et complètement hirsute apparu sur le pas de la porte, armé d'un pot de beurre de cacahuètes à la main et d'une cuillère.

- Ca va... faut pas stresser... j'étais aux chiots !

- Qui t'es, toi ? demanda Alex.

- Stanley ! Le coloc de Diego. Stan, pour les intimes ! ajouta-t-il fièrement.

- Il est où ?

- Là... allongé sur le canapé avec un coussin sur la gueule, depuis des heures.

Alex traversa la pièce et ouvrit les rideaux.

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant